Le réalisateur, photographe et ancien kiné, est l’invité vedette de cette session qui dure jusqu’à vendredi 20 septembre, dans la capitale camerounaise.

« Je suis petit-fils de syndicaliste, Nganga Thauley, qui fait partie des gens qui ont eu le pouvoir. Mais, comme ils ne savaient quoi en faire, ils l’ont remis aux militaires.

C’était donc normal que j’aille vers la photo et le cinéma plutôt que dans la politique. J’arrive en France en 1964, sous De Gaulle, les avions atterrissaient à l’époque au Bourget. Ma mère était Sage-femme au pays puis, elle est venue ici en France ». Ses premiers, ses premières phrases, en disent long sur le parcours et la richesse de l’homme. Derrière une apparence taciturne, David Pierre Fila, puisqu’il s’agit de lui, se lâche dès qu’il se sent confiant avec son interlocuteur.

« Devoir de transmission »

Vous êtes l’invité vedette, comme intervenant, du Ciné-Club N’kah dont la 18ᵉ session se déroule les 18 et 19 septembre 2024, à Yaoundé. On imagine aisément votre émotion… « Le Ce que fait Mary Noël Niba, pratiquement sans moyens, c’est grandiose. Chaque goutte d’eau contribue à non seulement créer des rivières, mais également des fleuves. Le cinéma, c’est être vrai, parler avec son cœur. Quelques fois ça dérange. Il faut donner à nos États les raisons de croire en l’avenir, de montrer que c’est possible. Sinon… C’est la déprime totale, la fin du rêve et la mort, l’espoir. Or, quand on ne peut plus rêver, ça doit être terriblement difficile à vivre. Mary Noël, par son action comme réalisatrice et promotrice du Ciné-Club N’kah, montre qu’elle croit possible la transmission, pour les générations actuelles et à venir », pense David Pierre Fila. L’invité de la 18ᵉ session du Ciné-club N’kah, initiative de l’Association Tell and Be Africa dont la réalisatrice Camerounaise, Mary Nöel Niba, est promotrice, est un patrimoine culturel à lui tout seul. Dès que j’ai su, via l’affiche qu’a bien voulu me partager la promotrice de l’évènement, qu’il participerait à cette session, je n’ai pu résister longtemps à l’envie de le rencontrer, alors même que je ne disposais pas de son contact. J’ai dû le demander à qui de droit. Je l’ai donc appelé pour solliciter une entrevue, en l’invitant dans un café, Porte de Saint-Cloud, dans le 16ᵉ arrondissement de Paris, la capitale française, feignant de faire fi de son planning extrêmement chargé. Ce qu’il a accepté simplement. Raconter la suite ne suffirait certainement pas à restituer la réalité. Il faut pourtant s’y coller.

Un parcours peu commun

Comment devient-on un des cinéastes Africains les plus ingénieux en France et dans le monde quand on est né à Brazzaville, il y a 70 ans, le 18 juin ? À la première question de notre discussion, David Pierre Fila lance tout de go : « J’ai atterri en Normandie, à Verneuil sur Havre Laigle, au Collège puis le lycée au Roche. Mon bac en poche, je fais des études de kinésithérapie. Je ne voulais pas avoir le même parcours que mon père, plus jeune médecin du Congo à 27 ans, il est mort d’un accident de voiture à Pointe Noire, j’étais encore un gamin ». L’homme d’images poursuit son propos : « J’ai grandi avec mes tantes, et j’allais au village en vacances, au Mbongi « un lieu de connaissance et de sagesse », qui permet de mieux faire face à la vie. Le Mbongi, c’est un peu « Soir au village » que chante Manu Dibango. C’était la vraie école de la vie en communauté, celle qui transmet l’enracinement, le respect de soi, des autres et des valeurs, le cercle d’éducation sur le patrimoine culturel et ce qui nous a été légué par les Anciens. Aujourd’hui, ça manque un peu à la jeunesse ».

Et c’est l’expérience, le vécu, l’homme qui a roulé sa bosse qui parle. « J’ai exercé comme Kiné pendant 3 ans en Isère Bourgoin-Jallieu, puis j’ai arrêté pour reprendre la photographie. J’ai été correspondant de Gama basé en Centrafrique. À l’époque, François Mitterrand est au pouvoir, nous étions deux photographes africains invités à la garden-party de l’Élysée, avec Souleymane Cissé ». Et bien sûr, des souvenirs plein la tête. « Le couple Danielle et François Mitterrand, Jean-Paul II, le Général Kolingba, Hissène habré, Ngoukouni Weddey, Ahmadou Ahidjo… ». Au sujet du premier président de la République du Cameroun, il précise/ « Il était souvent en gandoura, très courtois. Je prenais le temps de lui dire bonjour M. le président, il me répondait avec beaucoup de gentillesse. C’était quelqu’un de formidable, tout comme le Père Aristide, président de la République d’Haïti, que j’ai rencontré à Bangui, dans une église ».

Veinard public du Ciné-Club N’kah, qui a le privilège de pouvoir échanger avec un monument vivant du 7ᵉ art, un véritable patrimoine culturel bien au-delà du berceau de l’humanité.

Par Jean-Célestin Edjangué à Paris

Programme

  • jeudi 19 septembre 2024

Master Class : 14 h 30-17 h 00 par David Pierre Fila

Thème : “notre cinéma et nos identités » suivi de la projection de son film « Mweze » et d’un échange avec le public

  • vendredi 20 septembre 2024

Matinée Jeunes : 09 h 00-12 h 00

Projection du film « Le Sapeur » de David Pierre Fila

Suivi d’un échange avec le public, en présence du réalisateur ;

Soirée adulte : 16 h 00-19 h 00 

Projection du film « Sur les chemins de la Rumba » de David Pierre Fila suivi d’un échange avec le public, en présence du réalisateur.

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