Journaliste, Pasteur, et Promoteur du Festival Jazz & Co, dont la 17e édition aura lieu du 13 au 16 novembre 2025, à Dalaba, dans le Fouta Djalon, il lève un pan de voile sur la programmation, non sans avoir au préalable raconté la genèse de ce projet, les difficultés rencontrées et les perspectives d’avenir. Réjouissant !
Comment est né le projet du Festival Jazz and Co et quelle en est l’ambition ?
Je suis passionné par le jazz et le live, la prestation en direct devant le public. J’ai découvert le Jazz par mon père, qui était un mélomane, aimant la musique, le bon rythme. Papa avait un phono disque à la maison, il était le seul à en avoir dans le village de maman. C’est incontestablement ce contexte qui m’a prédisposé à devenir par la suite un inconditionnel de cette musique qui est aussi une véritable philosophie de vie.
L’objectif du festival, c’est de faire de la Guinée une grande destination du Jazz. Des pays comme le Burkina Faso, avec Jazz à Ouaga, ou encore le Sénégal, avec Saint-Louis Jazz, semblent en perte de vitesse. Ce qui nous a encouragés à reprendre le flambeau, pour faire rayonner la sous-région avec le jazz.
Par ailleurs, la Guinée a toujours été un pays de musique du monde, avec des orchestres légendaires et encore aujourd’hui, au Jardin de Guinée, le week-end, il y a toujours un orchestre qui se produit avec des sonorités diverses et variées.
L’année dernière, la Jeunesse était au cœur du Festival Jazz & Co, avec le thème « Jazz et jeunesse de demain ». Un mot sur « Jazz, femme et jeunesse au cœur du brassage culturel », nouveau thème, et les grandes lignes programmatiques de cette 17ᵉ édition ?
La jeunesse reste au cœur de la réflexion et des échanges de cette 17ᵉ édition. D’abord parce que la Guinée, à l’instar de l’ensemble du continent africain, est un pays essentiellement jeune sur le plan démographique. Ensuite, il est fondamental d’impliquer cette jeune population à la construction de notre pays et plus largement de l’Afrique. Dans cette optique, nous faisons participer les écoles, les collèges, lycées et même des établissements supérieurs, à cette grande fête culturelle.
La thématique de cette nouvelle partition du festival Jazz and Co est « Jazz, Jeunesse et femmes au coeur du brasse culturel ». Le premier message visé, c’est de continuer le thème de l’année dernière. Et comme le festival se déplace à, Dalaba, pour cette 17ᵉ édition, nous voulons impliquer davantage les femmes en les valorisant via des programmes d’appuis aux activités en zone rurale. Quant aux grandes lignes de la programmation de cette année, ce sont les activités d’apprentissage de la langue espagnole qui ont eu lieu du 21 au 23 octobre au CCFG, avec un engouement extraordinaire. Nous allons par ailleurs rendre hommage à Miriam Makeba, dont la maison fait partie des sites touristiques de Dalaba, puisque le lancement se fera à Manta, le village de Sory Kandja Kouyaté, qui était un immense artiste, de cette région.
Organiser une manifestation culturelle dans la durée relève d’un véritable exploit. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez chaque année et comment faites-vous pour essayer de les surmonter ?
La première vraie difficulté, c’est la mobilisation des ressources financières, car c’est toujours difficile en Afrique d’avoir de véritables mécènes avec qui signer un contrat dans la durée, pour gérer la programmation tranquillement, de manière souple. Or le festival est un miroir pour la promotion de la Guinée sur les plans touristique, environnemental, patrimonial… Dans des pays comme la Côte d’Ivoire, les manifestations culturelles, notamment, sont généralement inscrites dans les lignes budgétaires de l’Etat, ce qui garantit la programmation.
Le festival du Jazz de Guinée tente tant bien que mal de résister. La conviction, la détermination et la résilience nous permettent de continuer à avancer avec le soutien de l’État guinéen et quelques accompagnateurs privés et institutionnels comme le CCFG, l’Ambassade d’Espagne. Dans tous les cas, nous allons poursuivre notre mission, celle d’apporter la joie, la bonne humeur, pour non seulement adoucir les mœurs des Guinéens et des Africains, mais également pour le mieux-vivre ensemble.
Recueilli par J.-C. Edjangué

