Juriste de formation, élue à Champigny-sur-Marne, engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes, elle a participé à la rencontre du 10 juin, à Paris 19ᵉ, et parle des avancées en matière de justice.
Qu’est-ce qui a changé concrètement, ces dernières années, du côté du ministère de la Justice, dans la lutte contre les violences faites aux femmes ?
Il y a un réel engagement de ce ministère que l’on ne peut pas ignorer aujourd’hui avec notamment une organisation juridictionnelle qui a évolué. Des dispositifs ont été mis en place pour éloigner le conjoint violent tels que les ordonnances de protection judiciaires prises en urgence par les magistrats pour protéger les victimes en éloignant le conjoint violent, les téléphones grand danger, un numéro d’appel d’urgence, le bracelet anti rapprochement. Ainsi, pour répondre à l’intervenante qui a évoqué la question du logement, le juge peut ordonner que le conjoint violent quitte le foyer conjugal même si le bail est aux deux noms.
L’éloignement de l’un des conjoints, dans un couple avec enfants, ne risque-t-il par de faire de ces enfants des victimes de la double peine ?
Il est nécessaire de quitter le foyer pour des raisons de survie de la femme et au regard des conséquences néfastes pour les enfants, témoins et co-victimes également. Il faut partir ! Ce n’est pas négociable ! Il en va de leur vie. L’héritage désastreux laissé aux enfants ne leur permettra pas de grandir sereinement. Néanmoins, je pense qu’il faut quand même entendre le discours des femmes qui ont dû mal à partir pour des raisons éducatives, religieuses, économiques et à cause des pressions familiales ou culturelles. Elles doivent être accompagnées sur le plan psychologique et social pour arriver à surmonter la peur de l’inconnu.
On a l’impression que l’action de l’État, en matière de justice notamment, reste mal connue dans ce domaine comme dans bien d’autres. Que faut-il faire ?
Souvent, les femmes n’ont pas connaissance de toute l’aide qui peut leur être apportée à différentes échelles. On peut aller sur internet en tapant des mots clés dans la barre de recherche : cela permettra d’avoir une première idée. Il y a d’abord les mairies qui peuvent orienter vers les associations ou les maisons de la justice pour une permanence juridique.
Il y a également des permanences juridiques gratuites assurées par l’ordre des avocats au sein des tribunaux judiciaires. Il est certain que beaucoup reste à faire. Il est nécessaire de continuer de faire évoluer les textes pour une meilleure prise en charge des victimes. Et cela passe également par l’éducation donnée par les parents à leurs enfants. Tant auprès des garçons – car les jeunes filles sont de plus en plus victimes de leurs jeunes compagnons – que des filles à qui l’on doit apprendre à être autonome et à faire respecter leur personne.
La sensibilisation est l’affaire de toutes et tous.
Recueilli par J.-C.E.