Le mouvement démocratique africain enclenché dans les années 90 a induit divers effets transversaux en termes de désordre, désastres humanitaires, violences, d’inversion des valeurs et recul dans les différentes strates du développement des États d’Afrique. Cet état de fait semble participer, in fine, au retard globalisant de notre continent. Acteur de la vie politique ivoirienne, KOUADIO Siméon Konan donne des recettes pour sortir de cette situation, dans un ouvrage intitulé « MODÈLE DÉMOCRATIQUE. Pour une Afrique souveraine et prospère », qu’il dédicace ce lundi, 26 juin 2023 à 19 h00, chez l’Harmattan, rue des écoles, dans le 5ᵉ arrondissement de Paris.

4ᵉ de couverture KKS

Bonjour M. Konan K Siméon. Merci de vous présenter à nos internautes 

Je suis KONAN Kouadio Siméon, Président du mouvement Initiatives Pour la Paix (IPP) et par ailleurs Initiateur du COPADA, entendez le Colloque des Peuples Africains sur la Démocratie en Afrique.

Vous venez de sortir un ouvrage chez l’Harmattan intitulé MODÈLE DÉMOCRATIQUE. Pour une Afrique souveraine et prospère Quelles en sont les grandes articulations ?

Comme son titre l’indique, « MODÈLE DÉMOCRATIQUE POUR UNE AFRIQUE SOUVERAINE ET PROSPÈRE » traite des thématiques de la démocratie, de la souveraineté et de la prospérité en Afrique. Il met en relief le rapport entre le modèle démocratique, la souveraineté et la prospérité. L’ouvrage tente de démontrer, en effet, combien le modèle démocratique en tant que système politique détermine le degré de souveraineté d’un État, c’est-à-dire de sa capacité non pas alléguée, mais réelle à décider et à agir par lui-même et pour lui-même, laquelle souveraineté, elle-même, conditionne la prospérité entendue comme l’épanouissement et le bien-être social d’un peuple. En l’espèce, l’ouvrage visite la situation sociopolitique des 60 dernières années de chacun des 54 pays du continent, en dresse des constats non polémiques et procède à un diagnostic méticuleux et à une analyse rigoureuse de leurs causes profondes, avant de proposer la thérapie idoine.

Vous luttez pour un modèle démocratique en vue d’une Afrique souveraine et prospère. Quel bilan faites-vous des modèles existants et que proposez-vous de novateurs en la matière ?

En ayant à l’esprit le postulat posé à l’entame de cette interview, relativement au rapport entre modèle démocratique, souveraineté et prospérité, le bilan des modèles existants, comme vous le dites, n’est ni plus ni moins que le bilan des 60 dernières années sur le continent. Qu’en est-il ? Grosso modo, une cinquantaine de guerres fratricides avec des dizaines de millions de morts, plus de 200 coups d’État, assassinats et rébellions, une situation sociopolitique explosive, chaque élection débouchant presque toujours sur la violence. Malgré ses immenses ressources, l’Afrique est le continent le plus pauvre. Au classement des Indices de Développement Humain, quasiment tous les pays africains, à l’exception de quelques-uns, sont abonnés aux dernières cases, pour ne citer que ça. Naturellement, un tel bilan ne peut que susciter des interrogations légitimes. Pourquoi et comment le berceau de l’humanité, jadis paisible et pacifique, est devenu en quelques décennies le berceau des crises et des guerres ? Comment et pourquoi, l’Afrique, dépositaire de toutes les richesses, est aujourd’hui le continent le plus pauvre ? Le système politique hérité de la colonisation, système qui régit nos pays africains, est-il conforme à nos valeurs culturelles, morales et spirituelles ? Ce système dit démocratique est-il vraiment démocratique ? Pourquoi en 60 ans d’indépendance toutes les élections débouchent-elles sur les violences et les guerres ? Quel modèle démocratique pour une Afrique souveraine et prospère ?

Le livre répond de façon précise à toutes ces questions et prescrit, en guise de propositions de solution, un modèle démocratique conforme aux valeurs culturelles, morales et spirituelles, ainsi qu’à l’organisation sociétale initiale des sociétés africaines.  Un modèle qui fait droit à la vraie démocratie, c’est-à-dire, celle qui restitue le pouvoir au peuple et qui restaure le sens réel de la démocratie, entendue comme le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Et, ce, en remplacement du modèle en vigueur sur le continent (car à bien y voir, il n’y a en réalité qu’un seul avec une légère variante dans quelque 3 ou 4 pays) qui n’a de démocratique que le nom, un modèle dans lequel, en réalité, le pouvoir est concentré entre les mains d’une seule personne qui en use à sa guise – le principe de séparation de pouvoir n’étant qu’une notion vide de sens comme le démontre le livre -. Par ailleurs, conscient que c’est du foisonnement et de la confrontation des idées que jaillira le modèle consensuel, nous travaillons à la tenue du Colloque des Peuples Africains sur la Démocratie en Afrique prévu pour se tenir courant 2024 en Côte d’Ivoire avec pour objet de réunir les forces vives des 54 pays d’Afrique pour questionner justement le modèle démocratique en Afrique. Un colloque dont la sortie de ce livre constitue d’ailleurs le prélude puisqu’elle en annonce, par la même occasion, le lancement officiel des préparatifs.

 Quel est l’objet de votre présence en ce moment en Europe, à commencer par la France ?

 Je suis à Paris dans le cadre d’une tournée de promotion de mon livre paru aux éditions l’Harmattan.

 Pourquoi débutez-vous la promotion de votre ouvrage en Europe, alors même que votre champ de discussion est l’Afrique ? L’Europe serait-elle la cause du déni de démocratie et de bonne gouvernance en Afrique ?

 « MODÈLE DÉMOCRATIQUE POUR UNE AFRIQUE SOUVERAINE ET PROSPÈRE » est destiné à tous les citoyens du monde. Citoyens du monde qui pourraient d’ailleurs y découvrir une autre facette de l’Afrique, une facette plus gaie et plus lumineuse que celle ténébreuse qui est trop souvent projetée à la face du monde.

Mais, il est vrai et je vous le concède, parce qu’il appartient aux africains d’œuvrer à la pleine souveraineté et à l’épanouissement du continent et des peuples africains, ce livre s’adresse en premier lieu à tous les compatriotes africains des 54 pays du continent et de la diaspora. Dans cette perspective justement, même si ma présence ici, sur invitation de mon éditeur, obéit aussi à des exigences contractuelle, promotionnelle et stratégique, il était bien judicieux d’en profiter pour aller à la rencontre de cette diaspora nombreuse à travers l’Europe. Cela dit, il est indéniable que la malheureuse tendance que connaît le continent, jadis paisible et pacifique, n’a pu s’imposer à lui qu’en raison de sa désorganisation et sa soumission à un nouveau code de valeur et à un nouveau système politique non conforme aux valeurs culturelles, morales et spirituelles des peuples africains. Et, de ce point de vue, à l’heure de la recomposition dans ce monde en plein bouleversement, il n’est pas moins indiqué de faire entendre la voix de l’Afrique sur le continent européen et même au-delà.

Malgré les soubresauts liés à l’environnement démocratique aujourd’hui en Afrique, avez-vous tout de même espoir pour des meilleurs lendemains pour le continent ?

 Absolument. J’ai foi en un avenir lumineux et glorieux de l’Afrique. Aujourd’hui, comme je le disais tantôt, le monde est en plein bouleversement. Partout, les nations s’organisent pour y résister et mieux, pour en sortir avec un meilleur positionnement.

L’Europe et l’Amérique se battent pour maintenir leur hégémonie sur le reste du monde. La Chine et la Russie manœuvrent pour le leadership mondial. C’est vrai que pendant ce temps, ce qui se passe sur le continent peut incliner au désespoir.  Mais, j’ai foi en l’Afrique. J’ai foi aux nouvelles générations, celles d’aujourd’hui et de demain. Vous savez, c’est Franck Fanon qui disait, et je cite : « Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. » Je n’ai aucun doute que les nouvelles générations, avec la bénédiction des anciennes, sauront découvrir et accomplir leur mission : la délivrance de l’Afrique des griffes de la prédation.

Vous organisez une dédicace le 26 juin, aux Éditions L’Harmattan, 21 bis, Rue des Écoles, 75005, Paris. Qu’est-ce qui justifie la solennité d’un tel événement et à quoi public parisien doit-il s’attendre ?

En effet, le lundi 26 juin 2023, aura lieu une rencontre signature dans les locaux des Éditions L’Harmattan. Cet évènement revêt un intérêt particulier dans la mesure où il consacrera très solennellement la sortie officielle de l’ouvrage. Naturellement, je me ferai le devoir et l’honneur de gratifier le public parisien d’une présentation des grandes articulations de l’ouvrage, mais aussi et surtout de partager un moment d’échange et de convivialité avec le public. Bien entendu, ceux qui nous feront l’amitié de s’offrir leurs exemplaires auront droit à une dédicace séance tenante.

 Votre mot de fin ?

 Mon dernier mot sera pour mes compatriotes africains et plus particulièrement pour les nouvelles générations.

Chers compatriotes africains, au-delà des dénonciations et des critiques, L’heure est venue d’agir pour inverser la tendance.  Mais, pour y arriver, il faut en comprendre les enjeux, les raisons et les causes profondes et en proposer la bonne thérapie. C’est la raison pour laquelle je vous recommande fortement ce livre que vous devez absolument lire et faire lire, car la mission que vous n’avez pas le droit de trahir y est dévoilée.

Interview réalisée à Paris par Enaf

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