Camerounaise d’origine vivant en France, Docteure en sciences de l’éducation, Assistante sociale, sort son 2ᵉ essai socioanthropologie en moins d’un an, qui scrute, sous le prisme de ce peuple de l’ouest du Cameroun, la capacité africaine à rebondir.

Les deux ouvrages résultent d’une thèse de doctorat que Manuella Ngnafeu a soutenue le 15 décembre 2021, à l’Université de Haute-Alsace(UHA). Le premier titre, « L’éducation communautaire en pays Bamiléké » (lire par ailleurs), est paru en février 2023, chez l’Harmattan, peu avant « La résilience communautaire, une perspective africaine. L’exemple des Bamiléké du Cameroun », chez le même éditeur, en août 2024. Cette dernière production est une invite à explorer l’authenticité d’un peuple, ses us et coutumes et une certaine spiritualité. La quatrième de couverture en résume le contenu. 

« Conserver le patrimoine culturel immatériel »

« L’exploration de l’écosystème bamiléké nous a amené à lire le concept de résilience à partir d’une réalité africaine. Le contexte d’insécurité et d’incertitude permanent qui caractérise cette société l’a contraint à construire une organisation sociale permettant de faire face aux défis qui menacent sa survie », indique l’auteure, au début du résumé du livre. Manuella Ngnafeu, puisqu’il s’agit d’elle, explique : « Malgré différentes épreuves traumatisantes (traite négrière, esclavage, colonisation, guerre d’indépendance), la communauté bamiléké a su de tout temps s’auto-organiser en développant des dynamiques de solidarité et d’entraide communautaire, en bâtissant une culture de préparation aux catastrophes, un ensemble de ressources qui promet de s’adapter à tout type de contexte. Envisager la résilience dans ce contexte anthropologiquement différent a permis d’opérer une rupture épistémologique avec la vision occidentale du concept, permettant ainsi d’explorer de nouvelles voies. La richesse de leurs savoirs ancestraux et endogènes a permis de formaliser l’architecture stratégique de résilience communautaire qui constitue l’essence et la condition sine qua none de leur survie ». Et de conclure : « Véritable défi pour toute société, la conservation de ce patrimoine culturel immatériel relève d’un enjeu primordial pour assurer sa transmission et éviter sa disparition. Cet écosystème nous enseigne et met en lumière un modèle social inspirant, apprenant et transférable ».

Préface du Pr. Charles Binam Bokoi

L’ouvrage de 153 pages, comprend quatre grandes parties, depuis « La société bamiléké » jusqu’à « La résilience communautaire : une approche conceptuelle plurielle » en passanty par « La cosmogonie bamiléké » et « La formalisation de l’architecture stratégique de la résilience communautaire en pays bamiléké ». La préface du Pr. Charles Binam Bikoi, directeur de recherche, spécialiste des civilisations anciennes et la tradition orale, enseignant dans plusieurs universités africaines, est un plus. « L’on ne semble pas assez le réaliser, la résilience est la clé du devenir des peuples. Concept des théories des systèmes qui traduit leur capacité d’anticiper, de s’adapter et de se réorganiser, voire se renforcer en passant par des chocs, des traumatismes ou des conditions d’adversité pouvant aller jusqu’à poser des risques existentiels à l’entité ou la structure visée, la résilience s’applique aussi bien aux systèmes socioculturels », écrit-il, poursuivant : « Et puisqu’il est question de communautés, de la problématique du communautaire, de quelque chose qui est souvent à la fois communément désiré et redouté, il peut être utile de rappeler que les Etats, les empires, les puissances sont toujours déjà des systèmes socioculturels. C’est bien par cette systématicité que s’explique l’histoire tour à tour douloureuse et triomphante, à répétition, des grands peuples et des civilisations qui se distinguent jusqu’à notre époque… ». Le Pr. Binam Bikoi termine son propos en saluant le travail de Mme Ngnafeu. « […] Puisse son ouvrage inspirer en nombre d’autres études, exemplifications, illustrations, défenses des savoirs endogènes permettant aux communautés, aux personnes et clans en leur sein, et aux sociétés politiques plus larges, de puiser dans les sources de l’ingénierie sociale africaine de la résilience, pour faire face aux défis du présent et de l’avenir ! ». Un ouvrage à lire absolument.

Par Jean-Célestin Edjangué à Paris

*Manuella Ngnafeu, La résilience communautaire, une perspective africaine. L’exemple des Bamiléké du Cameroun, l’Harmattan, 2024, 153 pages, 17 euros

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