Promoteur de la Maison des Camerounais de France/Centre Franco-camerounais(MCF-CFC), il parle de l’accueil des réfugiés africains fuyant la guerre en Ukraine, et analyse l’urgence de la situation et des besoins.
Depuis début mars, la MCF-CFC accueille, au quotidien, des dizaines de nos sœurs et frères africains, ivoiriens, camerounais et autres, en venant d’Ukraine, via la Pologne, l’Allemagne. Comment est né cet élan de solidarité ?
La MCF-CFC a une vocation solidaire et une vocation panafricaine. Dans sa vocation solidaire, c’est d’être au plus près des Camerounais de France, ceux de la diaspora, mais aussi des africains qui en expriment le besoin. Surtout que nous appliquons ici le réseau Afrique 6ᵉ région. On dit que le Cameroun c’est l’Afrique en miniature. Nous sommes cette Afrique en miniature au cœur de Paris. Quand la guerre a commencé en Ukraine, un certain nombre d’Africains ont exprimé dès le lendemain le désir de rejoindre la France. De façon à la fois spontanée et structurée, une situation d’urgence qu’il fallait organiser, nous avons mis en place un dispositif de soutien et de solidarité avec les africains d’Ukraine.
On imagine que cela n’a pas facile à mettre sur pied. Non ?
Ça a commencé progressivement avec un envoi d’un bus de 50 places à travers Jérôme Potago qui est en Allemagne, qui s’est déplacé jusqu’à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine. Il a été accueilli sur place par Léo, un autre Camerounais qui avait déjà monté le groupe d’aide des Camerounais de Pologne. À partir du moment où nous avions des contacts téléphoniques, nous avons informé ceux qui étaient concernés à prendre attache avec Léo, qui donnait la première aide d’urgence, puis Jérôme Potago prenait le relai pour récupérer petit à petit les réfugiés. Enfin, il y a eu Issa Diallo, un guinéen qui vit en Pologne depuis 25 ans, patron de Issa Diallo company, qui a mis à disposition 5 bus pour ceux qui souhaitaient partir de la frontière entre l’Ukraine et la Pologne et pour ceux qui étaient encore à l’intérieur de l’-Ukraine et qui appelaient au secours. Ce qui a permis que nous allions, dans le cadre de l’ouverture des corridors humanitaires, chercher un certain nombre des nôtres, sachant que 5 bus de 50 places, ça fait 250 personnes plus 8, qui ont pu partir de l’extrême est de l’Ukraine à Sumi jusqu’à la frontière avec la Pologne, en transitant par Technikol. C’est là qu’ils ont été récupérés par d’autres cars jusqu’à Varsovie. À partir de la capitale de la Pologne, chacun choisit où il veut se rendre en Europe. Les étudiants en médecine préfèrent la Roumanie, réputée en la matière pour ses universités de qualité, craignant de venir en France ou en Allemagne où c’est plus compliqué de continuer les études. Pour ceux qui venaient en France, nous avons décidé de les accueillir d’abord à la MCF-CFC, 8 rue Bachelet, dans le 18ᵉ arrondissement de Paris, pour leur donner un verre d’eau, un peu de chaleur africaine et humaine avant de les faire enregistrer au centre d’accueil officiel ouvert au 39 rue Championnay et qui est géré par France Terre d’asile et les services de l’État, permettant de fournir un hébergement, d’enregistrer les réfugiés. Nous assurons à la MCF-CFC un accompagnement juridique et administratif avec Me Eric Koum, docteur Elie Elvis Wasep qui est en Italie, ainsi que l’association phénix action solidaire de Marcelle Makam qui est présente tous les jours pour enregistrement et l’accompagnement.
Quels sont, à ce stade de l’action, les besoins les plus urgents ?
Les besoins de produits alimentaires, de vêtements, de produits d’hygiène. Car nombre de nos sœurs et frères partis d’Ukraine, sont arrivés sans leurs effets, si ce n’est avec une doudoune, un parka, un pull. Beaucoup de bonnes volontés sont mobilisées pour leur venir en aide. Nous lançons un appel pour que cette solidarité s’intensifie en faisant un don via le compte de la MCF-CFC ou en se rendant physiquement au 8, rue Bachelet, Paris 18ᵉ, pour déposer les dons qui permettront à ces jeunes africains en provenance d’Ukraine de trouver un peu de soulagement.
Recueilli à Paris par J.-C. Edjangué