Le verdict, finalement sans surprise, du Conseil constitutionnel, le 05 août dernier, n’a pas apaisé la colère d’une partie des Camerounais de l’étranger, notamment dans l’hexagone.
« Tout ce mic-mac est une honte pour notre pays. En 43 ans, aucune avancée nulle part : le processus électoral est totalement foireux au Cameroun. Depuis les inscriptions, la non-publication des listes, les candidatures fantaisistes, les rejets de candidatures sans motif valable et une farce de gestion de contentieux… Paul Biya n’aura rien fait avancer ». Jean-Paul Tchakoté, ancien Responsable SDF-France, n’a pas de mots assez durs pour exprimer son dégoût. Il insiste : « En 43 ans, aucune avancée nulle part : le processus électoral est totalement foireux au Cameroun. Depuis les inscriptions, la non-publication des listes, les candidatures fantaisistes, les rejets de candidatures sans motif valable et une farce de gestion de contentieux… Pitié, Pitié, pitié… ». Un sentiment que partage bon nombre de soutiens du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC).
« Une pantalonnade, une tartufferie… »

Dans une intervention sur Facebook, à la suite du rejet de la candidature de Maurice Kamto par le Conseil constitutionnel, Abdelaziz Mounde Njimbam, communiquant du MRC depuis plusieurs mois, évoque de manière touchante, son pays, « Un Cameroun où les décideurs et détenteurs du pouvoir se dédisent ». Et de fustiger « une pantalonnade, une tartufferie », une arnaque en somme, qui veut que « du jour au lendemain, n’importe qui peut sortir de nulle part, se présenter comme étant le président du RDPC et se faire reconnaître comme tel par Elecam, pour candidater à la présidentielle ». Allusion à peine voilée du cas de M. Dieudonné Yebga qui, bien qu’exclut du MANIDEM, a vu sa candidature « acceptée » par Elecam, avant d’être rejetée par le Conseil constitutionnel pour les mêmes raisons que celles avancées à Maurice Kamto. « Pluralité de candidatures au MANIDEM ». Une justification qui, à en croire M. Tchakoté, ne tient pas une seule seconde. « Le rejet de la candidature de Maurice Kamto n’a aucun fondement juridique. Le boycott d’une élection est un acte politique conforme à la constitution. Ce n’est pas un acte de voyous. Et pourquoi avoir déplacé les élections législatives et municipales prévues en cette année 2025 ? Le pays est-il en « crise grave » telle que le stipule la loi pour justifier une modification du calendrier électoral ? », s’interroge-t-il encore avant de marteler, dépité. « On a frustré les anglophones et ils ont pris les armes… On n’a pas l’argent pour assurer des accouchements sans danger mortel… Mais il y a des milliards à engager dans une guerre absurde. Zéro décentralisation à ce jour. Oui Zéro !!! ». Mais Jean-Paul Tchakoté n’est pas résigné, il continue à se poser des questions, pour tenter de comprendre : « Un Président de parti qui n’a pas organisé de congrès ordinaire depuis 2011… Son investiture est-elle honnête ? ».
« Sauvegarder la paix »
Pour Calvin Djouari, écrivain vivant en France, juriste de formation qui a eu le professeur Maurice Kamto comme enseignant, la décision du Conseil constitutionnel de rejeter sa candidature sous les couleurs du MANIDEM n’est pas surprenante. « L’alliance entre ce mouvement politique révolutionnaire et l’idéologie du MRC, davantage progressiste, est contre-nature. Par ailleurs, le professeur Maurice Kamto a un charisme intellectuel, celui d’un technocrate, et pas nécessairement le charisme politique, qui s’appuie sur la mise en place de véritables stratégies pour atteindre ses objectifs politiques ». M. Djouari a surtout peur pour son pays natal, le Cameroun, qui pourrait bien avoir du mal à se remettre de cet épisode de contentieux préélectoral, et s’enfoncer encore un peu plus dans des divisions dont l’unique intérêt est de fragiliser le triangle national déjà secoué par la crise dans le Nord-Ouest Sud-Ouest, et l’insécurité l’Extrême-nord du pays, depuis plusieurs années.
Mais comme nous le savons tous, et les acteurs politiques en premier, nous passerons tous, mais le Cameroun restera. Autant en avoir conscience et tout faire tout pour léguer un héritage digne, un patrimoine valeureux, aux générations présentes et à venir. Cela passe nécessairement par la sauvegarde de la paix et l’enracinement de la démocratie, comme des piliers d’un Cameroun fier et debout.
Par Jean-Célestin Edjangué à Paris