Membre fondateur de la Fondation Félix Moumié qui vise à restaurer la mémoire des Martyrs Camerounais et Africains. Il est à Conakry depuis le 27 octobre 2022 pour commémorer les 62 ans de l’assassinat du Dr Roland Félix Moumié à Genève, le 03 novembre 1960, par des agents de renseignement français.

Pourquoi êtes-vous sur les traces du Dr Moumié depuis un an ?

C’est pour reconstruire la mémoire de Félix Roland Moumié et une partie de l’histoire de l’UPC en Guinée et particulièrement à Conakry et des combattants de la lutte de la libération de l’Afrique. Moumié était panafricain et la Guinée était au centre du panafricanisme. Le président Sékou Touré était l’un des défenseurs acharnés de la lutte pour la libération de l’Afrique et du panafricanisme. Membre fondateur de l’OUA, en 25 mai 1963, le président Sékou Touré faisait partie avec Kwamé Krhuma, Hélas Sélassié, Julius Nyéréré, Ahmed Ben Bella, et bien d’autres, du groupe de ceux qui voulaient absolument la création des Etats-Unis d’Afrique.

Surtout, c’est la Guinée de Sékou Touré qui a accepté de recevoir sa dépouille alors que le président Ahmadou Ahidjo du Cameroun avait refusé qu’il soit enterré au Cameroun. Le poison qui avait été injecté à Moumié à Genève devait lui permettre d’arriver jusqu’à Conakry où il résidait pour qu’il succombe là-bas. Mais la dose a été plus forte, ce qui n’a pas permis au Dr Moumié de supporter jusqu’à Conakry. Il est donc mort au restaurant Plat d’argent.

Vous êtes sur les traces de Roland Moumié depuis un an. Vous pouvez nous raconter ?

Ça n’a pas été évident dès le départ. On nous a d’abord orienté vers le cimétière « Cameroun », le plus grand cimetière de Conakry. Mais il s’est avéré que ce n’est pas le lieu exact. Ensuite, j’ai demandé à rencontrer un vieux compagnon de Sékou Touré qui m’a indiqué que Moumié a été enterré à Kaloum, au cimetière de Boulbiné. Je me suis déplacé pour rencontrer un professeur d’université, historien et ancien ministre, ainsi qu’un jeune journaliste guinéen, la famille Ekwalla Robert et la famille Bell. Tous m’ont confirmé que le corps de Moumié était bien dans ce cimetière. Les notables et autorités traditionnelles et civiles de Kaloum m’ont reçu, confirmé de ce que Moumié est enterré à Kaloum. Confirmation également à la maison de Sékou Touré en plein centre-ville de Conakry.

Une fois la tombe découverte, en avril 2022, c’est un choc. La tombe était dans un état de délabrement avancé. Dire que Moumié a donné toute sa vie pour le Cameroun et l’Afrique.

J’ai tout de suite commencé le projet de restauration de la tombe. J’ai pris attache avec un entrepreneur qui a préparé un devis et c’est à la base de ce document que je vais retourner à Bruxelles pour mobiliser la diaspora combattante sous la coordination du Pr. Nyamsi Wa Kamerun qui s’est impliqué personnellement à la fois financièrement et pour les démarches administratives. Ce qui a permis de commencer la première phase des travaux avec un budget de 20.000.000 de FG (2.000 euros). Ces travaux ont consisté au nettoyage de la tombe et les alentours. La deuxième phase a coûté, elle aussi, 20.000.000 FG (2.000 euros) pour la maçonnerie, la pose des carreaux et la peinture des murs, la motivation des gardiens et veilleurs. plaques commémoratives, les grilles de sécurité… Depuis mon arrivée, le 27 octobre, la troisième phase d’un montent de 10. 000 000 FG(1.000 000 euros) est en train de se mettre en place : réfection de la toiture, maçonnerie, pose des carreaux sur la toiture pour l’étanchéité, peinture…

Nous sommes en plein 62ᵉ année de la mort de Moumié. Quelles sont les manifestations prévues dans ce cadre ?

Effectivement, nous avons prévu une série d’activités : la cérémonie de dépôt de gerbe à Conakry, avec des étudiants camerounais et la société civile, le 10 novembre, en présence de la proviseure du Lycée Moumié de Nzérékoré, et quelques autorités. Nous avons prévu une série de visites dans des familles de rescapées et des membres de la communauté camerounaise, des associations, femmes et hommes d’affaires, sans oublier des partis politiques et syndicats guinéens. Une grande conférence internationale sur « Roland Félix Moumié et Sékou Touré, une même ambition panafricaniste », se déroulera fin novembre 2022  Conakry. Je suis fier de ce que je fais pour restaurer la mémoire de Roland Félix Moumié. C’est aussi pour rendre hommage à mon papa et à tous ceux qui sont morts en Afrique pour leurs idées de résistants et la lutte pour l’indépendance de notre continent.

Recueilli par J.-C. Edjangué

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