Par Eugène EBODE

Universitaire d’origine camerounaise, écrivain à succès de chez Gallimard dont le dernier roman « Habiller le ciel », rend hommage à sa mère qui a retrouvé ses ancêtres, Eugène Ebodé est également Administrateur de la Chaire des Littératures et Arts africains de l’Académie du Royaume du Maroc instituée par le Secrétaire perpétuel, Abdeljalil Lahjomri, avec l’objectif de permettre à l’Afrique de valoriser son patrimoine culturel, historique et artistique par le biais de la recherche. Eugène Ebodé a passé une quarantaine d’années en Europe, notamment en France, avant de revenir vivre sur son continent natal. Un retour au berceau de l’humanité et creuset des civilisations qu’il a bien voulu nous partager dans cette chronique mensuelle, le premier vendredi de chaque mois, en co-publication Newsafrica24.fr et Quid.ma pour reconstituer comme un puzzle la mémoire de ces 40 ans d’« exil », tout en répondant à l’appel du cœur, celui de contribuer à l’édification des États unis d’Afrique. Le septième chapitre de ses mémoires, revient sur son premier voyage aux États-Unis d’Amérique, en 2002, dans le contexte des attentats du 11 septembre 2001, et surtout, le choc de la rencontre avec l’histoire de l’Amérique ségrégationniste qui a vu Rosa Parks se révolter le 1er décembre 1955 dans le bus jaune à Cleveland, en Alabama, refusant de se lever pour céder la place à un blanc. Eugène lui a consacré un magnifique roman en 2013 sous le titre « La rose dans le bus jaune », chez Gallimard.

Qu’est-ce que l’existence ? Une série d’énigmes que la roue du destin se charge d’élucider ou de maintenir dans un épais mystère. Lorsque je décidai à l’automne 2002 de me rendre pour la première fois en Amérique du Nord, sur les traces d’un fabuleux binôme, Rosa Parks et Martin Luther King, je n’avais alors pour seul viatique que les courriels échangés avec celle que l’on considère à juste titre comme la Mère des droits civiques modernes aux États-Unis. J’avais encore en ce temps-là à l’esprit un cours de droit constitutionnel du Doyen Charles Debbasch sur les « Founding Fathers », autrement dit les pères fondateurs de la Constitution américaine. L’évoquer ici serait très long. Mais j’y reviendrai, tant me bouleversa la vie et la mort (lors d’un duel) d’Alexander Hamilton (1755-1804) comme le rôle éminent qui fut le sien dans la pédagogie de l’Union étatsunienne. Il s’illustra notamment à travers ses publications dans Le Fédéraliste (The Federalist Papers) de 1787 à 1788. J’étais aussi bercé par l’indépassable scansion d’un rêve déclamé par le visionnaire et charismatique pasteur d’Atlanta. Je dois préciser que j’avais commencé une correspondance avec Rosa Parks à l’aube du XXIᵉ siècle, à une période où, en France, se reposait avec acuité une question raciale autour de laquelle on biaisait : la question noire. Plus largement, elle cernait l’immigré avant, une décennie plus tard, de traquer le migrant échappé des fumeroles du Printemps arabe puis de la broyeuse syrienne, du bourbier françafricain ou plus généralement de la panne panafricaine.

Rosa Parks

Race, face, faciès, trace, traque ricochaient dans mon esprit, convoquant les connaissances sur l’étrangeté de l’étranger, ou du moins celui que l’on désignait comme tel, et que l’on accablait des reculs français et à partir duquel on imaginait la société française comme assiégée. Assiégée par un barbare mi-bédouin poilu jusqu’aux dents, mi-monstre égorgeur. Le terrorisme en djellaba, qui pulvérisa tours et avions à New York, un Nine-eleven, couvrit de suie, de rage, de désespoir et d’un manteau de vieillesse un siècle pourtant neuf. Cet acte infusa à haute dose, dans l’Occident bousculé, la logique du bouc émissaire et une chasse au faciès. Invisibilisés socialement, le Noir et l’Arabe furent soumis à incandescente visibilité juridique. La race, naguère étouffée remonta sur la scène et la place publiques. Elle remettait sur la table des discussions l’état de nos connaissances sur cette chose difficile à cerner scientifiquement et qui sollicitait donc l’épistémologie. On lui préféra le terme de communauté, plus commode, plus facile à mouliner pour dépouiller son usage de tout dérapage et, surtout, des recours en justice depuis la loi dite Gayssot, promulguée en France le 13 juillet 1990 ; elle dispose dans son article premier que « toute discrimination fondée sur l’appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite. » Les sanctions étaient durcies contre les auteurs ou les incitateurs d’actes et de propos racistes. Pourtant, ce mot « race », malgré les acrobaties verbales, gardait sa charge explosive et ses hiérarchies que de grands et respectables philosophes avaient cru utile de lui accoler. L’immense Emmanuel Kant (1724-1804), le citoyen de la ville anciennement prussienne de Königsberg -devenue après la deuxième Guerre mondiale une enclave russe à fort potentiel explosif- n’y était pas allé par quatre chemins pour verser de l’huile sur le chaudron dans une réflexion anthropologique cousue à partir du sentiment géographique. Dans son ouvrage Géographie physique, il affirme, bien avant que Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882) ne fasse plus tard paraître son Essai sur l’inégalité des races humaines (1853), que « Les Indiens jaunes ont déjà moins de talent. Les Nègres sont situés bien plus bas. » Il y ajoute que les Blancs « possèdent toutes les impulsions de la nature dans les affects et les passions, tous les talents, toutes les dispositions à la culture et à la civilisation et peuvent aussi promptement obéir que gouverner. Ils sont les seuls avançant toujours à la perfection. » Ce ne fut pas dans le contexte du dix-huitième siècle que nous débattions de la chose, mais dans le contexte du début du vingt-et-unième siècle. Les relectures des immenses donnaient mal au crâne, de Kant à Hegel, de Voltaire à Hugo. Exaspéré par les polémiques qui éclataient la veille des élections, je décidai d’aller à l’automne 2002 en Amérique.

J’en avais assez de ces xénophobes qui s’arrangeaient à surgir sur les écrans et vers lesquels un auditoire médusé et charmé accordait un crédit illimité à des billevesées alors même que tout démontrait qu’il eût mieux valu les pousser hors des tréteaux de campagne où ils s’empressaient de monter pour honnir l’étranger que souvent, il ne croisait jamais et tout comme les foules qui les applaudissaient ne voyant jamais que dans les fantasmes. On brandissait des statistiques sur le taux élevé des étrangers dans la population carcérale, sur les actes de délinquance (la petite), sur les fraudes sociales, sur les incivilités urbaines, sur le tabassage des femmes, sur le pourrissement du vivre ensemble. C’était tordre les chiffres dans le sens qu’on voulait, et ce sens incriminait l’étranger et concluait que la suppression de l’immigration et du migrant rayerait d’un trait, d’un seul, les calamités nationales.

Pourtant, la majeure partie des souffrances sociales engendrant la xénophobie reposait sur le chômage de masse, lui-même dû à la désindustrialisation et aux délocalisations opportunistes que les firmes avaient trouvées pour produire ailleurs à moindre coût. Ces délocalisations augmentant le taux tendanciel du profit, on les dirigea donc vers les ateliers à bon marché de l’Asie sous la musique sirupeuse de la mondialisation.  L’effet fut immédiat, qui fendit et fit fondre les rangs des ouvriers et abandonna, exsangues, des citoyens sur le bord des autoroutes du chômage exponentiel. Tout politicien palot, mais qui se montrait raciste, voyait instantanément gonfler le nombre de ses soutiens et grimper les pourcentages de voix dans les sondages. Les acrobates en politique, sans autre talent que l’aigreur déguisée en solutions réparatrices d’une France dépourvue d’un commandement visionnaire et d’actions d’envergure, profitaient des périodes électorales pour agonir l’étranger, en gros le Noir et l’Arabe. Qui menaçait réellement l’homme occidental apeuré ? Le chômage venait en tête des opinions exprimées dans les sondages. Perçait aussi, de manière moins tonitruante, mais vicieuse et terrifiante, la panique du quadragénaire devant un monde lui demandant de se former sans répit pour se maintenir au travail et conserver son statut. Cette condition « d’éternel étudiant » augmentait le désarroi et les angoisses de ceux qui avaient été bien formés et estimaient ridicule de devoir retourner sans cesse à l’école.

Ces malaises et ces maux sur lesquels on ne mettait pas les bons mots, m’assommaient. Je voyais bien, autour de moi, les toussotements qui vous indiquent, lorsque vous entrez dans une salle, que votre présence n’y est pas souhaitée, que vous gênez, mais que nul n’osera vous le dire. Je tentai alors de dissoudre mon propre malaise en regardant du côté des États-Unis, pour essayer de comprendre comment y avait été tranchée, du moins dans les textes, la question noire, puisque nous savions que l’affaire était autrement plus complexe que les palinodies électorales ne le laissaient accroire. Je voulais comprendre comment avait été rétablie l’unité des citoyens et leur égale position, du moins en principe, dans la plus grande démocratie du monde.

J’ignorais encore que les lettres électroniques échangées avec Rosa Parks, l’avaient été grâce à l’entremise et à l’implication de sa fille adoptive, Elaine Eason Steele, cofondatrice de la Rosa & Raymond Parks Institute for Self Development à Detroit. Elle lui servait de secrétaire et de cerveau d’appoint (car je devais apprendre, mais beaucoup plus tard, que l’héroïne des droits civiques souffrait depuis plusieurs années d’une maladie dégénérative du cerveau). N’ayant pu obtenir depuis la France le rendez-vous que je souhaitais avoir avec la femme qui refusa de se lever dans le bus de Court Square à Cleveland, à Montgomery, dans l’État de l’Alabama, le 1er décembre 1955, je résolus alors de me rendre aux États-Unis d’Amérique. Je tenais à découvrir ce sud emblématique, ce Deep South, ce sud profond, qui avait longtemps, au prix d’une cécité épouvantable et d’une guerre civile effroyable, bafoué la constitution américaine et ignoré les droits humains élémentaires. Ses réfractaires, attachés à la fragmentation sociale et au particularisme blanc, rejetaient l’universalité des droits et, ce faisant, menacèrent l’union pour conserver le privilège d’une « race », la blanche, sur les autres. Que restait-il de ce combat qui n’appartenait pas seulement aux juristes, mais à tous ? La proclamation d’un droit fondamental qui établissait enfin la modernité et abolissait les survivances les plus criantes de la barbarie. Planifiant et organisant mon séjour en Amérique, je pouvais compter sur un ami d’enfance, Olengué Innocent, dit Vava. Nous avions été dans le même lycée bilingue, à Yaoundé, au Cameroun, et avions conservé de puissants liens fraternels.

Il vivait depuis plusieurs années à Dallas, dans l’État du Texas. Je débarquai donc à Houston, au cœur de l’automne 2002, à quelques jours de Thanksgiving. Les dindes allaient rôtir, mais avant, les enfants joueraient à se faire peur en grimant leurs visages sous des masques rivalisant de laideur et de terreur. La tradition d’Halloween les pousserait bientôt, sous mes yeux intrigués, à s’élancer ensuite de maison en maison pour une chasse aux bonbons. Ils frappaient aux portes et s’époumonaient dès l’ouverture de celles-ci en hurlant : « Trick or treat ! », autrement dit : « Farce ou friandise ! » Celui ou celle qui ouvrait la porte feignait d’être terrorisé, mais s’empressait de verser force confiseries dans les mains et les récipients que traînaient des gamins et des gamines bourrés jusqu’à la nausée aux sodas.

Je me souviens de mon arrivée à l’aéroport de Houston. J’y découvris l’immense zone de débarquement et de contrôles post Nine-eleven. Les policiers étaient encore d’une fébrilité incroyable et leur nervosité trahissait le traumatisme national suite aux attentats du 11 septembre 2001 et l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center à New-York et de l’attentat sur le Pentagone. Je dus patienter plusieurs heures avant de retrouver Vava et de commencer notre pèlerinage vers les lieux de mémoire et du combat pour l’égalité des droits aux États-Unis. Nous devions faire un détour par Dallas avant de foncer vers Atlanta, en Géorgie, traversant la Nouvelle-Orléans, le Mississippi et l’Alabama.

Après de chaleureuses accolades que les plus exaspérantes formalités de police et de douane n’auraient pu émousser, nous prîmes l’Interstate 45, que l’on appelle aussi I-45. Je fus frappé par la taille et le gigantisme des voitures dans le parking où nous nous engouffrâmes. Elles correspondaient somme toute au physique des Américains et à la représentation qu’ils se faisaient d’eux-mêmes et de leur pays. Immense. Il n’y avait là que de grosses cylindrées aux réservoirs gloutons et obèses, aux habitacles en forme de bubons métalliques dont les chromes étincelaient sous la lumière du jour finissant. Sur la route, la longueur et la hauteur des camions m’impressionnèrent aussi. Ils avaient l’air de mastodontes échappés d’un film hollywoodien. Nous n’étions pas au cinéma, mais ils campaient, chromes et cheminées au vent, sur la file de gauche, la plus roulante de l’autoroute, exhibant fièrement leurs accessoires rutilants. Les chauffeurs n’hésitaient pas à jouer du klaxon, duquel s’élevait un grognement bubonique, une sommation métallique et rauque signifiant qu’il fallait déguerpir et s’effacer devant la montre. Je tressaillais en entendant ces sons délivrés comme le beuglement amplifié d’un taureau en rut, voire similaire à une sirène de navire quittant bruyamment un port.

Ce qui m’enveloppa bientôt dans une doucereuse atmosphère fut le flamboiement du paysage. C’était l’automne. La forêt américaine est alors colorée et semble toujours vouloir s’élancer vers le passant. La hauteur de la végétation, le foisonnement des couleurs, la densité et la richesse des espèces et les poudroiements ondulatoires provoqués par le vent composaient pastellisation de la nature dans laquelle dominait le jaune. Vif, étincelant, rivalisant tantôt de splendeur avec les teintes orangées, il les dominait. C’est en présence de cette couleur jaune, qui effaçait les contrariétés venues des klaxons intempestifs, de la fatigue due à la longue procédure de contrôle de police, que je pensai au tableau de Van Gogh intitulé La sieste. Le jaune de cette forêt luxuriante du sud suggérait le repos. Était-ce une couleur compensatoire ? Je ne pus éviter le rapprochement avec les durs travaux exécutés jadis par les esclaves dans les plantations de ce sud que je découvrais enfin et dont les arbres ne portaient plus les fruits étranges de jadis, ces corps de Noirs que l’on pendait lors des « necktie parties », et qui furent longtemps le passe-temps favori des ségrégationnistes. Le poète new-yorkais Abel Meeropol (1903-1986) dénonça ces pratiques dans l’inoubliable Strange fruit, ce poème que Billie Holiday (1915-1959) immortalisa par une chanson à la scansion rauque et poignante. Sa voix aux modulations effarées s’éleva comme une oraison consolatoire dans la grosse cylindrée, une Range Rover, dans laquelle nous roulions. Ce fut un son opportun et jailli de ma convocation spontanée pour arroser de ses ondées safranées les âmes des suppliciés hissés jadis sur les arbres et abandonnés entre ciel et terre aux becs mordants des oiseaux de proie. Quelle faute expièrent-ils par ce cruel traitement ? Une seule : être nés noirs et de vivre en pays dominé par une blancheur de linceul. Malgré le déploiement incessant du jaune où aurait dû s’estomper ma mélancolie, voici que je me reconnectais à un passé lourd de colères que l’actualité, jamais avare de faits tourmentant, ravivait après un crime, après un meurtre, après une bavure policière. Me revinrent aussi les sanglots étouffés de Nina Simone (1933-2003) dans Mississippi Goddam. J’étais dans le Texas, mais j’anticipais déjà l’Alabama. J’entendais résonner en moi le chant de Nina Simone, comme si nous étions revenus en 1965, après la marche Selma to Montgomery, quand elle fit résonner une élégiaque exaspération :

Mississippi Goddam

Alabama’s gotten me so upset
L’Alabama M’a rendu folle de rage
Tennessee made me lose my rest
Le Tennessee m’a fait perdre le sommeil
And everybody knows about Mississippi Goddam
Et tout le monde sait ce qu’il en est pour le Mississippi, bon Dieu.

This is a show tune but the show hasn’t been written for it, yet.
C’est une chanson pour un spectacle, mais celui-ci n’a pas encore été écrit.

Hound dogs on my trail
La meute de chiens est à mes trousses
School children sitting in jail
Les petits écoliers sont en prison.
Black cat cross my path
Un chat noir traverse ma route
I think every day’s gonna be my last…
Chaque jour me semble devoir être mon dernier…

L’Alabama, que la chanson évoquait, était semblable à un arbre aux branches larges, au tronc épais, aux racines entortillées et diffusant des ondes négatives au plus profond des cœurs ignorants ou attachés au dogme superficiel de la suprématie raciale. Une construction réussie, mais un gouffre où la bêtise étrangla l’évidence. La suprématie supposée des uns sur les autres encourageait le crime, devenait un crime de lèse-humanité. L’ignorance ne gommait pas l’étroitesse des esprits, elle la soulignait ; elle n’ombrait pas les désirs mesquins, elle soutenait la perpétuation des salissures de l’âme. Celui qui en subissait les assauts, interdit ou complaisant, passif ou prostré par l’habitude du malheur, transférait la note aux générations suivantes. Vava remarqua que le paysage me fascinait. Que je ne l’écoutais que faiblement.

« Toute cette beauté… On dirait un jardin du paradis. »

Il émit un rire énorme et moqueur.

« Tu plaisantes. C’est un faux paradis, Vieux frère ! Les restes délavés d’un foutoir. » Il m’enjoignit de me méfier de cette végétation luxuriante du sud et qui caressait l’œil de ses paysages adoucis en apparence, mais féroce en souterrain.

« Vieux frère, ces arbres et ces sous-bois sont lissés et bien tenus pour éviter les incendies de forêt et préserver une nature qui avait été souillée du sang des hommes écrasés et écrabouillés sans pitié. Tu me comprends, n’est-ce pas ? »

On se comprenait. Je pensai néanmoins : Était-ce la faute aux arbres si on s’était servi d’eux pour torturer, violenter et tuer ? Non, c’était le crime des hommes, des maîtres, des gouverneurs des États, du pouvoir fédéral qui avait laissé faire, des tortionnaires qui avaient ignoré les souffrances infligées à d’autres hommes pour ne privilégier que la préservation, la satisfaction et la perpétuation de la domination d’un groupe sur d’autres.

  • Il faut le nommer, Vieux frère, ou alors l’histoire est une vaste tombe qu’il ne faut pas ouvrir…

Le goût pour la domination était la mauvaise sève qui était montée sans cesse en puissance pour servir de carapace à certains êtres, leur servant à s’élancer jusqu’aux branches des institutions les plus hautes de la vie politique, économique, juridique, sociale, cultuelle, culturelle et administrative pour et les gangréner.

La sève de la domination, elle aussi, monta plus haut et toujours plus abrutissante jusqu’au jour où, dans un bus jaune, une couturière eut assez de culot pour cesser d’obtempérer. Elle resta assise pour que nous tenions debout…

La couleur jaune, me dis-je, célébrée par Van Gogh (1853-1890), à Arles, lui permis d’ensoleiller le monde par sa peinture expressive et ses autoportraits striés de cette couleur décisive. C’est à partir de la haute intensité de la couleur jaune, « la clarté suprême de l’amour », selon le peintre, qu’il posa un cadre précis sur son chevalet des illuminations. C’est ce que note Van Gogh dans une lettre au peintre Émile Bernard (1868-1941), rencontré à Paris pendant l’hiver 1886-1887. J’ai donc repensé à Van Gogh en traversant les agglomérations de Houston, Spring, Conroe, Willis sous les couleurs jaunissantes et flamboyantes de l’automne. Et la nuit tomba à Huntsville.

Par Eugène EBODE

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