Président fondateur de l’Association Nguinã Sawa, en 2020, qui organise la 4ᵉ Journée culturelle et traditionnelle Sawa, le 27 juillet 2025 à Montreuil (93), en région parisienne. Il a bien pris un peu de son temps pour parler de l’idée qui préside à la création de cette structure ainsi que des ambitions de la manifestation de ce dimanche.
Avant de parler de l’événement du 27 juillet à Montreuil (93), comment est née Nginá Sawa et quels les objectifs de cette association ?
M. Edjangué merci pour l’intérêt que vous portez à la culture et la tradition Sawa par l’évocation de Ngiña Sawa. C’est une association basée à Paris regroupant les filles et les fils Sawa sans distinction de tribu de Campo à Mamfé. Nous disposons aussi d’une représentation à Douala.
J’ai fait le constat que tous ceux qui se réunissent en Europe en général et en France en particulier le font sur la base d’un lien soit familial (même village, même quartier), soit académique (ancien de tel lycée, de telle université), soit pécuniaire (tontine), soit caritatif (bienfaisance). Ce qui nous réunit de façon bénévole, c’est uniquement le sang Sawa qui coule dans nos veines.
Notre mission comporte deux volets. D’abord, valoriser et promouvoir nos us et coutumes en organisant tout au long de l’année des événements à caractère culturel et ludique, comme en octobre un café littéraire pour la découverte de nos œuvres, ou en mars, un atelier gastronomique pour la valorisation de notre patrimoine culinaire, en juillet “EMUNE” la journée culturelle et traditionnelle Sawa, et en août une journée sportive. À court terme, nous souhaitons mener des actions de bienfaisance en pays Sawa, en apportant des solutions intellectuelles, matérielles et financières.
À moyen terme, nous souhaitons constituer une internationale Sawa regroupant les associations Sawa conscientes des enjeux à travers le monde, en nouant des partenariats. À long terme, en créant un pôle multimédia et une maison de la culture Sawa en occident, à fin d’apporter une visibilité à l’excellence Sawa. L’autre volet de la mission de l’association Nginã Sawa, c’est d’être force de propositions. Nous avons rédigé à cet effet un mémorandum adressé à nos élites et nos chefferies traditionnelles, concernant l’accueil officiel des autorités de passage en France, la tenue commune à tous les Sawas, l’espace d’études dédié à nos traditions dans toutes les chefferies en plus du Ngondo, ou encore la démarche pour la reconnaissance du Ndolè et du makossa au patrimoine de l’Unesco. Nous nous félicitons d’ailleurs, de la mise en place de certaines de nos propositions.
L’ensemble des activités de l’association Ngiña Sawa ont un seul et unique but, la pérennité de notre essence, notre matrice à l’étranger et en pays Sawa. Un héritage pour la future génération.
Le programme de Emunē 4 s’annonce riche, coloré et très varié. Que veut dire Emunē et en quoi cette édition est-elle particulière par rapport aux précédentes ?
« Émuné » signifie la vague. Elle déferle, elle se propage, elle a transporté nos aïeux. Nous sommes, avant tout, les enfants des eaux, lesquels réunissent tous les peuples côtiers partant de Campo jusqu’aux confins du cross river au Nigeria. La puissance de la vague nous porte.
La 4e édition d’Emunè s’annonce particulièrement intéressante et attendue, car nous n’avons pas pu l’organiser l’année dernière à cause des Jeux Olympiques.
En occident, en tant que pionnier dans la vulgarisation de la culture et de l’ancestralité Sawa en été, nous réservons à tous nos invités un moment extraordinaire de découvertes et de convivialité avec beaucoup de surprises.
Le Cameroun s’apprête à choisir son nouveau président de la République, le 12 octobre prochain. L’association Nginã Sawa, bien qu’apolitique, a-t-elle un message à l’adresse de la communauté Sawa de la diaspora, notamment en France ?
Oui, nous sommes une association apolitique qui s’inscrit dans le domaine culturel, mais il est bon de rappeler que la politique fait partie de notre société. Pour construire des routes, des écoles, des hôpitaux, nous souhaitons à la tête de nos agglomérations, des personnalités qui ont le souci du bien-être du littoral. Nous comptons sur les chefs traditionnels, les notables, afin d’aider les autorités dans ce sens. Notre peuple est à la croisée des chemins, si rien n’est fait, nous sommes voués à disparaître dans les 50 prochaines années. Ce sera le grand remplacement du Moungo à la Sanaga Maritime, du Nkam au Wouri sans oublier le Sud-Ouest. C’est l’occasion pour nous, d’apporter aux populations Sawa de ces départements et régions, notre solidarité. Il va s’en dire que nous appelons chaque citoyen ayant sa carte électorale à élire le candidat qui sera à même d’améliorer la vie des filles et des fils Sawa pour un Cameroun, berceau de nos valeureux ancêtres, uni dans la paix et la prospérité.
Recueilli par J.-C. Edjangué