Le festival fête sa quatorzième édition du 16 au 19 novembre dans la terre du mythique groupe Bembeya Jazz.
Si la musique est connue pour adoucir les meurs, le festival Jazz and CO va bien au-delà. Et pour cause ! Cette manifestation d’utilité publique, créée en 2009, fait de la Guinée une destination rare à la fois touristique, environnementale, historique, gastronomique et culturelle.
Convivialité et proximité
« L’idée vise à créer un espace de rencontre et d’échange entre les professionnels de la musique jazz. C’est aussi un véritable tremplin pour la nouvelle génération d’artistes et un brassage d’expériences culturelles entre la Guinée et les autres pays du monde. D’année en année, ce festival s’institutionnalise », déclare Alfred Houlemou (Lire par ailleurs), initiateur de cette belle fête de la culture et de la musique. Pour lui, il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’il s’agit d’un moment privilégié de rencontre et de partage, qui donne de la joie aux populations des différentes aires géographiques qui ont le bonheur de vivre l’évènement en direct, au plus près des musiciens. « C’est un spectacle de convivialité et de proximité », souligne encore Alfred Houlemou. C’est que le Jazz, loin d’être une simple musique, est aussi une ambiance, un art de vivre, une philosophie, une manière de se comporter dans et en dehors de la société. Rien d’étonnant, alors, que ce rendez-vous des amoureux d’un certain art de vivre, d’un mieux-être ensemble qui conjugue l’enracinement traditionnel et l’ouverture vers la modernité et au reste du monde, draine du beau public chaque année, depuis 13 ans, sur la terre du Bembeya Jazz. Ce groupe de musique guinéen qui a vu le jour en 1961 et dont le style puisait son inspiration dans les racines de la musique mandingue avant de tracer son sillon en incorporant des guitares électriques et des influences comme le jazz, la rumba et la salsa cubaine.
« Musique de résistance »
Mais le Jazz est surtout connu pour avoir été, dès l’origine, une musique de résistance pour les Noirs américains face à l’oppression des Blancs. C’est d’ailleurs ce que Tabue Nguma, qui travaille pour le Secteur des Sciences Sociales de l’UNESCO, évoque en parlant de corrélation entre le Jazz, le Nègre et l’Afrique. « Le Jazz, le Nègre et l’Afrique forment une sorte de triptyque qui propose une articulation dynamique de la relation entre oppression, résistance et culture », note-t-il dans un article publié dans la revue Esprit pour les 90 ans de ce support.
Né aux États-Unis au début du XXe siècle des noirs américains, le jazz à l’origine vient du croisement du blues, du ragtime, le negro spiritual et de la musique classique. L’une des caractéristiques du jazz est d’utiliser l’improvisation et de donner une grande place au rythme. Parmi les grands noms américains qui ont popularisé ce genre musical, on peut citer Miles Davis, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald ou encore Duke Ellington. Depuis, des musiciens africains comme Manu Dibango, Ray Lema, Angélique Kidjo, Jonas Gwangwa, Miriam Makeba ou encore Hugh Masekela, pour ne citer que ceux-là, ont nourri le jazz des différentes influences culturelles, musicales, continentales et même mondiales pour lui donner une coloration beaucoup plus riche encore. L’idée est de favoriser la danse et le rythme swing. C’est l’époque de l’euphorie rythmique (batteurs et bassistes). C’est ainsi qu’apparaissent les premiers Bigs Bands. On a de grands orchestres et de grands solistes.
Cette histoire du Jazz, c’est aussi ce qu’entend faire revivre le festival Jazz and CO, depuis sa création en Guinée. Tant il est vrai que culture et histoire font nécessairement bon ménage.
Rendez-vous est donc pris pour les 14 printemps de ce festival qui, décidément, n’est pas comme les autres.
Par Jean-Célestin Edjangué à Paris