Administrateur de la Chaire des littératures et des arts africains à l’Académie du Royaume du Maroc, Professeur en diplomatie culturelle à l’Université Lansana Conté (Conakry), Écrivain, Chroniqueur littéraire au Courrier de Genève, il revient de Moscou, auréolé d’une distinction, où il était invité par l’Organisation Mondiale des Écrivains (WOW) au 2ᵉ Congrès mondial des écrivains. Passionnant !  

Pr. Eugène Ebodé, vous revenez de Moscou, en Russie, invité par l’Organisation Mondiale des Écrivains (WOW) avec le soutien de la World Public Assembly (WPA), pour le 2ᵉ Congrès mondial des écrivains, sur le thème « Nous sommes de la même planète ». Comment s’est passé ce forum international ? Quels en ont été les résultats ?

Le monde vit plusieurs crises dont la conflictualité est l’un des épicentres. L’environnement international connaît un regain de tension qui frappe le multilatéralisme. Se rendre à Moscou dans ce contexte n’était pas facile. Je remercie l’Académie du Royaume du Maroc de m’avoir permis d’honorer l’invitation d’une puissante institution littéraire, WOW, où des centaines d’invités, venus de plusieurs disciplines et de plus de 120 pays, ont séjourné à Moscou pour panser et repenser notre monde. Le thème que vous avez rappelé en résume la philosophie.

Je tiens à féliciter WOW pour l’organisation impeccable, la profondeur des débats, la liberté et la créativité dans les échanges. J’ai participé à l’atelier sur « Les principes à élaborer pour une diplomatie littéraire efficiente ». J’en ai été le rapporteur parmi les dix qui ont présenté les synthèses des débats. Les journées ont été très riches. Les organisateurs publieront les contributions. Tous les continents étaient représentés à mon atelier, ainsi que les principales associations d’écrivains de la Fédération de Russie, d’Asie et du continent américain. Nous étions trois Africains dans ce panel : un Rwandais, un Malawite et moi. J’ai par ailleurs visité avec émotion la maison de Pouchkine, rue Arbat. J’ai atterri à Sheremetyevo, puis décollé de cet aéroport qui porte le nom de Pouchkine, l’illustre descendant du Camerounais Abraham Hannibal, que les rigoureux travaux du Pr Dieudonné Gnammankou ont révélé aux Russes et à la communauté scientifique mondiale. Moscou a été un grand moment, non de diplomatie parallèle, mais de réflexion sur nos communs à approfondir. Le prochain rendez-vous de ce type aura lieu à Rio en 2026.

Vous avez plusieurs casquettes, dont celles d’écrivain, d’universitaire, de journaliste et, bien sûr, d’Administrateur de la Chaire des littératures et des arts africains de l’Académie du Royaume du Maroc. Comment cet aspect pluridisciplinaire a-t-il alimenté votre intervention ?

Nous devons mobiliser la diversité dans nos réflexions et nos manières de penser, tout en étant ancrés, situés et non dilués. Je suis Africain, je vis au Maroc et l’universel ne m’est pas étranger. L’Agence Spoutnik nous a consacré, à Dr Rabiaa Marhouch et moi, une émission qui sera diffusée ce vendredi à l’international. Les auditeurs y entendront ce que je n’ai pas le temps ni l’espace de développer ici.

La WOW vous a récompensé pour les éminents services que vous rendez à la littérature. Quelle place réservez-vous à cette nouvelle distinction ?

Elle appartient à la Chaire des littératures et des arts africains de l’Académie du Royaume du Maroc. Cette Chaire est une extraordinaire plateforme de réflexion mutualisée pour l’Afrique et pour le monde. Je lui dois cette distinction et je la rends à cette institution sans équivalent en Afrique.

C’est la « Maison de l’Afrique qui pense et qui célèbre l’Afrique », comme le répète sans relâche le Pr Abdeljalil Lahjomri, notre Secrétaire perpétuel. Je suis heureux que cette Maison-là reçoive des trophées. N’oublions pas les enfants qui ont faim, le monde qui souffre, la haine qui monte. Cette dimension compassionnelle est un impératif pour les temps chahutés que nous traversons. Nos cultures africaines en partage, ainsi que l’exaltent Sa Majesté le Roi Mohammed VI, sont indispensables à la construction des ponts entre les nations, entre les générations, entre le passé et l’avenir, pour le sursaut, la sérénité et la créativité profitables à tous.

Je dois aussi mentionner que, parmi les récipiendaires de Moscou, la Marocaine Dr Rabiaa Marhouch, éditrice, universitaire et romancière, a été distinguée, de même que le nouveau président de la PAWA (Panafrican Writers Association), le Camerounais, l’érudit, écrivain, Pr Bill Ndi, de la prestigieuse Université de Tuskegee (Alabama). Nous l’avons d’ailleurs reçu en avril dernier, lui et le Président de l’Université de Tuskegee, le général Mark Brown, à la Chaire des littératures et des arts africains de l’Académie du Royaume du Maroc. Ma gratitude va aussi à l’écrivain et médecin nigérian Wale Okediran, présent et actif à Moscou, inlassable panafricaniste et inventif Secrétaire général de la PAWA. J’ai par ailleurs eu le bonheur de le côtoyer à l’Institut des Études Avancées de l’UM6P de Benguérir et j’ai apprécié sa vive intelligence à Rabat lors de la célébration à l’Académie du Royaume réservée en 2023 à un géant contemporain : Wole Soyinka.

Recueilli en ligne par J.-C. Edjangué

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