L’histoire de ce Camerounais d’origine, qui vit aujourd’hui aux États-Unis, a ému la terre entière. Elle est consignée dans un livre émouvant et très inspirant, paru le 21 septembre 2019.
Comment un gamin d’à peine 4 ans, qui venait de perdre sa maman un an auparavant, débarque en France chez sa tante, la sœur de sa mère, et son mari, l’oncle, se retrouve maltraité, esclavagisé, séquestré pendant 8 ans, tombe dans le coma avant de perdre la vue, et fait preuve de résilience pour s’en sortir ? Personne ne peut répondre à cette question, sauf l’intéressé lui-même.
Ce personnage, digne d’un film à rebondissement, d’une grande production américaine, je l’ai rencontré à Paris, au hasard d’une modération que j’assurais lors d’un week-end organisé par Dr. Jhoyce Oto, architecte et polytechnicienne, dans le cadre des 60 ans de la journée internationale de la Femme africaine, le 31 juillet. Rapidement, le rendez-vous a été convenu pour une interview, puisqu’il était en France pour quelques semaines avant de retourner aux Etats-Unis.
Quand il me reçoit dans son appartement de Meaux, en région parisienne, en ce début du mois d’août, je suis accueilli par une partie de l’équipe en compagnie du patron, dans un espace multiservices. Avec d’un côté la grande table sur laquelle sont posés plusieurs ordinateurs, de l’autre, des cartons à même le sol, prêts pour un long voyage. Sur les murs, plusieurs modèles de robes et tenues des défilés que notre styliste-modéliste a organisés. Un espace cuisine américaine est bien séparé du reste de la pièce.
« Résilience »
Son histoire, il la raconte dans un ouvrage auto-édité, paru en mars 2020. En 18 chapitres, chaque épisode de sa vie est retracé, sans jugement, avec sincérité, comme le suggère la 4è de couverture. « Je m’appelle Mason Cyrille Elong Ewing. J’avais à peine 4 ans lorsque ma mère Marie est décédée, laissant derrière elle un petit bout d’homme. Au Cameroun, on m’appelait Toro, j’étais l’enfant au destin fragile. Puis je suis arrivé en France chez mon oncle et ma tante, pour une meilleure vie. On m’avait promis un fabuleux voyage, mais personne ne m’avait précisé que c’était pour l’enfer. J’étais devenu, Lucien, l’esclave », raconte-t-il, précisant : « À 14 ans, je suis tombé dans le coma. Au réveil, j’étais devenu aveugle. Mon destin n’avait plus aucune couleur et devenait de plus en plus sombre, jusqu’au jour où j’y ai greffé un peu d’espoir, un peu de lumière et quelques éclats de couleurs… Aujourd’hui, j’ai transformé mes malheurs en victoires et j’ai voulu partager mon histoire pour inspirer le monde. Et même si je ne vois plus rien, mes yeux sont grands ouverts pour contempler mon destin. Celui que j’ai choisi ». Quelle force ! Cette résilience, Mason Elong Ewing en a fait le moteur de sa vie. « Je n’en veux à personne. Je n’aime pas pleurer sur mon sort, le passé est derrière moi, il faut partir de l’avant, le meilleur est toujours à venir », affirme-t-il.
Un caractère qui n’est probablement pas étranger à son épanouissement personnel, à la volonté inébranlable que, nonobstant son handicap, il peut faire tout ce qu’il a envie de faire, de réaliser ses rêves les plus fous. Comme un certain JR Ewing, dans l’un des feuilletons américains les plus célèbres au monde. Chapeau Monsieur Ewing, Mason.
Par Jean-Célestin Edjangué à Paris