Ce Camerounais d’origine, Docteur en pharmacie, Maître de recherche en Biochimie clinique, Diplôme Universitaire (DU) en pharmacie clinique, Chercheur en Cancérologie, Diplôme Universitaire (DU) en Innovations thérapeutiques Cancéreuses. Il explique les enjeux de la révolution en cours dans le domaine de la cancérologie, avec l’évolution rapide des approches thérapeutiques grâce à une meilleure compréhension des biomarqueurs, notamment leur rôle dans la personnalisation des traitements. Édifiant !

Vous êtes Dr en Pharmacie, auteur de l’étude sur « La médecine conduite par biomarqueurs pour le développement des nouveaux anti-cancéreux », dans le cadre du Diplôme universitaire en innovations thérapeutiques cancéreuses, en juillet 2024. Pourquoi cette étude ?

L’idée principale de cette étude est de mettre en lumière l’impact des biomarqueurs dans le développement de thérapies ciblées et de traitements immunologiques, qui représentent aujourd’hui des avenues prometteuses dans la lutte contre le cancer.

Cette étude se justifie à plusieurs titres du fait de l’Évolution des traitements oncologiques : Traditionnellement, les traitements du cancer étaient basés sur des approches générales, comme la chimiothérapie, la radiothérapie ou la chirurgie, qui ne tenaient pas suffisamment compte des caractéristiques individuelles des tumeurs. Cependant, avec l’essor de la médecine de précision, l’utilisation des biomarqueurs permet de cibler des mutations spécifiques ou des anomalies moléculaires présentes dans les cellules tumorales. Cette approche augmente l’efficacité des traitements tout en réduisant leurs effets secondaires. Elle met en lumière l’Identification des biomarqueurs pertinents : Dans le développement de nouveaux anti-cancéreux, la première étape cruciale est l’identification de biomarqueurs fiables. Ces biomarqueurs peuvent être des gènes, des protéines ou des anomalies métaboliques qui signalent la présence de la maladie ou qui permettent de suivre la progression du traitement. Une meilleure compréhension de ces biomarqueurs permet non seulement de mieux identifier les patients susceptibles de bénéficier d’un traitement spécifique, mais aussi de surveiller la réponse au traitement en temps réel. Par ailleurs, on note l’Optimisation des traitements : L’étude vise à explorer comment la médecine conduite par biomarqueurs permet de réduire le risque de traitements inefficaces. En ciblant des altérations moléculaires précises, les chercheurs et cliniciens peuvent proposer des traitements plus adaptés, réduisant ainsi le recours à des thérapies standard potentiellement inutiles.De même, elle ouvre des Perspectives d’avenir : Le développement de nouvelles classes de médicaments, notamment les thérapies ciblées et l’immunothérapie, repose en grande partie sur les biomarqueurs. Ces traitements révolutionnaires, comme les inhibiteurs de points de contrôle immunitaires (checkpoint inhibitors) ou les thérapies géniques, ont déjà montré des résultats remarquables pour certains types de cancers. L’étude se penche également sur les défis et les obstacles associés à l’intégration de ces biomarqueurs dans la pratique clinique, notamment en termes de standardisation des tests et de coûts associés. Les Enjeux éthiques et réglementaires sont un autre aspect important de l’étude, qui permet d’examiner les questions éthiques, légales et économiques liées à l’utilisation des biomarqueurs, notamment en ce qui concerne leur accessibilité, la confidentialité des données génétiques des patients et l’évaluation des bénéfices des traitements en fonction des biomarqueurs identifiés. En résumé, cette étude est un point de convergence entre la recherche fondamentale, la biologie moléculaire et la médecine clinique. Elle met en évidence la manière dont les biomarqueurs peuvent transformer le paysage thérapeutique en oncologie, et surtout en cancérologie, où la personnalisation des traitements a un potentiel énorme pour améliorer le pronostic des patients. Cette approche ne se limite pas uniquement à une perspective scientifique, mais s’inscrit également dans une vision intégrée de l’avenir des soins de santé en oncologie.

Comment la médecine conduite par le développement des nouveaux anti-cancéreux peut-elle contribuer de manière efficace à la lutte contre les cancers dont vous dites que 30 % d’entre eux pourraient être évités ?

La médecine conduite par les nouveaux anti-cancéreux, notamment grâce à l’identification de biomarqueurs, permet de personnaliser les traitements et de cibler plus précisément les mutations responsables des cancers. Cela facilite la détection précoce et la prévention ciblée, notamment pour les cancers héréditaires ou liés à des facteurs environnementaux. Par des stratégies de prévention primaire (vaccination, réduction des risques) et de dépistage précoce, ces approches peuvent réduire l’incidence des cancers évitables. En agissant sur les causes et les stades précoces, cette médecine contribue efficacement à la prévention et au traitement, diminuant ainsi le fardeau global du cancer.

L’un des problèmes majeurs qui rongent le plus les patients du cancer, c’est le coût du traitement, puisque le coût moyen pour une thérapie avoisine 50.000 euros par an et par patient, en France. Quelles perspectives à ce sujet ?

Le coût élevé des traitements contre le cancer, particulièrement des thérapies ciblées et des immunothérapies, est un défi majeur tant pour les patients que pour les systèmes de santé. Cependant, plusieurs perspectives émergent qui pourraient rendre ces traitements plus accessibles et moins coûteux :

  • Personnalisation des traitements et réduction des coûts liés à l’inefficacité. La médecine de précision, basée sur l’identification de biomarqueurs spécifiques, permet d’administrer des traitements plus ciblés et efficaces. En évitant les traitements inefficaces, on pourrait réduire les coûts globaux de soin en ne prescrivant que des thérapies adaptées à chaque patient. Cela permettrait également de minimiser les effets secondaires et les hospitalisations prolongées, réduisant ainsi les dépenses associées aux soins;  
  • Génériques et biosimilaires

À mesure que les brevets sur les médicaments oncologiques expirent, les médicaments biosimilaires (versions moins chères des biothérapies) devraient devenir plus courants. Ces médicaments, bien que légèrement différents des originaux, sont souvent aussi efficaces tout en étant beaucoup moins coûteux. Leur développement et leur intégration dans les traitements pourraient réduire considérablement les coûts de la prise en charge des patients.

  • Nouveaux modèles de financement et de remboursement

Les gouvernements et les assurances santé explorent des modèles de remboursement plus flexibles et équitables, comme les paiements à la performance. Dans ces modèles, les entreprises pharmaceutiques ne sont payées que si le traitement s’avère efficace pour le patient, ce qui pourrait encourager à la fois l’innovation et à la réduction des coûts en fonction des résultats réels. De plus, des mécanismes de copaiement ou de financement public pourraient alléger la charge financière pour les patients.

  • Réductions de coûts grâce à la médecine numérique

L’utilisation de technologies avancées comme l’intelligence artificielle (IA) pour la détection précoce, le suivi des traitements et la planification des soins pourrait rendre le processus thérapeutique plus efficient. L’IA permettrait d’optimiser les protocoles de traitement, d’accélérer le diagnostic, et de réduire les erreurs médicales, conduisant à une gestion plus économique des traitements.

  •  Recherche sur des traitements plus abordables

Les progrès dans la recherche visent également à découvrir des médicaments moins coûteux, mais tout aussi efficaces. Par exemple, l’innovation dans le domaine des thérapies combinées pourrait aboutir à des traitements plus simples et moins coûteux tout en conservant leur efficacité thérapeutique.

Merci, Dr Dassie pour toutes ces explications, pour votre disponibilité.

C’est moi qui vous remercie, M. Edjangué, pour l’intérêt que vous portez à ce sujet

Recueilli à Paris Par J.-C. Edjangué

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