La capitale gabonaise accueillera la manifestation alors que bien des questions se posent sur 7ᵉ art du berceau de l’humanité.
L’évènement itinérant, en dépit d’un léger décalage par rapport aux dates originelles, fait escale à Libreville, au Gabon, pour sa 5ᵉ édition, après Yaoundé, au Cameroun, Niamey, au Niger et Brazzaville, au Congo. Une édition spéciale à plus d’un titre, et pas seulement parce que l’Afrique doit construire beaucoup plus de salles de projections cinématographiques…
Contexte délicat
Le cinéma africain n’est pas au mieux de son rayonnement. C’est le moins qu’on puisse dire. En dépit des manifestations, festivals et autres évènements mettant en lumière les réalisateurs, les productions cinématographiques et les histoires africaines, force est de constater que le 7ᵉ art africain est en perte de vitesse. Quelques éléments permettent d’étayer cette réalité, à commencer par la présence des œuvres africaines dans les grands festivals de cinéma à l’échelle mondiale. Lors de la 78ᵉ édition du Festival de Cannes, en mai 2025, par exemple, six œuvres de cette région du monde ont été mises en exergue, à l’instar de “The Last Tears of the Deceased” du réalisateur éthiopien Beza Hailu Lemma ou «My Father’s Shadow» du nigérian Akinola Davies, sans qu’aucun acteur ne décroche les prix les plus prestigieux. Et si le long métrage de Akinola Davies, présenté dans la catégorie « Un certain regard », a reçu la mention spéciale de la Caméra d’or, c’est véritablement l’arbre qui cache la forêt. Même si la sélection de « My father’s shadow », lors de cette 78ᵉ édition du festival du film à Cannes, semble suffire à faire le bonheur de Prince baba Agba, Conseiller culturel du président Bola Tinubu : « Entrer dans la compétition pour la première fois montre que le cinéma nigérian a atteint sa maturité », estime-t-il.
Pour rappel, la 77e édition du Festival de Cannes, en mai 2024, avait déjà amorcé un recul pour le cinéma africain, qui, en 2023, avait enregistré une sélection de douze films.
« Formation, découvertes touristiques, gastronomiques… »
Pourtant, les histoires intéressantes ne manquent pas. Le public non plus, même si les salles obscures sont de moins en moins nombreuses, dans un continent qui ne demande qu’à s’enivrer, à se laisser emporter par la magie du cinéma. En témoigne l’engouement extraordinaire provoqué dans les villes et pays qui ont accueilli les éditions précédentes de la Semaine du cinéma. Le public, visiblement heureux, a manifesté sa soif de regarder des films qui racontent les histoires du terroir africain. On comprend alors dès lors, pour les organisateurs de l’évènement, bien plus que de simples séances de projections cinématographiques. Il est question de s’appuyer sur cette manifestation culturelle pour « impulser véritablement le cinéma africain, par la formation et la révélation des compétences africaines nécessaires à l’édification d’une industrie compétitive au niveau international ». Une ambition en droite ligne du slogan qui sous-tend l’organisation même de l’évènement. « Nous avons une industrie à construire ». Mais derrière cette ambition majeure, il est aussi question de permettre aux festivaliers de joindre l’utile à l’agréable, de découvrir ou d’apprécier les richesses touristiques, gastronomiques et culturelles des villes et pays d’accueil. Libreville, la capitale gabonaise, est prête pour offrir ce qu’elle a de plus intime, son cœur, au public et voyageurs qui auront fait le déplacement pour cette édition de la Semaine du cinéma qui s’annonce féérique.
Par Jean-Célestin Edjangué à Paris