Présidente du Conseil d’Administration du Bureau de développement Afrik’Alabama (BuDAL GIE), qui a entrepris une action mémorielle pour honorer Cudjo Oluale Kossola Lewis, fils de Bantè, déporté comme esclave en Amérique et ultime survivant du « Clotilde », dernier navire négrier à entrer aux États-Unis, elle parle des objectifs de la deuxième célébration organisée le 14 décembre 2024 au Bénin. Bouleversant.

Mme Santos, merci pour votre disponibilité. Qui êtes-vous et que faites-vous à Cergy Saint-Christophe, dans l’Oise, en région parisienne ?

Je suis Anick Santos, je vis en France depuis une quarantaine d’années. Ces dernières années, j’ai mis en place un Groupement dénommé Bureau de développement Afrik’Alabama (BuDAL GIE), qui porte deux projets essentiels. Un projet d’ordre éducatif, touristique, culturel, économique, et un projet qui essaie de reconnecter la diaspora historique africaine à sa terre natale via la jeunesse qui est l’avenir. En impliquant la jeunesse, nous sommes sûr que cette histoire que nous avons avec la diaspora historique pourra être perpétuée et puis donner des outils nécessaires à notre jeunesse pour s’emparer de son histoire et la défendre.

Quand a été mise sur pied cette structure et comment elle se matérialise concrètement sur le terrain ?

Le Groupement a été fondé en 2017 par des passionnés de culture et d’histoire ayant en commun le souci de l’avenir de notre jeunesse et de la diaspora africaine. Concernant la jeunesse, ce que nous faisons, c’est de sensibiliser les jeunes par rapport au rôle important qu’ils ont à jouer dans la société et dans leurs domaines respectifs, également de faire ressortir le potentiel qui est en chacun d’eux. Très souvent, ils ont du potentiel. Mais ils n’en ont pas conscience, il n’y a personne pour faire valoir cela et leur donner le petit coup de coupe dont ils ont besoin pour sortir le meilleur d’eux-mêmes. C’est ce travail que nous faisons auprès des jeunes, qu’ils soient passionnés de l’histoire, de la culture et des arts, nous essayons de prendre chacun dans son élément et de le booster de sorte que le produit fini surprenne, étonner le jeune lui-même, qui ne pouvait pas s’attendre à un tel résultat. Ce qui veut dire que si nous avons confiance en nos jeunes, si nous les prenons à temps et les encadrons comme il faut, le potentiel qui est en eux va fleurir parce que tous les jeunes ont du potentiel chacun dans son domaine respectif. C’est ce combat-là que nous menons.

Vous organisez un évènement d’importance en décembre 2024, au Bénin, qui honore les jeunes du pays. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Effectivement, nous organisons la deuxième édition des trophées Cudjo Lewis, un des derniers survivants du bateau « Clotilde » qui a quitté les côtes Dahoméennes pour Mobil, en Alabama. Cet aïeul a fondé la communauté d’Africa Town, qui est restée très attachée à sa culture, à ses origines. On sait dit que ce pan de notre histoire ne va pas mourir, et qu’il n’y a pas mieux que la jeunesse pour la porter. C’est pour cela que très tôt, nous avons impliqué la jeunesse béninoise et bientôt des jeunes d’autres pays, pour que cette jeunesse prenne toute sa place, qu’elle joue pleinement son rôle. Nous serons à leurs côtés pour les orienter, les accompagner. Mais, il faudrait que demain, ce soit un projet des jeunes, conduit par les jeunes eux-mêmes. C’est dans cette optique que nous avons mis en place ces trophées, dans trois catégories différentes : la première catégorie concerne la déclamation poétique, la deuxième est relative aux œuvres d’arts, et la troisième catégorie intègre les chants panégyriques. La première édition, l’année dernière, nous avons eu de très belles réalisations. Cette deuxième édition s’annonce aussi intense. On n’a pas pu retenir dix candidats, mais douze, du fait de la très grande qualité des œuvres produites. Nous espérons que la jeunesse africaine pourra réellement s’approprier son histoire. Récompenser la jeunesse tel que nous le faisons, pourra les booster, les encourager et, pourquoi pas, les outiller autrement pour qu’ils puissent tirer d’autres jeunes. Je voudrais en profiter pour vous remercier, Monsieur Edjangué, pour votre implication depuis des années aux côtés des jeunes et votre vision qui se rapproche de la nôtre. Nous espérons très prochainement que vous serez des nôtres pour cette aventure qui promeut la jeunesse africaine.

Recueilli à Paris par J.-C. Edjangué

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