Réalisatrice camerounaise, présidente de l’association Tell and be Africa, organisatrice du Ciné-Club N’kah, dont la 14ᵉ session aura lieu du 22 au 25 septembre 2023, à Yaoundé, au Cameroun, elle explique la naissance du projet, s’arrête sur la programmation de l’acte 14 et évoque le défi de l’organisation de chaque édition.
La 14ᵉ session du Ciné-Club N’kah se déroulera du 22 au 25 septembre 2023, à Yaoundé, la capitale du Cameroun. Comment est née cette initiative et quels sont ses objectifs ?
Dans la pratique de ce passionnant métier de productrice réalisatrice de films, j’ai appris à connaitre les peuples africains à travers nos films que je ne voyais que dans des festivals. M’étant aussi rendu compte de la méconnaissance du patrimoine cinématographique africain par la plupart des jeunes cinéastes africains (d’où le manque de références dans les narrations), ayant compris que nous avons besoin d’affimer notre estime de soi par une meilleure connaissance de qui nous sommes, j’ai donc créé l’Association Tell And be Africa (Afrique raconte-toi pour exister), pour la promotion de notre culture à travers tous les arts. Pour mieux se raconter, il faut se connaître. Le cinéma étant la mise en scène de nos vies et regroupant tous les arts, j’ai créé le Cinéclub « N’Kah » (lumière), comme première activité de l’Association Tell And Be Africa. Il consiste en la projection de films africains en présence des réalisateurs, des professionnels du cinéma et autres cinéphiles, afin de permettre des échanges sociologiques, ethnologiques et artistiques autour du film projeté, mais aussi l’apprentissage de l’art cinématographique en plus large. L’idée est de ramener le public en salles afin de vivre, de la meilleure des manières, ces œuvres qui parlent de nous. C’est aussi l’occasion de capter des interventions de ces grands hommes et femmes de culture dans des rencontres avec le public africain, pour la préservation de notre patrimoine culturelle. C’est une manière de leur rendre hommage pour leur beau parcours professionnel.
Vous avez pour cette session exceptionnelle, deux invités qui ne sont pas moins. Le Camerounais Maka Kotto et le Guinéen Cheik DouKouré. On imagine que ça n’a pas été facile de réunir ces deux monstres africains du 7ᵉ art pour cet évènement ?
Je ne peux pas dire que ça a été difficile. Je me réjouis de l’intérêt que nos ainés ont pour la cause que nous défendons, car ensemble, nous sommes plus forts. Dès que chacun a reçu l’invitation, c’était oui tout de suite. Cela signifie que le concept leur parle et que la démarche du Ciné-club N’kah est d’un intérêt certain. Ce sont des professionnels et de grands hommes de culture, passionnés de leur art, qui ont fait de grandes choses et qui ne lésinent pas dans leur devoir de transmission et de partage. C’est un grand signe d’humilité qui les honore. Cheick Doukouré a réalisé le film « le blanc d’ébène » dans lequel Maka KOTTO a tenu le rôle principal. Ce sont deux expériences artistiques fortes que nous gagnerons à connaître, aussi bien que leurs riches parcours dans le monde de la culture. Nous sommes évidemment très honorés et ravis qu’ils aient accepté d’être des nôtres à cette 14ᵉ session du Ciné-club N’kah. Au public professionnel et aux cinéphiles d’en profiter !
Outre cette programmation inédite. Quelles sont les autres temps forts de ce 14ᵉ acte du Ciné-club N’kah, à quels types de difficultés devez-vous faire face pour l’organisation de chaque édition et comment les résoudre ?
Chaque édition est spéciale du fait que c’est une découverte ou redécouverte des grands films africains en présence des réalisateurs et des acteurs principaux de renom. Comme temps forts, nous aurons, le vendredi 22 septembre, une soirée ciné-débat (« Blanc d’ébène ») en présence de nos deux invités d’honneur, le samedi 23 septembre, c’est un petit déjeuner cinéma en matinée, le 25 septembre deux Master Class menés par nos deux icônes du Cinéma. Ces échanges autour des films donneront des émissions de télévision produites dans les conditions de direct. Nous aurons en fin de compte 4 émissions produites sous forme de magazines cinéma pour la télé. C’est dont deux grosses organisations en une. Rien d’évident ! Préparer cette édition comme les autres est un challenge. Ce n’est jamais gagné d’avance. Il faut trouver des ressources financières, des partenaires, mobiliser des ressources humaines et logistiques, des équipements de production et de projection. C’est une équipe de bénévoles et de passionnés qui travaillent, une organisation à maitriser afin de réussir cet évènement qui nous tient à cœur. Rien d’évident, mais notre foi et notre conviction sont grandes. À cœur vaillant, rien d’impossible ! Merci pour votre intérêt.
Recueilli Par J.-C. Edjangué