Membre du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et soutien du candidat de l’Alliance Pour le Changement (APC), Maurice Kamto, Jeanne Belley-Essombè a un autre point de vue sur les mouvements politiques des dernières semaines au sein du gouvernement camerounais.
« À quelques jours du délai légal de la convocation du corps électoral et quelques mois de l’élection présidentielle d’octobre 2025, le paysage politique camerounais connaît de nombreux frémissements. Les démissions successives de deux figures historiques du régime, Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary, en font partie et marquent un tournant symbolique. Ces deux hommes, longtemps associés au maintien d’un système autoritaire, annoncent leur distance du gouvernement, avouant implicitement que le pouvoir de Monsieur Biya est désormais un bateau sans capitaine. Pour beaucoup de Camerounais, notamment au sein de la diaspora engagée, ces départs suscitent scepticisme et/ou espoir », affirme Mme Belley-Essombè, ajoutant : « Pendant plusieurs décennies, ces ministres ont été les garants visibles de la longévité d’un régime qui a multiplié les manœuvres antidémocratiques, muselé l’opposition et confisqué les droits fondamentaux des citoyens. Ils ont prêté leur voix et leur légitimité au service d’un pouvoir qui, depuis trop longtemps, ne répond plus aux aspirations du peuple. Aujourd’hui, dans un climat de fin de règne qui semble inéluctable, leurs déclarations critiques arrivent trop tard pour certains, mais peut-être juste à temps pour participer à la reconstruction de la Nation ».
« Jusqu’au bout de la démarche »
Et de marteler : « L’histoire nous enseigne que certains prennent du temps à comprendre les enjeux véritables du moment. Faut-il pour autant les rejeter ? La frustration est compréhensible, surtout quand on pense aux sacrifices des militants de l’opposition emprisonnés, exilés ou réduits au silence, et pour certains, morts ! Mais il faudrait aussi admettre une vérité simple : la transition vers un Cameroun nouveau nécessitera des forces diverses. Tout le monde n’atteint pas la pleine conscience politique au même moment, a rappelé le professeur Maurice Kamto ; plus nous serons nombreux à exiger de véritables réformes, une loi électorale consensuelle, une compétition politique libre et équitable, un système de gouvernance fondé sur la justice et la transparence, plus cette transition deviendra possible, ensemble, pour tous ! ». Jeanne Belley-Essombè exhorte les ministres démissionnaires à aller jusqu’au bout de leur démarche. « Ce que les Camerounais attendraient donc aujourd’hui de ces anciens ministres, ce n’est pas simplement un départ du gouvernement, mais un engagement clair en faveur du changement. Rejoindront-ils le train de la renaissance démocratique, ou choisiront-ils de rester dans l’ambiguïté ? L’avenir nous le dira. Mais il revient à chaque citoyen, où qu’il soit, de comprendre que l’heure n’est plus à l’attentisme, ni aux rancunes stériles. Il est temps d’unir nos forces pour redéfinir ensemble notre avenir commun. Le Cameroun a besoin de toutes ses intelligences, de toutes ses énergies, pour tourner enfin la page d’un long chapitre d’immobilisme politique ». Et de conclure : « Que ceux qui ont longtemps contribué au statu quo fassent désormais le choix courageux de servir le peuple, dans la vérité et l’action. Dans tous les cas, avec ou sans eux, il faudra avancer ».
Par J.-C. É. à Paris