L’évènement, initié par Hervé Moukoko (lire par ailleurs), camerounais d’origine, veut impulser un 7ème art du berceau de l’humanité compétitif à l’échelle internationale par la formation et la valorisation des compétences.
«Les gens produisent des films, ils ne savent même pas comment faire pour distribuer les films. Ils ne font pas de projection de presse. Ils ne font pas de promotion, ils ne font pas de marketing. Ils mettent tout sur la toile et espèrent cartonner au box-office ». C’est un extrait de l’entretien accordé au média digital Femmes au pluriel, et posté sur Instagram, qui interpelle par sa pertinence, sa lucidité et son parler vrai.
« Un cinéma en mal d’ambition »
Un propos qui est en phase avec la situation d’un cinéma africain qui manque cruellement de perspectives en terme d’entreprise culturelle, structurée, avec des objectifs clairs, précis, mesurables. Celui qu’on appelle affectueusement HTB dans le milieu des réalisateurs audiovisuels et cinématographiques, est comme ça. Il ne sait pas faire semblant ni passer la brosse reluire pour avoir les bonnes grâces des puissants. Hervé Moukoko, de son vrai nom, poursuit son analyse de l’industrie du 7ème art africain. «Quand quelqu’un me dit qu’il a fait son film, il a fait 1000 entrées dans une salle de cinéma et il est content. Tu ne peux pas être content d’avoir fait 1000 entrées. Pendant qu’ailleurs, on fait 1 million d’entrées en une semaine. La plus grosse confédération au monde c’est 54 pays africains. Au Cameroun, on est 22 millions d’habitants. Et un réalisateur ne peut pas faire 100 000 entrées la semaine. Pourquoi ? On ne peut pas faire de tourner nationale chez nous». Et de conclure son propos par un constat aussi déplorable qu’affligeant. «Quand les films sortent au bout d’un mois sans télévision. C’est une grosse perte». Pour tenter de redonner à l’industrie cinématographique africaine ses lettres de noblesse, Hervé Moukoko, réalisateur, promoteur de la maison de production Undercover Brothers Entertainment, a lancé la Festival du cinéma africain.
Construire une industrie cinématographique compétitive
L’évènement dont la 5è édition aura lieu en début d’année 2025, en été, a déjà été accueilli par Yaoundé, capitale du Cameroun, Niamey, capitale du Niger et Brazzaville, capitale du Congo. Des villes et pays où le public a manifesté sa soif de voir des films qui racontent les histoires du terroir africain. Il s’agit pour les organisateurs, à travers cette manifestation culturelle, d’impulser véritablement le cinéma africain, par la formation et la révélation des compétences africaines nécessaires à l’édification d’une industrie compétitive au niveau international. Mais derrière cette ambition majeure, il est bien évidemment aussi question de permettre aux festivaliers de découvrir ou d’apprécier les richesses touristiques, gastronomiques et culturelles des villes et pays d’accueil.
En janvier 2025, le pays et la ville, mais aussi les dates et L’ÉGÉRIE de cette 5ème édition de la Semaine du cinéma africain seront dévoilés. Un moment très attendu, qui marquera véritablement le compte à rebours de ce nouvel acte de la Semaine du cinéma africain.
Bravo en tous cas aux organisateurs de cet événement qui prouvent que les réalisateurs et le cinéma africain ont de belles histoires à conter au berceau de l’humanité et donc forcément au reste du monde.
Par Jean-Célestin Edjangué