Membre de la direction de l’UPC Manidem, elle explique pourquoi la diaspora combattante a jugé nécessaire de se mobiliser pour agir de manière concertée face au crime odieux commis sur le journaliste Camerounais Martinez Zogo.

Qui organise les manifestations de ces vendredi et samedi à Paris, sur l’assassinat du journaliste camerounais Martinez Zogo ?

Les organisateurs de ses deux actions sont d’une part un ensemble de collectifs et des organisations politiques camerounaises (Conseil des Camerounais, Diaspora, le Code, baby Tan-up, BAS et Fourmi Magnan…), l’UPC Manidem-Europe, SDF-France, Stand Up of Cameroon-Europe. Dans le but de dénoncer avec force l’odieux assassinat de Martinez Zogo et la manière dont le corps a été torturé, mutilé, abandonné et exhibé. Un mode opératoire qui a suscité une indignation bien au-delà des frontières camerounaises. Face à cette barbarie, il est apparu urgent de nous coordonner pour mobiliser la diaspora dans sa diversité pour dire plus jamais ça. Nous exigeons la mise en place d’une commission d’enquête indépendante. On entendait ce matin que des membres de la Direction de la Sécurité Présidentielle ont été interpellés. Il ne faut pas que ce soit de simples fusibles. Il faut que les donneurs d’ordre soient interpellés. La passivité face à la dégradation de la situation globale liée aux menaces des libertés publiques doit cesser.

Que dit cette nouvelle affaire d’assassinat de journaliste au Cameroun, de la liberté de la presse et d’expression dans ce pays ?

Ce qu’elle dit, c’est qu’on passe à un stade supérieur de menaces sur tous ceux qui dénoncent les comportements de voyous jusqu’au plus haut sommet de l’État. C’est un avertissement, d’abord en direction des journalistes. Mais au-delà, c’est tous ceux qui n’acceptent pas cet état de fait et qui veulent le manifester, qui sont arrêtés, mis en prison, tués. Cette affaire dit également que la vacance du pouvoir est actée depuis longtemps, alors que le dernier Conseil du ministre a eu lieu au Cameroun, voir le président de la république est devenu aussi rare, puisqu’il ne se déplace quasiment plus. La guerre des clans, pour ne pas dire la guerre des gangs, est déclarée.

Les affaires similaires n’ont jamais été élucidées ni justice rendue aux victimes et à leurs familles. Qu’est-ce qui vous fait croire que le dénouement sera différent dans le cas de Martinez Zogo ?

Si on prend les crimes commis à l’égard des religieux ou même des journalistes comme Samuel Wazizi, on n’a pas eu une mise en scène aussi macabre. Il n’y a donc pas eu un tel émoi dépassant les frontières du Cameroun et de l’Afrique. Les gens sont consternés, ils pensent qu’il faut que ça s’arrête. Quand on décrit tout ce qu’a subi ce journaliste, tout simplement parce qu’il dénonçait les détournements de deniers publics, qui concernent par définition l’ensemble de la population… Cet émoi doit maintenant se transformer en moyens de pression sur le régime de Yaoundé, pour que toute la chaîne impliquée dans ce crime soit traduit devant les tribunaux. C’est la pression populaire continue, une pression de plus en plus forte, qui fera que la vérité éclate et que justice soit rendue.

Recueilli au téléphone par J.-C. Edjangué

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