Représentants des chefs traditionnels, acteurs politiques ou journalistes, en France ou en Belgique, ils ont bien voulu s’exprimer sur la convocation du corps électoral et la déclaration de candidature du président sortant, à la consultation populaire du 12 octobre prochain.
« Quand le président national du parti Rdpc répond à l’appel incessant de la base, je ne peux exprimer qu’une fierté, en tant que militant et cadre du parti en France, et auteur de la chanson de la campagne de 2018 en France « Paul Biya assure et rassure ». », affirme Honoré Bitnkeu, président de la Commission des Sages Rdpc France-nord, poursuivant au sujet du Chef de l’État : « Il vient en plus de rassurer ses militants que nous sommes. Maintenant que tous les doutes sont levés, nous devons nous mettre au travail pour mener notre champion à la victoire comme en 2018 ».
Taveun Tchaptchet, représentant du chef de la communauté Banganté en France, salue la convocation du corps électoral pour le 12 octobre prochain à l’instar de Nji Peyou, représentant du Sultan Roi des Bamoun, Jean-Claude représentant de la communauté Batié, ou encore Sa Majesté Djengué du canton Wouri Bwélé ; mais M. Taveun semble plus nuancé quant à la déclaration de candidature du président de la République. « Si le président Paul Biya est encore dans la capacité de diriger le Cameroun, il a droit de candidater pour un nouveau mandat puisque la constitution lui en donne la possibilité. Mais comment en être certain ? C’est une question délicate qui suppose d’être dans l’intimité du Chef de l’État au quotidien. Et là, peu de personnes ont ce privilège ».
« Une candidature de trop »
« Pour moi, c’est une candidature de trop. On s’attendait à ce que le président Biya se retire et laisse une autre personne se présenter. En allant aux élections pour un 8ᵉ mandat, l’actuel locataire du Palais d’Etoudi donne du grain à moudre à tous ceux qui pensent qu’il n’y a aucune autre alternative dans son propre parti pour briguer la magistrature suprême au Cameroun. En allant aux élections, il va perpétuer un système qui depuis 43 ans a largement montré ses limites, alors que le pays et le peuple ont besoin d’un nouveau souffle pour redorer le blason du Cameroun d’antan. Paul Biya a cadenassé la possibilité d’alternance par les urnes au Cameroun. Il revient donc au peuple de trancher sur la crédibilité des élections libres, transparentes et démocratiques », Hugues Seumo, journaliste camerounais habitant à Bruxelles, la capitale Belge et européenne, ne voit pas d’un bon œil l’annonce de la candidature du président Biya au scrutin présidentiel du 12 octobre 2025. Il précise tout en s’interrogeant : « Une élection mal organisée risque de créer les tensions qui peuvent enfoncer le pays dans une crise sans fin. Déjà, la situation dans l’Extrême-nord avec le phénomène de Boko Haram, la crise du NoSo, sont très préjudiciables pour le Cameroun. À la fin, je me pose toujours cette question, comme la majorité des Camerounais, que peut-on attendre d’un système ou d’un régime qui a montré ses limités en 43 ans pour espérer que les choses changes lors d’un 8ᵉ mandat ? ».
Et de conclure : « Le peuple camerounais mérite mieux que cela, une vraie élection libre et démocratique ».
« Respecter les règles élémentaires de l’alternance »
Même son de cloche chez Mahama Dalami, Conseiller politique en charge de l’Union européenne auprès du candidat Akéré Muna. « Je pense que cette annonce faite hier sur les réseaux sociaux, si elle se confirme, illustre de manière tragique la difficulté qu’ont certains régimes africains à envisager la transmission du pouvoir comme un acte normal et sain de la vie démocratique. Paul Biya est un homme dont l’histoire politique est indissociable de celle du Cameroun moderne. Mais à 92 ans, il ne s’agit plus de gouvernance : il s’agit d’une confiscation du futur. Ce n’est pas un débat sur les compétences ou le bilan, c’est un débat sur la décence politique et l’intérêt général », soutient-il, expliquant : « Nous avons, en Afrique centrale comme au Sahel, une jeunesse dynamique, instruite, frustrée. Elle n’a jamais connu d’autre chef d’État que Paul Biya ! Et on voudrait lui faire croire qu’il n’y a pas d’alternative ? C’est dangereux. Ce genre de blocage crée du cynisme, de la colère, et parfois même des radicalisations. Le principe même de sa candidature doit être rejeté par l’ensemble des camerounaises et des camerounais ». Et de marteler : « Si nous voulons vraiment bâtir des États modernes, capables de résister aux chocs sécuritaires, climatiques ou économiques, il faut commencer par respecter les règles élémentaires de l’alternance et de la responsabilité politique. Le pouvoir ne doit pas être un héritage perpétuel, mais un mandat au service du peuple ». Conclusion de M. Dalami : « Je m’interroge !!! Y a-t-il pas de Camerounais capables de diriger le Cameroun ??? ». Aux électeurs de répondre, le 12 octobre 2025.
Par J.-C. Edjangué à Paris