Ancien responsable du Social democratic front (SDF), en France, il vit et travaille aujourd’hui à Mayotte. De passage dans l’hexagone pour les vacances, il a bien voulu poser son regard sur l’actualité politique dans le contexte de la présidentielle d’octobre prochain. Sans concession.
Vous êtes Camerounais de la diaspora, ancien responsable du SDF en France. Comment appréciez-vous la situation politique du Cameroun à moins de 4 mois de la présidentielle d’octobre 2025 ?
Les Camerounais constatent qu’en 2018 et bien avant, M. Biya ne leur a jamais dit la vérité. Son bilan est décevant. Il n’y a toujours pas d’eau potable pour tous les Camerounais, pas d’électricité non plus… Elecam et ses différentes structures ne sont toujours pas capables de publier la liste électorale nationale comme l’exige la loi. Ce comportement des responsables d’Elecam est une grave menace pour la paix. Le choix de la non-délivrance de cartes nationales d’identité depuis de nombreuses années en est une autre. Malgré tous ces travers, un homme politique s’illustre, rassure et permet de fonder l’espoir sur son engagement. Nous avons tous noté la récente et impressionnante mobilisation à Paris autour du Professeur Maurice Kamto. Cela tient du fait qu’il accorde, dans son projet politique, une place importante et clairement définie aux Camerounais de l’étranger. Le membre de la diaspora que je suis se retrouve sur ses idées, sur son projet.
Plusieurs ministres du gouvernement camerounais ont démissionné de leurs fonctions, en l’occurrence, Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary. Quelle lecture faites-vous de ces abandons ?
Vous me citez les dirigeants de l’Undp, du Fsnc et certains de leurs camarades. Ils ont signé des alliances ou des programmes de gouvernement avec le Rdpc et devraient assumer leur part de responsabilité dans la situation actuelle de notre pays. Ils y sont depuis tellement longtemps (Bello Bouba) et parfois avec beaucoup de zèle (Issa Tchiroma) qu’on aura du mal à les prendre pour des hommes neufs. Toutefois, saluons leur courage. Ils expriment clairement leur volonté de ne plus continuer avec la machine du sous-développement que sont le Rdpc et M. Biya, leur chef. Je ne néglige pas leur implantation politique, mais toutes voix du « Grand-Nord » ne leur appartiennent pas. Si les populations sont éclairées, elles comprendront que ces personnalités ont été essentiellement égoïstes.
Ces deux ministres démissionnaires sont dans une autre dynamique, dans l’optique de la présidentielle d’octobre 2025, mais en rang dispersé. L’opposition camerounaise peut-elle réussir l’alternance politique sans s’unir ?
De nombreux observateurs évoquent très souvent et à tort « l’opposition camerounaise » comme si elle était unique, sans oublier « le rang dispersé ». Il y a 350 partis politiques déclarés au Cameroun. Peut-on raisonnablement imaginer un « rang unique » ? L’élection présidentielle est à un tour, certes. On peut imaginer que le premier tour a eu lieu en 2018, car depuis cette date l’ordre d’arrivée n’a pas changé. Maurice Kamto a consolidé sa position. Cabral Libii est resté un acteur majeur. Les autres ont disparu de la scène. La venue de Bello Bouba et de Issa Tchiroma ne changent véritablement pas la donne.
Les Camerounais ont montré plusieurs fois qu’ils ne dispersaient pas leurs voix. Les démarches d’alliances vont se poursuivre et les ralliements vont se produire. Tendre la main et continuer le chemin. Et non perdre du temps à discuter pour des engagements qui souvent ne sont pas tenus. Les Camerounais ont la chance de disposer pour cette élection de 2025 d’une puissante machine que représentent Maurice Kamto, le Mrc, l’Apc et leurs amis. Il revient à tous et en particulier aux Camerounais de la diaspora de fournir du carburant. Oui, il faut une contribution financière massive, car les besoins sont grands. 1 % de son salaire mensuel sur 10 mois, 2 repas par mois sur 10 mois, 2 bières par mois sur 10 mois… que chacun y aille suivant ses capacités, suivant sa volonté.
Recueilli en ligne par J.-C. Edjangué