Ils étaient mobilisés lors du premier dialogue des diasporas africaines d’Europe, à Dortmund, en Rhénanie Westphalie, le week-end dernier.

Dortmund, dans la Rhénanie Westphalie, en Allemagne. C’est là que l’association Panafricanity and African Diaspora in Europe(P.A.D.E), organisait, le week-end dernier, le premier Dialogue entre les diasporas africaines en Europe. Une rencontre qui s’est déroulée du 19 au 21 août, avec la participation d’une forte communauté camerounaise. Nous nous approchons d’une dame, originaire du triangle nationale et installée depuis quelques années outre Rhin. « Bonjour, je m’appelle Linda Tedogmo, je suis venue en Allemagne en 2015 pour poursuivre mes études, j’ai fait mon master dans le Bayern avant de changer d’État pour le boulot, l’année dernière. Je vis maintenant à Jülich, une petite ville estudiantine située entre Cologne et Haren, à deux heures de Dortmund », confie-t-elle, sourire aux lèvres. Et si Linda affirme que « Tout va bien pour l’instant », elle reconnait néanmoins que le quotidien n’est pas toujours rose.

Entre intégration et mal du pays

« L’intégration n’est pas toujours évidente. D’abord du point de vue linguistique, j’ai toujours l’impression que je dois sans cesse apprendre la langue allemande. Il y a des périodes où quand je fais trois ou quatre mois sans lire les textes allemands, j’ai clairement l’impression que mon vocabulaire s’appauvrit. C’est donc un apprentissage permanent. Les Allemands sont réputés d’être réservés, peu ouverts. Il faut donc généralement aller vers eux, sinon c’est la solitude totale », explique encore Linda, qui se réjouit de la solidarité entre Africains en Allemagne. Mais elle garde un lien fort avec le Cameroun. « Je suis l’actualité camerounaise minute par minute. Nous sommes trois frères et sœurs en Allemagne, chacun vivant dans État différent. Ma sœur aînée, qui est ici depuis une vingtaine d’années, a fait des études de médecine, est actuellement au Cameroun. Ma sœur cadette y va aujourd’hui (dimanche 21 août, ndlr), et moi, j’espère aller au pays en décembre prochain ».

Le Cameroun dans le cœur

Autre profil, autre témoignage. « Je m’appelle Moussa Aoudou Zakaria, je suis en Allemagne depuis 13 ans. Je suis venu pour des études. J’ai d’abord commencé en électrotechnique avant de virer en informatique, je travaille aujourd’hui comme spécialiste Data et en Intelligence artificielle. Je vis à Witten, à dix minutes de Dortmund », raconte Zakaria, qui n’oublie pas d’où il vient. « J’ai passé mon bac au Lycée classique de Ngaoundéré, après, je me suis inscrit à l’Institut Gothe à Yaoundé, puis je suis retourné à Ngaoundéré où j’ai fait un an de physique avec succès, retour ensuite à Yaoundé pour préparer mes dossiers pour l’Allemagne où je suis arrivé le 29 septembre 2009, à Dortmund. J’ai passé 2 ans dans cette ville avant d’aller à Witten. Je n’ai pas eu de problème d’intégration, certainement parce que j’ai cette facilité à parler la langue », pense Zakaria, soulignant : « Il y a une forte solidarité entre Africains en Allemagne, mais j’ai en plus bénéficié de mon background culturel. Le fait d’être musulman, de parler la langue arabe, de parler anglais, a été un plus indéniable pour mon intégration facile. Ça m’a permis de fréquenter un large panel de gens, depuis les Camerounais, les Africains jusqu’aux Indiens. Tous m’ont beaucoup apporté ». Zakaria a, lui aussi, gardé d’excellentes attaches avec sa terre de naissance. « J’ai fait venir mon épouse qui suit des études d’infirmière. Mais j’ai gardé d’excellentes relations avec des décideurs et personnalités de choix au Cameroun, notamment dans la ville de Douala. Je travaille beaucoup avec le Cameroun ».

Deux témoignages, deux parcours différents d’intégration et de réussite des Camerounais d’origine en Allemagne. Linda et Zakaria continuent, malgré cette intégration réussie, à garder un œil très attentif sur leur pays de naissance, persuadés que ce qui les enracine au triangle national est plus fort que tous les papiers d’identité qu’ils ont pu avoir ailleurs. Cette diaspora camerounaise, d’Allemagne, comme celle de France, des États-Unis ou d’Asie, est le véritable ambassadeur de cette Afrique en miniature, à l’étranger. L’État du Cameroun en a-t-il vraiment conscience ? Rien n’est moins sûr.    

Par Jean-Célestin Edjangué à Dortmund

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