Réalisateur, Directeur de production, ce Camerounais d’origine, promoteur de Undercover Brothers Entertainment, société de production et distribution pour le cinéma et la télévision africaine, initiatrice de la Semaine du cinéma dont la 5ᵉ édition est prévue du 26 juillet au 1er août 2025, à Libreville, capitale du Gabon, il explique la Genèse du projet, ses objectifs et spécificités de cet évènement unique dans la valorisation du 7ᵉ art africain. Lisez plutôt.
La 5ᵉ édition de la Semaine du cinéma se déroulera à Libreville, capitale du Gabon, du 26 juillet au 1er août 2025. Comment est née l’idée de ce projet qui promeut le 7ᵉ art africain et quels en sont les objectifs ?
Au départ, on voulait tout simplement faire distribuer les longs métrages africains en salles avec en lever de rideau les court-métrages et séries. Car vous n’êtes pas sans savoir que les productions africaines manquent cruellement à l’appel en matière de distribution tant sur le continent qu’en dehors. Et un membre de l’équipe a suggéré de créer d’autres activités autour de ces projections. Et de fil en aiguille, on s’est rendu compte que nous étions en train de monter tout simplement un festival. Et le nom LA SEMAINE DU CINÉMA est arrivé dans nos têtes naturellement, comme une évidence.
Les objectifs de ce festival sont multiples. Dans un premier temps, nous souhaitons que les productions africaines et de sa diaspora soient distribuées à grandes échelles. Ensuite, nous souhaitons former et informer la nouvelle génération sanctionnée par des bourses d’études, créer des fonds d’aide à la production afin que nos créateurs et producteurs soient de plus en plus indépendants, inciter nos gouvernements, les entreprises et leur montrer que le cinéma et la télévision sont non seulement des armes puissantes, mais génèrent également d’énormes profits. Enfin, nous voulons faire de La Semaine du Cinéma, un véritable outil continental, où tous les talents s’expriment avec la certitude que leurs productions vont bénéficier d’une véritable visibilité. Raison pour laquelle nous ne fermons jamais la porte aux médias, car ils sont les premiers concernés par ces objectifs.
En bref, nous souhaitons construire une très grosse industrie à travers ce festival.
Quelle sont les innovations, particularités et têtes d’affiches de cette 5ᵉ édition ?
La première innovation ici, c’est le changement de pays (rire). Plus sérieusement, au niveau des Master class, nous avons décidé de travailler uniquement avec les intervenants locaux, c’est également une façon de mettre en avant toutes les compétences dont regorgent le Gabon et ça va créer également des liens entre ces professionnels et leur public. Nous travaillons aussi pour mettre en place une visite touristique, nous avons tellement de magnifiques décors sur nos terres, mais malheureusement très peu exploités, voire pas du tout pour les tournages. Donc à travers ces visites touristiques, on voudrait mettre l’accent sur l’impact du cinéma sur le tourisme. Pour les têtes d’affiches, ce seront aussi des noms de réalisateurs locaux, mais vous les découvrirez dans les prochains jours. La Semaine du Cinéma, c’est comme une série, si vous décelez très vite le nœud dramatique alors, il n’y a plus d’intérêt. Bref, cette année, nous mettons l’accent sur les talents locaux. Voilà la particularité de cette 5e édition.
Cinq ans, ce n’est cinq mois, ni cinq semaines, encore moins cinq jours. Pouvez-vous dresser un mini bilan des quatre premières éditions de cet événement culturel majeur du cinéma africain ?
C’est vrai que ça passe très vite, ça fait cinq ans déjà. Mais ça fait plaisir parce que nous tenons le coup malgré tout ce que nous subissons depuis le début. En même temps, nous avons un cahier de charge bien défini et des objectifs à atteindre, donc on mettra tout en œuvre pour que ça se concrétise. Concernant le bilan des 4 premières éditions, nous sommes plutôt satisfaits du travail abattu jusqu’ici, surtout que tout est parti de Yaoundé en 2021 avec le public et les nombreux partenaires locaux et internationaux qui ont manifesté leur intérêt pour ce nouveau festival. Il y a encore des petits couacs. Certes, mais chaque année, nous essayons d’améliorer les choses, de ramener de nouveaux partenaires, créer de nouvelles synergies. Nous avons pas mal de retours positifs par rapport à ce festival et c’est plutôt gratifiant.
Seulement, je puis vous dire que nous grattons à peine la surface, nous ne sommes même pas à 10 % de ce que le festival peut offrir au public. Nous espérons avoir un budget conséquent qui nous permettra de faire ce que nous avons véritablement prévu de faire. Voilà pourquoi, nous continuons de demander aux sponsors, aux partenaires, mécènes de nous faire confiance, de nous rejoindre pour faire de cet évènement, une véritable machine de guerre, car il y a tellement de talents chez nous, tout ce qu’ils demandent c’est être vus et entendus. Parce que je peux vous promettre, le jour où nous aurons de gros moyens à disposition, vous allez nous demander « c’est ce dont vous aviez en tête ? » et on vous répondra avec le sourire « oui, parce que nous avons une industrie à construire ! ».
Mais je ne suis pas inquiet, parce que ce jour… va arriver.
Recueilli par J.-C.Edjangué