Éditeur béninois, directeur de Christon éditions, nous l’avons rencontré à Paris, lors d’une réunion avec Sansy Kaba Diakité, promoteur des 72 heures du livre de Conakry dont la 15ᵉ édition aura lieu les 23, 24 et 25 avril 2023, dans la capitale de la Guinée. Il analyse la situation de l’édition en Afrique de l’Ouest et des perspectives à venir.
Merci Christophe Tonon de nous accueillir à Paris. Vous êtes fondateur de Christon éditions. Présentez-nous cette maison d’éditions béninoise ?
Merci pour l’opportunité que vous me donnez de parler de Christon éditions. C’est une maison d’édition béninoise, généraliste, que j’ai fondée en 2008, et qui dispose à ce jour un catalogue d’une centaine de titres avec des ouvrages de littérature jeunesse et enfantine, de littérature générale, de sciences humaines et sociales, des parascolaires, un titre sur les indépendances africaines qui est officiellement au programme d’enseignement au Bénin, pour toutes les classes de terminales. Nous avons dans notre portefeuille des auteurs venus de plusieurs horizons, à savoir le Bénin, Togo, le Gabon, Le Niger, La France et bien d’autres. Notre maison d’édition a été honorée grâce à un titre qui a remporté le grand prix littéraire du Bénin « Sitou et la rivière de la nudité ». Récemment, nous avons créé « Le Géant », qui est une société de distribution, diffusion de livres, et qui a pour mission de distribuer et diffuser les œuvres des auteurs, éditeurs et auto-édités béninois dans la sous-région et dans les pays du Nord, et vice-versa. Elle entend également étoffer l’offre en librairies en important des livres depuis les pays du Nord. L’activité de distribution va s’étendre, puisque nous prévoyons des accords avec de grands distributeurs européens comme Hachette et bien d’autres encore.
Vous venez aussi de rencontrer, à Paris, M. Sansy Kaba Diakité, directeur des éditions l’Harmattan Guinée et Délégué Général des 72 Heures du Livre de Conakry. Une collaboration est-elle en vue ?
J’avais déjà rencontré M. Sansy Kaba lors du Salon du livre d’Abidjan, Il m’a informé que le Bénin est pays invité d’honneur de la 15e édition des 72 heures du Livre de Conakry, du 23 au 25 avril 2023. Je l’ai informé également qu’en 2023, Christon éditions aura 15 ans d’existence. Il était très content et m’a invité à l’instant, au moment du Salon du livre à Abidjan, à me présenter et présenter ma maison d’édition dans une interview. Je lui ai également fait savoir mon désir de participer en amont au Salon du livre de jeunesse de Conakry, histoire de préparer le terrain pour les 72 heures et d’en faire un évènement à grand succès.
Comment se porte l’édition aujourd’hui au Bénin et en Afrique de l’Ouest ?
L’édition au Bénin est en plein développement, avec une recherche permanente de la qualité tant sur le fond que la forme. Et quand je regarde ce qui se fait au Bénin et dans la sous-région ouest-africaine, je me rends compte qu’il y a beaucoup plus de professionnalisme qu’avant. Les produits se rapprochent davantage de ce qui se fait de meilleur en Europe. J’ai édité des ouvrages qui ont été vendus dans des grands Salons européens, que les gens ont découvert par hasard et sont revenus vers moi pour savoir si c’était vraiment Christon éditions qui les avaient édités. J’ai confirmé que c’est bien au Bénin que les livres sont fabriqués et imprimés. Alors, il y a une auteure qui a été professeur à l’université Paris-Sorbonne, qui a déjà édité une quinzaine d’ouvrages en France, chez des éditeurs européens et qui est venue spécialement au Bénin pour travailler avec nous. On a défini le cadre de travail, elle nous a envoyé ce que nous lui avons demandé, on a travaillé dessus et publié le livre. Ensuite, elle est revenue au Bénin et nous avons fait le lancement du livre à l’université nationale du Bénin, aujourd’hui université d’Abomey-Calavi, sous le patronage du recteur, Monsieur Maxime da-Cruz. Ça a été vraiment un succès.
C’est le bon côté des choses, un professionnalisme de plus en plus avéré. Reste qu’il y a encore des choses à améliorer. Lesquelles ?
Moi, je pense que la difficulté majeure aujourd’hui se situe au niveau de la circulation du livre en Afrique. Il faut absolument travailler pour trouver un moyen, déjà entre États, d’où d’ailleurs la création du Géant. Nous sommes en pleins échanges avec des acteurs du livre africains et Monsieur Sékou Fofana, le président d’Afrilivres, pour trouver les stratégies durables à mettre en place pour pouvoir atteindre ce but. Mon ami Fofana a d’ailleurs entamé des discussions entre acteurs, lors de la rencontre de Dakar qui s’est tenue du 29 juin au 02 juillet, pour la création d’une centrale de distribution.
Mené à Paris par Jean-Célestin Edjangué