La 109ᵉ édition de la fête commémorative du retour d’exil forcé des Batanga à Kribi, peuple d’Afrique centrale faisant partie des Sawa du Cameroun, via le Sud-Ouest, à Sarcelles (95) en région parisienne, samedi 24 mai 2025, était particulièrement émouvante.

« La fête commémorative est la résultante de la Première Guerre mondiale qui s’est passée ici en Europe et dont les Batanga ont été les victimes collatérales. Le Cameroun étant alors sous occupation allemande, les alliés ont mené la guerre sur le sol camerounais, avec des bombardements extrêmement violents ayant causé beaucoup de morts. Nous organisons le Mayi, pour un devoir de mémoire, pour que cette histoire soit inscrite au patrimoine de l’humanité ». Edouard Carloty Ngonga Manga, Président du Comité d’organisation du Mayi Paris 2025, livre la pensée de. nombre de membres de la communauté des Batanga en France.

« Massacres, évacuation… »

« Le Cameroun est sous occupation allemande depuis 1818. Comme dit précédemment, quand se déclare la Première Guerre mondiale, les troupes alliées attaquent les forces allemandes présentent sur le territoire du Cameroun. Ce pays est donc un théâtre de combats, qui se passent à Kribi, autant qu’en Europe. Le chef Madola est assassiné pendant que Douala Manga Bell et Ngosso Din sont pendus », raconte le professeur Martin Ndendé, enseignant à l’université de Nantes, en France, et Représentant des Chefs de l’Alliance mondiale des Batanga de la diaspora. Il poursuit : « Le même jour, l’Allemagne s’est retournée contre les notre population, massacrant les citoyens, incendiant les villages, avant que les troupes allemandes ne prennent la fuite. Tout cela à un moment où un génocide était pratiquement en train de se perpétrer. Les forces Alliées, la France et l’Angleterre, ont décidé d’évacuer la ville, pour éviter une extermination de la communauté Batanga. Les populations évacuées sont transférées dans les régions du Cameroun occidental, notamment dans le Nord-Ouest et Sud-Ouest (actuel NoSo). Quand la guerre s’est terminée, les mêmes forces franco-britanniques sont venues récupérer les populations qui ont été ramenées à Kribi en deux vagues. D’abord le 14 février 1916, d’où la célébration du febuary, et le 9 mai 1916, sous l’appellation du Mayi ».

« Une triple commémoration »

« Les deux dates commémorent trois choses. Le massacre, la déportation vers le séjour à l’exil et le retour inespéré vers la terre natale, à Kribi. », précise encore le professeur Ndendè. Pour sa part, Hermine Edongue Moussambani (lire par ailleurs), Vice-présidente du Comité d’organisation du Mayi Paris 2025, la commémoration concerne plusieurs périodes de la vie des Batanga : «  Les Batanga ont connu plusieurs épopées en plus des déportations dans les régions du NoSo, il y a également eu des exils forcés en Guinée Équatoriale, à Libreville au Gabon, au Congo-Brazzaville ». Et Mme Angèle Bioum de conclure : « La fête du Mayi sert désormais de socle à partir duquel nous affirmons notre identité, à partir duquel nous faisons preuve de résilience, pour sortir du traumatisme, et dire le bonheur que nous avons à célébrer le peuple de l’eau dont nous sommes fiers d’être originaires ».

Par Jean-Célestin Edjangué à Paris

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