Après la publication, le 26 juillet 2025, de la liste des candidatures « acceptées » par le Conseil Elécam, les camerounais de France ont les yeux fixés sur la plus haute instance juridique qui a jusqu’au 11 août pour vider le contentieux électoral, notamment sur le cas Maurice Kamto, dont la candidature a été rejetée pour « Pluralité de candidatures au Manidem ». Samedi dernier, 02 août, des camerounais de la diaspora ont rencontré Dr David Eboutou, spécialiste des relations internationales, à Ris-Orangis (91), notamment autour du climat socio-politique au Cameroun, dans le contexte de la présidentielle d’octobre 2025.

« Le climat qui prévaut au pays est celui de la crainte d’une attente, celle de la prochaine élection présidentielle. Une atmosphère surtout présente au sein des administrations. Car le commun des Camerounais vaque normalement à ses occupations quotidiennes ». Le Dr David Eboutou, spécialiste des relations internationales, de passage à Paris, dans le cadre d’une tournée européenne, a partagé son sentiment, samedi 02 août dernier, quant au contexte socio-politique du triangle national, tel qu’il l’a laissé il y a quelques jours. Nous étions quelques amis dont Dr Calvin Djombè, passionné de philosophie, Marlyse Sinclair, chroniqueuse, réunis par Calvin Djouari, dans un cadre convivial, propice à la réflexion et l’échange sur la littérature (nombre d’entre nous étant auteurs), mais aussi autour du passé et du devenir de l’Afrique, en prenant prétexte des consultations populaires attendues notamment en Côte d’Ivoire, le 25 octobre, et au Cameroun, le 12 octobre 2025.

L’occasion, surtout, d’affirmer notre attachement commun à la paix et stabilité du triangle national, et la nécessité d’accélérer développement équitable du pays, pour le bonheur de la majorité de nos compatriotes de l’intérieur comme de la diaspora. Autant dire que depuis la publication de la liste des 13 candidats acceptés par Elécam et la clôture des recours auprès du Conseil constitutionnel, les yeux des Camerounais de l’étranger sont fixés sur cette instance.

« Le cas Maurice Kamto »

« Nous attendons, avec une certaine impatience, la réponse du Conseil constitutionnel, qui a été saisi lundi 28 juillet 2025 et qui peut se prononcer jusqu’au 11 août 2025. Dans l’attente, c’est difficile de faire une quelconque analyse. Ce que je peux dire, comme responsable FCC Schengen Europe, c’est que nous sommes en face d’une incongruité sans nom, qui tend à montrer que la candidature de M. Dieudonné Yebga a été montée de toute pièce, pour empêcher celle du professeur Maurice Kamto ». Paul Yamga, soutien du candidat du Manidem, Maurice Kamto, à la présidentielle du 12 octobre 2025, au Cameroun, n’en revient pas du rejet de cette candidature par le Conseil Elécam, qui a publié la liste des « candidats acceptés », samedi 26 juillet dernier, sans le nom de celui qui est considéré, aujourd’hui, par nombre des observateurs de la chose politique du triangle national comme le principal opposant à la politique du régime du président Paul Biya.

Car ça n’a pas toujours été le cas, le professeur Maurice Kamto ayant été Ministre Délégué à la Justice lors de la double contestation sociale et politique qui a embrasé le Cameroun en février 2008, avec en toile sur fond le refus, notamment de la part des jeunes générations, de la modification de la constitution visant à faire sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels. Des émeutes parties de Douala, et qui avaient agi comme par contagion, pour atteindre neuf des dix régions du triangle national, faisant plusieurs dizaines de morts et d’importants dégâts matériels.

« Situation complexe »

Pour Paul Yamga, « les manigances du régime se font maintenant à visage découvert, sans pudeur ». La preuve ? « Monsieur Dieudonné Yebga était exclu du parti Manidem et vivait tranquillement dans son village comme Mbombog, un sage, avant de sortir du bois pour régler ses comptes avec Anicet Ekanè, président du Manidem, qu’il considère comme responsable de son éviction. Cette réaction donne l’impression que le Cameroun est devenu un pays où le mensonge, la mafia, sont érigés en pratiques de la vie quotidienne. Il est temps que tout le monde sache que le gouvernement camerounais est en train de tuer tout un peuple, le pays entier. C’est une situation inacceptable », tempête-t-il, avant de conclure, « on ne laissera pas faire de notre pays n’importe quoi ».

Une posture qui est loin d’être partagée au sein de la diaspora camerounaise en France. Pour Luc Bienvenu Banemeck, ancien président de l’Observatoire des élections de la diaspora camerounaise (Oedc), l’invalidation de la candidature de M. Maurice Kamto aux couleurs du Manidem est salutaire. « C’est une chance historique pour l’opposition camerounaise qui peut se regrouper et mieux peser sur le résultat final du scrutin du 12 octobre 2025. Pour ce faire, il faut que les différents partis politiques de poids au sein de cette opposition puissent se parler, adopter dès à présent une stratégie commune pour la gagner ensemble. Cela suppose un bon médiateur, un expert en matière de négociation et de médiation, pour rapprocher les points de vue et les objectifs afin de tendre vers le même but », confie-t-il, avant de se rappeler que c’est du Cameroun dont il est question : « J’avoue que dans la réalité, ce n’est pas du tout une simple affaire ». Le fait, pour le Conseil constitutionnel, d’avoir eu, dans un premier temps, à enregistrer deux recours concernant le cas du professeur Maurice Kamto, avant que l’un d’eux soit retiré, risque de rendre la situation encore plus complexe.

Par Jean-Célestin Edjangué à Ris-Orangis

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