Les réalisations camerounaises, de Vicky Patterson et Gaby Ngounou, puis de Claye Edou, ont obtenu le Dikalo de la mention spéciale du jury long métrage fiction ainsi que le Dikalo de la Paix Nord Sud développement, d’une part, puis le Dikalo de l’innovation, d’autre part. La cérémonie de clôture de la 21ème édition de l’évènement avait lieu le 27 octobre 2024, à Cannes, sur la Croisette.

«J’espère que je vais pouvoir rentrer tranquillement dans mon pays. Et qu’enfin la paix sera rentrée dans le cœur de nos dirigeants et nos policiers, qu’ils ne vont rien me faire, parce qu’on a osé parler des choses qui ne font pas honneur au peuple, à la population. Ce certificat accompagnant le trophée, je vais le tenir à la main, à l’aéroport, pour éviter d’être dérangé. Merci encore. » Gaby Ruben Ngounou, jeune réalisateur camerounais, vivant au Cameroun, auteur de « Sans jugement », un long métrage fiction, qui met en exergue les dysfonctionnements de l’appareil étatique, particulièrement les services de police, gendarmerie et de justice, au Cameroun, en est encore tout retourné. Avec sa compatriote et collègue, Vicky Patterson, qui vit au Canada ont remporté la mentions spéciale du jury long métrage fiction, partageant cette distinction avec « Les divorcées de Casablanca », du cinéaste marocain Mohammed Ahed Bensouda.
« Dikalo de la Paix Nord Sud développement »
Le film « Sans jugement » a par obtenu l’une des récompenses les plus prisées du Festival international du film panafricain (FIFP) de Cannes, dont la 21 ème édition s’est tenue du 23 au 27 octobre 2024, sur la croisette : le Dikalo de la Paix Nord Sud Développement, décerné par l’association Nord-Sud Développement, promotrice d’un idéal de paix entre les peuples et entre les nations, pour le bonheur de l’humanité.
L’émotion du duo de réalisateur camerounais était palpable, particulièrement au moment de la prise de parole de Vicky Patterson. « «Je ne m’attendais pas du tout à être sur scène. J’ai vu de très beaux films. De là à recevoir le prix, vous imaginez toute l’émotion. Nous nous engageons à continuer à créer du contenu qui dérange, qui essaie de changer les choses, pour la paix dans notre pays. »; « la première surprise a été lorsqu’il m’a envoyé le premier draft, je n’avais pas un sous. J’ai fait une autre grande bêtise. C’est que quand j’ai parlé du projet du film à mon père, il m’a dit tu as de l’argent pour le financer. Je lui ai répondu que je n’en avais pas. Il a continué en disant mais tu as une maison. J’ai dit oui, j’en ai une. Je vous laisse deviner la suite. Aujourd’hui, je suis criblé de dettes. Qu’est-ce qui me fait courir autant de risques, la passion. J’aimerais voir le Cameroun changer, le voir devenir comme la France en matière de développement, comme le Canada où je vis…Je sais que Vicky est très apeuré, j’espère que rien ne lui arrivera. Ensemble, nous allons continuer à produire du bon contenu, du contenu qui dérange. Ne nous lâcher pas des yeux, suivez-nous ! »
Pour un coup d’essai, Gaby Ruben et Vicky ont réalisé un véritable coup de maître, en indexant les errements des fonctionnaires de la sécurité publique et du maintien de l’ordre, mais également l’arbitraire de la justice, au pays du Pr Douala Moutomè.
Prix de l’innovation à Claye Edou pour « Le Mystère de Waza »
« Merci au jury pour cette considération pour le cinéma d’animation. Merci aux artistes et aux techniciens qui ont permis à cette œuvre de prendre forme. Merci au coordonnateur Canal plus international et au producteur associé. Merci au festival international du film panafricain d’avoir sélectionné ce film ». Voilà ce que Claye Edou a envoyé comme message à Gaby Ngounou, pour le lire si jamais il recevait un prix. Une distinction justifiée. Nous avions consacré un article dans nos précédentes colonnes, à cette production cinématographique origine, qui même film d’animation, enquête, préservation de l’environnement, la recherche scientifique, le plaidoyer pour la préservation du patrimoine historique et culturel à travers le devoir de mémoire concernant le peuple Sao, ingénieux, travailleurs, disparu aujourd’hui, en laissant enfoui dans l’aire du Parc de Waza, un trésor inestimables.
Un film qui, de surcroît, fait la promotion du triangle national, en matière d’éco-tourisme, de lutte contre le braconnage ou encore la mise en avant des jeunes générations dont l’ingéniosité, la persévérance, la pugnacité et même l’avant-gardisme, dans certains domaines, sont impressionnants.
Dommage que la production cinématographique, au Cameroun, soit si peu voir pas du tout accompagnée. Alors que les talents et compétences ne manquent guère. En témoignent les trois récompenses glanées par les des réalisateurs Camerounais, Cannes, au Festival international du film panafricain (FIFP), dans le cadre de la 21 è édition de cette belle fête du 7ème art du berceau de l’humanité.
Sept des lauréats verront leurs réalisations projetées, en décembre 2024, à Rare Gallery, 17 rue François Miron, Paris 4è arrondissement. Une partie des recettes de cette opération ira aux réalisateurs.

Par Jean-Célestin Edjangué à Cannes

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