Le journaliste, présentateur des tranches d’informations du week-end sur France 24, vient de publier son nouvel ouvrage. Il en fera la présentation au Cameroun, en novembre prochain.

On l’avait laissé dans « Exil au crépuscule », en avril 2012, une autobiographie racontant la fuite d’un journaliste pour sauver sa peau, dans un pays sans foi ni loi, une espèce de jungle où prédomine le règne du plus fort. « Par quel miracle une journée de lundi se termine-t-elle par un aller simple Port-au-Prince Paris ? Comment se fait-il qu’un journaliste se retrouve en exil quand il ne faisait que son métier par un matin de décembre ? Dans un Port-au-Prince où les balles sifflent, une ville livrée aux partisans du président Jean-Bertrand Aristide, ouvertement hostiles à la presse indépendante, la vie d’un journaliste ne vaut pas grand-chose », note la quatrième de couverture de cet exil crépusculaire.

Amours pluriels et plaisirs frénétiques

Nous retrouvons Philomé Robert, le journaliste-écrivain, présentateur des éditions d’informations du week-end sur France 24, dans un style plus inattendu, surprenant et du coup beaucoup plus recherché, même si là encore, le voyage, la découverte, l’enracinement-déracinement sont toujours au menu de cette nouvelle production littéraire agrémentée par les amours multiples sur fond de « vagabondages éphémères », comme le résume la quatrième de couverture. « C’est l’histoire de Gabriel, un architecte à la dérive ; exilé volontaire d’un pays – Haïti – qu’il vomit malgré lui, il rencontre au hasard de ses errances parisiennes une étrangère, amatrice de talons hauts et de Cuba, arrivée comme lui de l’autre côté de l’océan. Se noue un engrenage de polyamours, de plaisirs débridés et de rêves éveillés qui bousculent au fil des semaines et des mois des vies déjà en équilibre instable. Les quêtes, les désirs et les folies, de la Caraïbe à l’Afrique de l’Ouest en passant par Paris ou le Colorado, sont sans fin.
Quand, en plus, un enfant d’un âge indéterminé s’installe d’autorité au cœur de ce capharnaüm et s’évapore aussitôt, tout prend alors un sens nouveau.»

Clin d’œil à la culture créole

172 pages, cinq chapitres, un récit entraînant, emballant, qui transporte le lecteur depuis Haïti jusqu’à Dakar, au Sénégal, en passant par Cuba et les États-Unis. Le style journalistique, fait de phrases concises, de la précision des mots et l’exactitude de leur emploi, donne au récit, une rythmique folle, enivrante, avec, en prime, un partage très appréciable de la culture vaudouisante. Comme lorsque l’auteur parle de « La prophétie du loa », esprit de la religion vaudou, appelés aussi les « Mystères » ou les « Invisible », qui s’incarnent de manière différente chez les vivants. Ou encore lorsqu’il parle de la politique dans un pays « java », qui en créole haïtien renvoie à une plaie béante et purulente. Ce style mélangeant le français avec le créole, notamment haïtien, donne au texte un abord à la fois sympathique et facile d’accès et aide forcément à la compréhension du déroulement de l’histoire. D’autant plus que les moments de dialogue comme entre Consuelo et Gabriel ou encore entre Hamidou et le même Gabriel y contribuent également.

Mais derrière le style et le clin d’œil à la culture créole, « Vagabondages éphémères » est un hymne au bonheur, un manifeste pour le droit de vivre heureux, à Haïti, comme un peu partout sur la planète. Et en cela, ce nouveau Philomé Robert tranche vraiment avec celui d’il y a dix ans sans perdre le cœur de son récit, l’interrogation sur sa terre natale depuis l’exil.

Par Jean-Célestin Edjangué à Paris

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