Nouveau responsable RSF du Bureau Afrique, il exprime son émoi sur l’enlèvement et l’assassinat du journaliste camerounais, dont le corps a été découvert le 22 janvier dernier, à Yaoundé.
Quelle est votre réaction à brûle pourpoint ?
C’est extrêmement compliqué ce qui s’est passé au Cameroun avec le cas Martinez Zogo, enlevé le 17 janvier puis assassiné et retrouvé mort cinq jours après. Les informations à notre disposition indiquent qu’il y a eu des sévices sur le corps de Zogo. Comment a-t-on pu attenter à la vie d’un journaliste de manière aussi barbare ? Mais les investigations se poursuivent, il faut attendre.
Les meurtres, assassinats et autres exactions commises sur des journalistes au Cameroun, n’ont que rarement été élucidés. Comment savoir ce qui s’est vraiment passé ?
Martinez Zogo n’a fait que son travail. Ce qui est terrible au Cameroun, c’est qu’avant la crise dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest (NoSo ndlr), le Cameroun était un pays relativement modèle en matière de liberté d’expression et d’exercice de la profession de journaliste. Depuis quelques années, les choses semblent avoir mal tourné. Il y a eu un communiqué du ministre de la communication, René Sadi. Mais on ne peut pas se contenter de cela. Il y a la responsabilité historique des autorités camerounaises. Le problème, c’est qu’il y a des cas qui n’ont jamais abouti. Aujourd’hui, la justice doit être très transparente pour dire clairement qui a tué Zogo. On peut imaginer que les autorités associent la société civile à l’enquête.
Peut-on, dans un tel climat de terreur et d’oppression, exercé sereinement le métier de journaliste au Cameroun ?
La protection des journalistes doit être une priorité au Cameroun. Il ne faut pas que les journalistes camerounais exercent la peur au ventre.
J’en profite pour dire aux médias camerounais que RSF et toute la corporation est solidaire d’eux.
Recueilli au téléphone par J.-C. Edjangué