Directeur adjoint de publication du journal la voix du Centre, par ailleurs président de l’association Prosofor Afrique, il explique les enjeux de la manifestation du 18 mai 2024, à Paris, et parle des points de frustrations.

Une partie de la diaspora camerounaise d’Europe appelle à manifester de manière pacifique le 18 mai 2024, Place Trocadéro, à Paris. Quels sont les buts de cette manifestation ?

Les organisations de la société civile souhaiteraient que le RDPC, parti au pouvoir, le   gouvernement camerounais et Elecam, l’instance d’organisation des élections, soient mis face à leurs responsabilités au vu des manquements démocratiques criards qu’Elecam observe sciemment, tout en mettant en péril le processus démocratique et la paix sociale au Cameroun et en diaspora. Le but de la manifestation est d’attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la préparation des fraudes en cours. Le RDPC, le gouvernement camerounais et Elecam doivent se conformer au droit de vote des citoyens camerounais de la diaspora, respecter la durée légale des inscriptions, respecter le calendrier électoral, éviter la discrimination du droit de vote des Camerounais de la diaspora, stopper la fraude anticipée et obéir à un processus électoral dans la paix et la transparence.

Le Cameroun se prépare à organiser, en 2025, l’élection présidentielle. Comment appréciez-vous l’opération d’inscription sur le fichier électoral en cours, notamment pour les Camerounais de la diaspora ?  

Les inscriptions avancent lentement, parce que, Elecam et le gouvernement camerounais trouvent des moyens d’éviter d’organiser des élections transparentes. De 2023 jusqu’en avril 2024 il était impossible que les Camerounais de la diaspora s’inscrivent sur les listes électorales. Plusieurs Camerounais de la diaspora sont frustrés et en colère, car Elecam en complicité avec le gouvernement les empêchent d’exercer leur droit de vote dans des conditions libres. Après plus d’une année d’attente Elecam exige, des Camerounais qui souhaitent s’inscrire sur lesdites listes, une carte de résident, en violation avec la constitution camerounaise et le Code électoral de 2012 adopté par l’Assemblée nationale camerounaise dont la majorité est détenue par des députés du RDPC. On vote une loi, mais on ne la respecte pas. Pourquoi ? Elecam aide le régime de Yaoundé à se maintenir au pouvoir en créant plusieurs obstacles administratifs. Pourquoi la carte de résident n’était pas exigée en 2018 ? Pourquoi une nouvelle règle en 2025 ?  Y a-t-il eu une nouvelle loi ? Voilà autant de questions qui taraudent l’esprit de la majorité des Camerounais en diaspora.

En quoi peut-on dire que le scrutin présidentiel, de 2025, au Cameroun, peut-être rassurant ou préoccupant, aux yeux du journaliste et analyste politique que vous êtes ?

Le scrutin présidentiel de 2025 ne peut être rassurant que si l’on reforme le Code électoral.  Avec le système électoral actuel, il est difficile de se rassurer de l’impartialité de Elecam et du Conseil constitutionnel. Il est difficile de se rassurer dans un scrutin présidentiel ou le Conseil constitutionnel et Elecam, l’organe de gestion des élections, sont nommés par le candidat sortant, c’est-à-dire le président de la République, Paul Biya. Toutes les difficultés, logistiques, administratives, l’exigence de la carte de résident et le refus de publication des listes électorales que je constate au niveau de Elecam sont des preuves qui démontrent qu’un système de fraude est mis sur pied en collaboration avec le gouvernement. Selon moi, pour limiter les conflits postélectoraux et rassurer les Camerounais, il est important de réviser le Code électoral de 2012 avant les élections présidentielles de 2025. Il serait également souhaitable que le Président du conseil Elecam M. Enow Abrams Egbe et son Directeur Essousse Erik, démissionnent, car ils ont perdu toute crédibilité.

Recueilli en ligne par J.-C. Edjangué

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