Président de l’Association Waraba d’Afrique, qui promeut l’alternance politique par les urnes et de manières pacifiques ainsi que la lutte contre toutes les formes de violences et d’atteintes aux droits humains, avocat conseil de la famille d’Ahmed Abdou alias Fanou, un jeune gendarme de 20 ans, découvert mort après des soupçons de tentative d’assassinat du président Comorien Azali Assoumani, en septembre 2024, il parle des menaces dont il est victime ainsi que la famille du défunt, à Mayotte.  Saisissant !

Maître, merci pour votre disponibilité. Vous êtes actuellement à Mayotte, où vous défendez les intérêts du jeune Fanou, un militaire de 20 ans soupçonné de tentative d’assassinat du président Azali Assoumani des Comores, le 13 septembre 2024, dans la localité de Salimani Itsandra. De quoi s’agit-il exactement ?

Effectivement un militaire aurait agressé le colonel Azali Assoumani à l’aide d’un couteau, occasionnant une légère blessure à la main et sur le visage de ce dernier. Outre l’indignation sur le fait de cette agression, notre stupeur a été de constater la réponse disproportionnée et criminelle à cet acte. Ce jeune militaire, embastillé de force à la présidence de la République, subissant des tortures inavouables, liquidé moyennant des traces provenant des coups d’armes sur le corps et transféré par la suite à la brigade des recherches et à la santé militaire… les constatations médicales légales n’ont pas été établies, pour éviter de relever et de confirmer les constatations effectuées par ses parents et proches qui ont lavé le corps, conformément aux prescriptions de l’islam. La déclaration de Monsieur le Procureur de la République de Moroni (Comores) est une forfaiture ainsi que le prouvent les contradictions dans ses deux déclarations.

En courrier du 03 novembre 2024 (qui nous est parvenu à la rédaction), votre confrère Joanes Louis, du barreau de Paris, saisissait le Préfet de Mayotte, à Mamoudzou, pour faire état des menaces de mort et de violences verbales contre les demandeurs d’asile comoriens et à votre encontre, tout en sollicitant que l’Association Solidarité Mayotte reçoive la famille du défunt pour faciliter la procédure d’asile lui concernant. Où en est-on aujourd’hui ?

Comment croire à l’histoire racontée par le Procureur de la République lorsque nous-mêmes avons toutes les preuves en mains des tortures infligées. Comme je vous le précise, nous avons toutes les preuves indiscutables des sévices endurées par ce jeune soldat. Nous avons fait un signalement à l’ONU à ce sujet dûment étayé dont nous pouvons vous faire copie.

La position du procureur de la république est claire, masquer par un artifice juridique les faits afin de disculper la chaîne de commandement partant du chef de l’État lui-même en passant par son fils, commandant de la gendarmerie et la hiérarchie   impliquée dans cette tragédie. Il est à noter que des membres de la famille du défunt ont été aussi interpellé, notamment sa mère pour être auditionné, accompagnée de son bébé de huit (8) mois. Son époux, beau-père du martyr, le petit de ce dernier, âgé seulement de 12 ans ont aussi été arrêtés et gardés par les militaires agissant sous l’autorité du colonel Azali Assoumani, chef de l’État et son fils lui-même commandant de la gendarmerie pour faire pression et obtenir un silence de la famille sur ce drame. Dans le cadre d’une procédure qui devrait être menée, l’enquête judiciaire ouverte, on devrait aboutir à la manifestation de la vérité, avec les noms des personnes impliquées dans cet assassinat. Malheureusement, ce n’est pas le cas actuellement. Quant aux menaces de mort dont j’ai été victime, il faut se souvenir que le Colonel Azali a déclaré que tout opposant à son régime subira le même sort de terreur, oubliant qu’il peut être lui-même victime de sa propre politique de terreur, de violences de la part de son entourage proche.

Vous êtes certes avocat, acteur de la société civile, vous êtes aussi homme politique, président du parti Ridja Pactef. Comment pensez-vous aider les Comores à redevenir un État de droit ?

Effectivement, je suis avocat, mais aussi Président du RIDJA-PACTEF, parti politique d’opposition au régime dictatorial instauré par le colonel Azali Assoumani et sa famille avec la complicité de sbires placés dans toutes les strates de l’administration. Comment retrouver un État de droit aux Comores que par la tenue d’élections démocratiques présidentielles, législatives et municipales ? Aujourd’hui, le système électoral est totalement corrompu et les élections à venir seront un copier-coller des présidentielles de janvier 2024.

La tricherie généralisée fera son œuvre et l’Assemblée nationale en sera le reflet.

C’est pour cela que nous, le RIDJA-PACTEF, nous ne pouvons cautionner cette mascarade

 Pour que l’État de droit puisse prévaloir à nouveau aux Comores dans toute sa plénitude, il faudra revenir aux accords de Fomboni qui instituaient une présidence tournante ou bien reconsidérer les choses par la mise en place d’une nouvelle constitution, reflet des aspirations démocratiques de nos concitoyens dans un esprit de modernité pour affronter le 21ᵉ siècle.

Recueilli en ligne par J.-C. Edjangué

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *