Première femme africaine docteure en mathématiques, cette Ivoirienne née au Cameroun, en 1945, parle de son parcours, de la nécessité d’avoir des conditions d’enseignements dignes pour l’épanouissement des élèves et étudiants.
Vous débarquez fraîchement d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, pour le Salon des auteurs de la Semaine africaine de l’UNESCO. Pourquoi ?
Écouter, c’est très important. C’est la première fois que j’ai entendu parler d’une semaine africaine de l’UNESCO et j’ai reçu l’invitation pour y participer. J’ai vu qu’il y avait le Salon des auteurs et donc je suis venu d’Abidjan avec quelques livres pour exposer.
Vous êtes venue directement d’Abidjan ?
C’est cela. Exactement.
Vous avez un parcours atypique, à tout le moins. Vous êtes née au Cameroun où vous avez vécu une bonne partie de votre enfance et même de votre adolescence. Surtout, vous êtes la première femme africaine docteure en mathématiques. Vous pouvez nous en parler ?
Comme vous l’avez dit, je suis née au Cameroun. À l’adolescence, mes parents m’ont envoyé en France, au Collège de Filles de Châtellerault, en classe de 3ᵉ. Depuis, j’ai effectué tout mon cursus en France, j’ai eu le BEPC, le Baccalauréat puis je entrée à l’Université Paris 6 et Pierre et Maire Curie, où j’ai fait tout mon parcours en mathématiques de la propédeutique, MGP à l’époque, jusqu’au doctorat de 3ᵉ cycle en mathématiques et après le doctorat de 3ᵉ cycle, j’ai été recrutée à Paris 7 comme maître assistante. Ensuite, je me suis mariée puis je suis rentré en Côte d’Ivoire.
Dans quelles circonstances êtes-vous arrivée au Cameroun ?
Mes parents étaient installés au Cameroun. J’ai vécu à Douala. J’ai fait le Collège des Filles, à New-Bell (actuellement Lycée de New-Bell), de la 6ᵉ à la 4ᵉ. Mes parents m’ont envoyé en France, en 1959, pour poursuivre les études.
Vous vivez donc en Côtes d’Ivoire. Mais êtes-vous toujours enseignante ?
Quand on est professeure des universités, on l’est à vie. On est invité partout pour donner des conférences, faire valoir son expertise. Mais maintenant, j’écris surtout des livres pour démystifier les mathématiques et transmettre.
Quel regard portez-vous sur le rapport des Africains aux mathématiques, en comparaison avec le temps où vous vous y intéressiez comme objet d’étude ? Vous avez l’impression que les Africains s’intéressent de plus en plus aux mathématiques ou rien n’a changé ?
Il y a d’abord les conditions d’apprentissage d’abord, qui amène l’enfant à s’intéresser aux mathématiques. Mois, j’ai appris les mathématiques parce que les professeurs étaient des français, ils maîtrisaient bien la langue française. En mathématique, il y a deux langues : la langue française et la mathématique. Il y a des mots qui parfois dans la littérature n’ont pas le même sens que dans les mathématiques. Ce qui veut dire que quand vous enseigner et que vous ne savez pas bien expliquer aux enfants, vous les rebuter. Et j’ai toujours dit qu’enseigner les mathématiques à un africain en français, c’est exactement le résultat qu’on obtiendrait en enseignant les mathématiques à un japonais en français.
Merci beaucoup Docteure Joséphine Guidy Wandja, Très honoré d’avoir passé ce moment avec vous.
C’est moi qui vous remercie d’être venue jusqu’à moi.
Recueilli par Jean-Célestin Edjangué