L’inauguration officielle a eu lieu de manière solennelle, les 16 et 17 mai 2022, dans les locaux de la prestigieuse Académie du Royaume du Maroc(ARM).

Pr. Lahjomri et Pr. Alain Joseph-Sissao

La cérémonie s’est déroulée en présence du Secrétaire Perpétuel de l’Académie, le Pr. Abdeljalil Lahjomri, de l’Administrateur de cette Chaire, le Pr. Eugène Ebodé, et toute son équipe, ainsi que des intellectuels, auteurs, jeunes chercheurs, enseignants, journalistes, sans oublier des observateurs venus d’Afrique et d’ailleurs. Comme Yambo Ouologuem, le génial auteur malien, dont le colloque de deux jours, aura permis à certains des participants de mieux appréhender cet éternel incompris voué aux gémonies après la sortie de « Devoir de violence », Prix Renaudot 1968… Il finira par se murer dans un silence assourdissant. Signe que la littérature est complexe et que tout projet visant à sa promotion doit être méticuleusement échafaudé, la Chaire a évolué, passant de celle des littératures africaines à celle des littératures et des arts africains.

Décloisonner et promouvoir le patrimoine littéraire et artistique

Rabiaa Marhouch, qui s’occupe de la programmation et de la communication de cette Chaire, a présenté la structure, portée sur deux fonctions principales. « Selon la vision du secrétaire perpétuel et les perspectives tracées par lui, l’axe littéraire et artistique vise à donner une vue d’ensemble de ce patrimoine. Pour cela, il est impératif de le décloisonner, à la fois sur le plan géographique, puisque le Maghreb fait partie de l’Afrique, et aussi sur le plan linguistique en créant des passerelles par ces différents modes d’expression, ces différentes aires culturelles et leurs langues, qu’elles soient européennes héritées de la colonisation ou africaines », a-t-elle expliqué, précisant : « Promouvoir le patrimoine littéraire et artistiques de l’Afrique comme le souhaite le secrétaire perpétuel est avant tout un encouragement et un soutien à la circulation de savoirs, longtemps enrégimentés et enfermés dans des aires culturelles étanches, pour mettre en lumière la richesse linguistique africaine qui représente 50% de la réserve mondiale des langues ».

Restituer ses héritages culturels à l’Afrique

Le pôle artistique aura une place de choix, avec « un espace de résidences artistiques, en plus de la tenue d’expositions, de masterclass et de spectacles musicaux ou d’arts de scène ». Il est ici question de promouvoir la création entre des artistes pluridisciplinaires, venus de divers horizons, de confirmer que « l’art n’a pas de frontière », et qu’il faut favoriser un dialogue dynamique des arts, dans une philosophie axée sur la coopération artistique africaine. « Des savoirs longtemps disloqués, enrégimentés sous diverses catégories linguistiques, éparpillés par les vents de l’Histoire, reprendront formes et visages. Par quel moyen contribuer à une meilleure valorisation des productions littéraires et artistiques africaines ? Par la volonté de rapatrier une mémoire littéraire et culturelle dispersée, par la détermination à répertorier et à retracer les créations célébrées ou oubliées du continent, le plus ancien de l’humanité », note l’Académie dans une communication adressée à la presse. Pour cette institution, il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’horizon de la Chaire, du fait de sa rupture épistémologique, est le moyen indiqué pour « restituer à l’Afrique ses héritages culturels et donner un nouveau contenu aux coopérations universitaires et aux partenariats académiques ». La Chaire des littératures et des arts africains entend aussi jouer « le rôle d’instance de consécration en Afrique, par l’Afrique et pour l’Afrique, grâce à des coopérations internationales soucieuses de mutualiser les connaissances et respectueuses d’une éthique fondée sur l’égal accès de toutes les cultures à la grande scène littéraire, culturelle et artistique contemporaine », affirment les initiateurs. Le lancement officiel d’une Chaire des littératures et des arts africains, est une pièce supplémentaire ajoutée au puzzle géant de la reconstitution et conservation du patrimoine historique, culturel et scientifique, du berceau de l’humanité et creuset des civilisations.

Par Jean-Célestin Edjangué

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