C’est le rendez-vous incontournable des réalisateurs, scénaristes, producteurs et autres passionnés du cinéma panafricain dans le monde. Le Festival international du film panafricain(FIFP) a fait un passage furtif dans la capitale hexagonale le temps d’une présentation, dimanche 09 octobre, avant de regagner la Côte d’Azur pour la 19ᵉ édition
Après la présentation majestueuse à la Rare Gallery, rue François Miron, à Paris 4ᵉ, dimanche dernier, en présence notamment de Sa Majesté Jean-Yves Eboumbou Duala Manga Bell, Chef supérieur du canton Bell, son épouse la Reine Clarisse Douala Manga Bell, Sa majesté Edimo Alexandre, chef supérieur du canton Ewodi Bwélé, par ailleurs Vice-président du Ngondo, et la délégation qui les accompagnait, retour sur la croisette, berceau unique du 7ᵉ art. Mais avant d’évoquer le 19ᵉ acte de ce spectacle à couper le souffle, comment ne pas s’attarder quelques instants sur l’ambiance extraordinaire de dimanche 09 octobre ? Comment passer sous silence l’arrivée solennelle des chefs traditionnels dont l’entrée dans ce bel écrin de la Rare Gallery, lieu créé il y a 15 ans par l’activiste culturel Wilson Claude Balda et qui abrite tout le mois d’octobre une exposition surprenante, celle de l’artiste peintre Guadeloupéen Franck Quimpert (lire par ailleurs) qui a découvert il y a peu que ses racines provenaient pour 75% du Nigéria ? Et que dire du costume écossais de Wilson Claude Balda, avec son kilt écossais et des bottes noires laissant entrevoir des chaussettes sombres au milieu du Sandja et Kaba Ngondo, impeccablement portés par les gardiens des us et coutumes de nos traditions ainsi que quelques invités du jour ? Tout cela dans un environnement artistico-spirituel transpirant la présence de Nyambe, l’intelligence infinie du peuple Sawa, via l’évocation des ancêtres.
« Chemin d’homme »
« Je suis originaire de Guadeloupe. Comme vous le savez, c’est une histoire qui nous lie très profondément. Après l’arrivée, des ponts ont été coupés. Mais malgré tout chassé le naturel, il revient au galop. Pour cette exposition, j’ai fait une sélection des œuvres qui sur mon parcours d’humanité ponctuent ce grand voyage de L’Afrique vers toutes les diasporas », a indiqué l’artiste en guise de préambule à l’explication de ses toiles. Une exposition qui a pour titre « Chemin d’homme », avec des pièces vivantes tellement elles sont exécutées avec humanité. Comme celle représentant ce roi qui, visiblement très esseulé, sa chéchia vacillante tenant moins bien sur la tête, l’allure générale affaiblit par la maltraitance infligée par l’oppresseur, va puiser au plus profond de lui-même la force nécessaire pour résister à l’environnement hostile. « Ce roi », fera remarquer Sa Majesté Edimo Alexandre, « a quatre yeux. Deux sont fermés, mais deux autres restent ouverts ». « Effectivement, reconnaîtra Franck Quimpert, c’est par les yeux intérieurs que le roi continue à vivre, par la méditation ». Ce tableau, sublime dans son exécution, fait penser à Rudolf Duala Manga Bell dont la dignité au moment de la pendaison par les Allemands, le 08 août 1914, continue d’étonner bien des observateurs 108 ans après.
50 films, 60 pays, cinq continents
La 19ᵉ cloche du Festival international du film panafricain, à Cannes, du 18 au 23 octobre 2022, retrouve son prestigieux et traditionnel cadre, quelques jours après la présentation de cette édition à Paris. La grande fête du 7ᵉ art panafricain se déroulera dans son fief habituel, les somptueux cadres des hôtels Marimar et Martinez. Une édition qui s’annonce exceptionnelle, dans un contexte d’un monde en perpétuel mouvement. Une cinquantaine de films représentant 60 pays d’Europe, Amérique, Afrique, Asie, les Caraïbes et le Pacifique sont en compétition. L’évènement est organisé par Nord-Sud Développement, une entreprise solidaire créée en 1997 avec pour ambition de faire de la culture « un moteur de rapprochement de l’être et d’élévation de l’être ».
Outre les séances cinématographiques, conférences et rencontres avec des réalisateurs, producteurs, scénaristes et promoteurs culturels, une exposition sur « le Sénégal à l’épreuve du réchauffement climatique ». Cette exposition, à base de photographies saisissantes, est aussi un support d’alerte pour indexer la responsabilité des humains sur le réchauffement de la planète. Une réalité d’autant plus dommageable que l’Afrique, continent le moins pollueur de la planète avec à peine 4% des gaz à effet de serre (GES) est aussi paradoxalement l’une des régions qui souffrent le plus des désagréments causés par ce fléau. Prendre conscience de cette injustice environnementale, c’est s’engager non seulement à tout mettre en œuvre pour résoudre cette urgence climatique, mais surtout faire pression sur les pays et continents les plus pollueurs pour participer de manière conséquente à la solidarité avec l’Afrique, victime expiatoire des comportements condamnables qui lui sont extérieurs.
Par Jean-Célestin Edjangué à Paris