L’ouvrage de 118 pages, paru en mai 2025 chez l’Harmattan à Paris, est plus qu’un témoignage d’un immigré africain, parti du pays de la Teranga, son Sénégal natal, pour poursuivre ses études dans l’hexagone. Il est aujourd’hui enseignant d’économie-gestion dans l’Académie de Créteil, dans le Val-de-Marne (94). À lire absolument.

« A J.-C. Edjangué. C’est un immense plaisir de te retrouver et de partager ces moments importants que nous avions initiés depuis Angers. Bonne lecture ». L’émotion des retrouvailles était probablement aussi forte que celle de découvrir le contenu du nouvel ouvrage de Momar, que j’ai eu le bonheur d’accueillir à Angers, dans le Maine-et-Loire, dans les années 90. Nous étions alors jeunes étudiants à Belle Beille, lui en économique, moi Histoire puis Communication et médiation scientifique et technique. Nous faisions également partie de l’Association des étudiants Africains d’Anjou (ASEAA), qui avait entre autres activités, la réflexion quotidienne sur l’Afrique de demain, l’investissement dans la culture et le sport, notamment dans l’équipe de football affiliée dans le championnat départemental local. Rien d’étonnant alors que l’auteur de « Parcours d’un rescapé », se remémore ces années angevines, et d’autres encore.

« Trois parties, huit chapitres… »

« Cet ouvrage retrace la vie difficile d’un enfant africain qui, bien qu’exposé à de nombreux obstacles de parcours, a réussi à les surmonter au prix de multiples sacrifices l’ayant conduit au succès, tant sur le plan professionnel qu’associatif. De nature autobiographique, le récit évoque en particulier la mémoire sociale des lieux à travers les villes et les villages où il vécut, les établissements scolaires qu’il fréquenta, et surtout les défis qu’il a su relever à chaque étape de son itinérance grâce à sa détermination pour devenir in fine professeur en France. Une véritable leçon de courage qui montre que la réussite est toujours au bout de l’effort », indique d’emblée la quatrième de couverture, comme pour dissiper tout malentendu éventuel sur le sujet abordé et mieux guider le lecteur qui aimerait en quelques mots en avoir le cœur net avant de se décider à acquérir un exemplaire de cette production littéraire. Et de fait, force est de constater qu’après « Gestion des ressources humaines dans les organisations, nouvelles approches », titre publié en 2004 ; « Quelles alternatives pour l’Afrique ? », paru en 2009, et « Sénégal, diagnostic d’un pays candidat à l’émergence », en 2019, tous les trois chez le même éditeur, l’Harmattan, le dernier-né des bébés de Momar-Sokhona Diop, est un écrit totalement différent. D’abord parce qu’il mélange des souvenirs d’enfance avec les réalités vécues de l’adulte, en passant par l’adolescence. « L’écriture de cet ouvrage est l’aboutissement d’un processus dont les prémices remontent à mon enfance, marquée par la rencontre de personnes singulières qui m’ont inspiré et aidé à surmonter les obstacles jalonnant mon parcours de vie. Je voudrais ici leur témoigner toute ma reconnaissance », souligne l’auteur en ouverture de l’espace dédié aux remerciements.

La préface exécutée par M. Mody Niang, Inspecteur de l’enseignement élémentaire retraité, et oncle de l’auteur, est particulièrement touchante : « En lisant les récits de Momar-Sokhona Diop, je ne pouvais m’empêcher de penser à mon propre parcours, aux défis surmontés avec courage, et à l’héritage de résilience que nous portons en nous. Les épreuves évoquées et les enseignements qu’il en tire sont des miroirs d’expériences universelles qui transcendent les générations », note-t-il, ajoutant : « En résumé, cet ouvrage met en lumière une personnalité complexe et engagée, passionnée par son héritage culturel, son parcours éducatif, ainsi que par une volonté forte de contribuer au développement durable et endogène du Sénégal ».

« Ndande-Dakar-Paris-Angers… et engagement citoyen »

L’évocation des origines de Momar-Sokhona Diop fait nécessairement appel à son lieu de naissance. « Je suis né le 2 août 1961 à Darou Fall, un bourg situé à la périphérie de la commune de Ndande. À cette époque, les accouchements se pratiquaient à domicile, avec l’aide de Matty-Degal Diop, une matrone traditionnelle qui s’était formée sur le tas. (…) », raconte l’auteur, rappelant au passage « l’adolescence apaisée » à Ndande Fall. « La commune de Ndande est située à environ 66 kilomètres de Thiès et à 40 km de Louga… Je me souviens encore que toutes les maisons étaient grandes ouvertes, symbole de la confiance et de la cohésion sociale qui prévalaient à cette époque ».

Le petit Momar-Sokhona va devoir ensuite rejoindre Dakar, la capitale, pour la suite de ses études en passant par Ziguinchor et Thiès, une des régions les plus peuplées du Sénégal. Un voyage au pays de la Teeranga, avant le long cours pour l’hexagone, un 11 septembre 1985. « Ce voyage en France ne marquait pas seulement un départ géographique, mais un tournant majeur dans ma vie », écrit Momar, insistant : « À Angers, j’ai découvert une solidarité précieuse, celle dont toute personne venue d’un pays étranger a besoin pour réussir son intégration. Les gestes d’entraide et la chaleur humaine de certaines familles m’avaient aidé à surmonter la solitude ».

Un témoignant émouvant, un récit simple, clair, qui met en lumière la question de l’intégration d’un Africain parti du Sénégal pour la France où il est aujourd’hui enseignant.

Par Jean-Célestin Edjangué à Paris

*Momar-Sokhona Diop, Parcours d’un rescapé, 118 pages, l’Harmattan, mai 2025, 14 euros.

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