Réalisatrice, présidente de l’association Tell and Be Africa, initiatrice du Ciné Club Nkah, dont la 21ᵉ session est prévue les 9 et 10 mai 2025, à Yaoundé, elle revient sur la Genèse de cet évènement et en évoque les objectifs.
La 21ᵉ session du Ciné Club Nkah aura lieu les 9 et 10 mai 2025 à l’institut français, à Yaoundé. Comment est né le projet du Ciné Club Nkah et quels en sont les objectifs ?
Merci au quotidien Le Messager de nous accompagner dans cet engagement qui est le nôtre. Sur cette question, je me répèterais sûrement. Dans la pratique de ce passionnant métier de productrice réalisatrice de films, j’ai appris à connaitre les peuples africains à travers nos films que je ne voyais que dans des festivals. M’étant aussi rendu compte de la méconnaissance du patrimoine cinématographique africain par la plupart des jeunes cinéastes africains (d’où le manque de références dans les narrations), ayant compris que nous avons besoin d’affirmer notre estime de soi par une meilleure connaissance de qui nous sommes, j’ai donc créé l’Association Tell And be Africa (Afrique raconte-toi pour exister), pour la promotion de notre culture à travers tous les arts. Pour mieux se raconter, il faut se connaître. Le cinéma étant la mise en scène de nos vies et regroupant tous les arts, j’ai créé le Cinéclub « N’Kah » (lumière), comme première activité de l’Association Tell And Be Africa. Il consiste en la projection de films africains en présence des réalisateurs, des professionnels du cinéma et autres cinéphiles, afin de permettre des échanges sociologiques, ethnologiques et artistiques autour du film projeté, mais aussi l’apprentissage de l’art cinématographique en plus large. L’idée est de ramener le public en salles afin de vivre, de la meilleure des manières, ces œuvres qui parlent de nous. C’est aussi l’occasion de capter des interventions de ces grands hommes et femmes de culture dans des rencontres avec le public africain, pour la préservation de notre patrimoine culturelle. C’est une manière de leur rendre hommage pour leur beau parcours professionnel.
Pour cette session, vous avez comme invité spécial, l’immense Jean-Pierre Békolo. Pourquoi ce choix ?
Comme vous le dites si bien l’immense Jean-Pierre Bekolo! Oui, la maxime selon laquelle « Nul n’est prophète chez soi » ne tient pas dans notre association. Nous
valorisons aussi bien les cinéastes étrangers que les nationaux, surtout ceux qui ont une dimension qui dépasse les frontières de notre pays ; et c’est le cas de Jean-Pierre Bekolo qui est célébré aux quatre coins du monde, quoi de plus normal que nous fassions mieux. En fait, Jean-Pierre Bekolo a déjà été invité au Ciné-club N’kah avec son film « les saignantes » il y’a quatre ans. Mais il a tellement à partager qu’avec la nouvelle formule du Ciné-club N’kah qui a deux articulations en plus avec l’invité, à savoir la Masterclass et la séance avec les jeunes, c’est important que le Ciné-club N’kah mette aussi en lumière son actualité artistique : l’afrofuturisme au cinéma.
Au programme de cette rencontre autour du 7ᵉ art africain, il y a la matinée des jeunes. Quelle place occupe l’éducation et la transmission au Ciné Club Nkah?
Vous savez, on a l’art de dire que nos produits culturels ne sont pas consommés par les nôtres. Je pense qu’il faut connaître un art pour l’apprécier. Au Ciné-club N’kah, nous permettons à la jeunesse et à d’autres de se connaître à travers nos histoires exploitées dans ces films des nôtres qui ont parlé de notre culture à travers le monde. Nous transmettons à travers les échanges avec les auteurs, créateurs culturels une connaissance de qui nous sommes, mais aussi de l’art cinématographique. Depuis cinq ans que le Ciné-club N’kah fait des séances jeunes, nous avons pu révéler beaucoup de passionnés. Ces jeunes dans quelques années seront mieux préparés à consommer ce qui leur est présenté. Culturellement parlant. Ils sauront se connaître, s’estimer suffisamment pour mieux se raconter au monde. Tell And Be Africa, Afrique, raconte-toi pour exister !
Merci Jean-Célestin Edjangué pour votre intérêt.
Recueilli par J.-C. Edjangué