Le travail de l’architecte Laszlo Mester De Parajd de l’atelier Zéro Carbone, est un voyage à travers différentes cultures de construction et de création avec un matériau que l’urgence climatique devrait remettre au goût du jour. Le vernissage a lieu ce vendredi 14 octobre, en présence notamment d’Amélie Esséssé, architecte et réalisatrice du film documentaire « Muse ruge fuwo Jean Rouch. Maison Jean Rouch. Une restauration par des femmes bâtisseuses d’Ayorou. Niger » – Bâtir et Développer – Un film-documentaire sur le chantier de la restauration de la maison en terre de Jean Rouch, français, (ingénieur, ethnologue, cinéaste, auteur) située sur l’île d’Ayorou Goungou au NIGER et qui sera projeté lors du vernissage.  Quant à l’exposition, elle sera visible jusqu’à fin décembre 2022.

Cour d’appel de Niamey, Niger, vue côté Sud et escalier

« Depuis des lustres, la terre a été utilisée crue et brute dans la construction, parfois mélangée aux fibres végétales. Les architectes, comme l’Égyptien Hassan Fathy, les historiens, Bernard Rudofsky, Pierre Frey et bien d’autres, ont mis en valeur les leçons du passé, tirées de l’architecture vernaculaire. Aujourd’hui, avec les bouleversements climatiques et la transition écologique auxquels nous sommes confrontés, les architectes et les constructeurs revisitent ces leçons en réintroduisant la terre dans les constructions contemporaines. C’est cela le propos de cette exposition ». Les mots sont de Julien King-Georges, Architecte, Commissaire de cette exposition inédite, résultat d’une alchimie, une parfaite harmonie du travail de la terre, des formes et usages. C’est aussi une synergie de plusieurs intelligences, celle de l’architecte Laszlo Mester De Parajd, de l’atelier Zéro Carbone, Architectes du Lycée Henry Moisand de Longchamp, et de Marie-Ange Huet, céramiste.

Cour d’appel de Niamey, Niger, façade entrée

Du Cabanon, cocon… aux habits vernaculaires

« Le cabanon cocon, niché au cœur du parc d’un hôtel à Gevrey-Chambertin, fait partie d’un ensemble de trois gîtes insolites. Celui-ci se décompose en trois enveloppes, dont la plus exposée aux éléments est en tuiles de verre artisanales posées sur une structure métallique en arc, dont le contraste est renforcé par un soubassement en pierre sèche », explique la brochure de présentation de l’exposition, poursuivant : « La deuxième couche, douce et chaleureuse, est un dôme en torchis abritant la partie couchage, légèrement surélevée par une estrade en briques de terre crue maçonnées au mortier de terre. Moulées et séchées à l’air libre, elles ont été fabriquées par l’équipe d’architectes spécifiquement pour le projet, pour apporter de l’inertie et réguler l’hygrométrie. Le torchis, réalisé avec de la paille et de la terre locales, est appliqué sur une structure en châtaignier, puis passé à l’éponge pour unifier la surface tout en conservant son aspect brut ». Et d’insister : « Enfin, la troisième couche est un sol chauffant en terre battue. Il se compose de panneaux de liège, d’un système de plancher chauffant, de terre battue et d’une finition de pierre pour l’entrée et de stuc d’argile pour le reste du cocon. » Quant aux habits vernaculaires immortalisés par des photos de Laszlo et Corinne Mester De Parajd, prises en Algérie, au Burkina Faso, au Mali, au Niger, ils révèlent des formes architecturales, des esthétiques et des styles qui dévoilent progressivement à mesure que les clichés sont scrutés de plus près, « les ombres des femmes et hommes, bâtisseurs de ces ouvrages, les traces de leurs mains sur les murs ». C’est que « La terre pour les agriculteurs, c’est un cadastre, choisi pour ses qualités pédologiques, nécessaires pour les cultures et le pâturage. La terre, c’est aussi un matériau de construction, de préférence et d’usage, on le trouve sur le site même de la construction, ou dans sa proximité immédiate », indique encore le document de présentation, précisant : « Les paysans bâtisseurs de la bande sahélienne nous parlent de la manière dont ils habitent leur territoire », avant de marteler : « Les formes architecturales, leurs implantations, leurs usages, leurs esthétiques : tout cela se révèle à nos yeux comme une leçon essentielle ; l’acte de construire mobilise la communauté toute entière, chaque individu prend sa place dans le déroulement de la construction ». Un autre champ de matérialisation des usages de cette terre, c’est « L’expérience menée par Francis Kéré à Gando -Burkina Faso-, lors de la construction de l’école du village ». L’exposition itinérante, ponctuée de moments d’échange avec le grand public, est aussi un formidable temps de rencontre autour d’un travail sur un matériau qui n’a pas toujours eu bonne presse. À tort !

Par Jean-Célestin Edjangué à Paris

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