Médecin généraliste à Paris, passionné de lecture et Chargé de missions des 72 heures du livre de Conakry. Il raconte son amour pour les belles lettres et explique son rôle de Chargé de mission au sein de l’évènement culturel le plus couru en Guinée.

Dr Bah, merci de nous recevoir dans votre cabinet pour parler de littérature et des 72 heures du livre de Conakry. D’où vous est venue la passion de la lecture ?

J’ai envie de dire que je suis tombé dedans depuis tout petit. Il faut savoir que très tôt, nous avons été initiés à la lecture, et d’abord la lecture du Saint Coran. Puis, progressivement, tout au long de mes études, j’ai toujours été passionné par le livre et la lecture, parce que cette dernière permettait de nourrir et d’augmenter mon imaginaire, de voyager, de m’ouvrir aux autres. Je me suis rendu compte, in fine, de la puissance de la lecture qui était à la base de tout. J’avais quelques facilités qui ont fait que j’ai été repéré par les professeurs de français, tous les gens qui s’intéressaient à la littérature, qui m’ont dit, écoutez, vous avez la possibilité avec la lecture, la littérature, d’aller encore explorer certaines de vos ressources et d’avancer encore plus. Je dois beaucoup à la littérature, c’est un monde qui m’a toujours fasciné, c’est pour cela d’ailleurs que je me suis rapproché des 72 heures du livre. J’ai eu la chance d’être ensuite désigné comme Chargé de mission de cet évènement.

Quel est justement votre rôle comme Chargé de mission et Comment définirez-vous la puissance féminine qui est la thématique de cet acte 17 des 72 heures du Livre ?

Le rôle du Chargé de mission est à la fois très simple et quelque chose de fondamental. On est représentant des 72 heures sur la place parisienne, pour faciliter les rencontres, permettre d’être au plus près de l’organisation de cet évènement qui est une grosse machine, il faut le reconnaître. Nous sommes à la 17ᵉ édition. Au fur et à mesure, on permet à ce festival du livre de grandir. Quant à la thématique, je voudrais d’abord saluer la vision des organisateurs des 72 heures du livre, en premier lieu mon ami Sansy Kaba, qui, avec ce thème, touche quelque chose d’extrêmement important. On sait que la littérature tient aussi par la force des plumes des femmes. On a beaucoup de femmes de lettres qu’on ne met pas toujours en avant. C’est l’occasion de leur rendre hommage, de magnifier leurs contributions. Quand je pense à Maryse Condé, à Mariama Ba, qui a été parmi les précurseurs de la littérature africaine, et bien d’autres… C’est le potentiel de nos écrivaines, de nos sœurs, de nos filles, qui ont quelque chose à dire et qui le disent à leur façon, avec leur sensibilité. Et ça, on en a besoin encore plus aujourd’hui, dans un monde en pleine recomposition, dans un monde polarisé.

Vous avez parlé de Maryse Condé et de Mariama Ba. Quels sont les auteurs, les plumes qui ont marqué votre jeunesse ou continue à nourrir votre imaginaire ?

J’ai été très fasciné, dans mes années de lycée, par l’écrivain Amadou Ampâté Ba, qui nous a beaucoup rattaché à nos traditions, nous faisant prendre conscience de ce que nos traditions ont une place dans l’universelle. J’ai également été marqué par Ahmadou Kourouma, sans oublier que j’ai été bercé dans les textes de Camara Laye. Nous, en Guinée, on a eu beaucoup de bons professeurs de lettres qui nous ont initiés à la littérature africaine, ce qui m’a permis de connaître presque par cœur les textes de Ferdinand Oyono, Mongo Béti, Francis Bébey, Cheickh Amidou Kane. C’est à travers cette littérature que j’ai pu me rendre compte de la dichotomie qu’il peut y avoir entre différentes cultures et comment se positionner et avancer. Ça m’a forgé, ça m’a permis d’avoir d’autres repères, pour mieux me connaître et s’ouvrir aux autres.

Recueilli par J.-C. Edjangué

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