Également appelée île de Fotoba, elle est l’un des principaux joyaux de l’Archipel des îles de Loos, au large de Conakry, la capitale de la Guinée, à moins d’une demi-heure en bateau.
Pour s’y rendre, à partir de Conakry, il faut embarquer du côté du port du Boulbinet, au cœur de la capitale de la Guinée. La traversée, entre 25 et 60 minutes selon qu’on l’effectue en vedette pilote, bateau ordinaire ou pirogue à moteur. L’île de Tamara s’étend en un arc de cercle d’à peine 10 km de longueur et une largeur de 1,6 km pour une superficie de 15, 36 km², l’île de Loos (île des idoles en français). Une fois qu’on y est, elle s’offre aux visiteurs, à la fois généreuse et pudique, majestueuse de beauté et de charmes divers, témoins d’une histoire qui n’a pas toujours été joyeuse.
Le bagne de Fotoba
Et pour cause ! L’île abritait le pénitencier de Fotoba, le bagne, créé en 1905 en complément de la prison centrale de Conakry, ouverte en 1880. Le bagne de Fotoba était préalablement réservé aux indigènes condamnés à des peines d’incarcération de plus de deux ans, puis aux malades ainsi que des détenus jugés dangereux pour Conakry et ses habitants. Dans le registre des peines subies par les condamnés, il y avait les travaux forcés. Dans la première moitié du 20ᵉ siècle, entre 1918 et 1958, au moment de l’indépendance de la Guinée, l’établissement pénitencier joua le rôle de camp pénal et de relégation pour toute la fédération de l’Afrique Occidentale Française (AOF), enregistrant l’arrivée de grands bandits, condamnés à plus de cinq ans de prison, de cette région du continent africain. Dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en 1945, la prison centrale de Conakry et le bagne de Fotoba étaient les seuls édifices en dur de toute la Guinée. Les bagnards de Fotoba habitaient dans des huttes, les autres prisons de la colonie étaient en pisé, en terre crue. La terre peut être argileuse, même si on trouve souvent des constructions en pisé réalisées avec des terres fines.
Le phare de Tamara, 1ᵉʳ construit dans le golfe de Guinée
L’île est surtout connue pour son phare, édifié au tout début du 20ᵉ siècle, en 1905. Il était l’œuvre de l’Ingénieur Thompson, sur deux rochers dominant la mer sur 200 mètres d’altitude, avec une portée de 1.000 marins, soit 100 km, alors que le bâtiment proprement dit est d’environ 10 m de hauteur. Construit par les Français, le phare de Tamara est le plus important et le premier phare du golfe de Guinée. Il dirige les bateaux aux abords du port de Conakry et, pour l’avoir visité mardi 18 novembre 2025, je peux affirmer qu’il offre une vue à couper le souffle sur tout le secteur.
Pour se protéger d’éventuelles menaces des ennemis, le gardien du phare avait un canon du 20ᵉ siècle sa disposition, logé à quelques dizaines de mètres de la dépendance qui lui servait de lieu de repos ou de sieste. Une réalité qui peut paraître incompréhensible aujourd’hui, compte tenu de la superficie de l’édifice à protéger.
La conservation de cette arme, comme vestige d’une période pas si lointaine finalement, participe, autant que le phare et le bagne, du devoir de mémoire. Une mémoire qui doit encore être immortalisée, par exemple, en numérisant le livre d’or du phare Tamara, qui consigne depuis 1915, les émotions, sentiments et suggestions des visiteurs qui ont fait un tour pour vivre du haut du bâtiment majestueux du phare, un vrai moment de grâce et de bonheur.
Par Jean-Célestin Edjangué à l’île de Tamara par Conakry

