Camerounaise d’origine, Gynécologue Obstétricienne, présidente de l’association franco-camerounaise pour la santé de la mère et de l’enfant (Afcasame), présidente de l’association des Médecins et Professionnels de Santé d’origine Camerounaise en France (Medcam France), elle parle des enjeux et de la particularité du 6ᵉ Congrès Franco-Camerounais de Gynécologie Obstétrique et Périnatalité (3ᵉ Congrès conjoint), du 3 au 9 juin 2024, dans l’hexagone.

Le 6ᵉ Congrès Franco-Camerounais de Gynécologie Obstétrique et Périnatalité (3ᵉ Congrès Conjoint) est prévu du 3 au 9 juin 2024 en France. Quels sont les objectifs de cette rencontre ?

Pour la première fois, plusieurs sociétés savantes du Cameroun et de la diaspora collaborent pour organiser un congrès autour de la santé de la femme et de la périnatalité, d’où l’intitulé de « CONGRÈS CONJOINT », au regard de l’interculturalité et de la coopération bilatérale :

En France : l’association Franco-camerounaise pour la Santé de la Mère et de l’enfant (AFCASAME), que je préside, l’association des Médecins et Professionnels de Santé d’origine Camerounaise en France (MEDCAM France), que je préside avec Dr Dieudonné KENMOGNE. Au Cameroun : la Société des Gynécologues et Obstétriciens du Cameroun (SOGOC) avec le Pr Émile MBOUDOU, la Cameroon Fertility Soceity (CFS) du Dr Ernestine GWET-BELL, la Société Camerounaise de Médecine Périnatale (SCMP) du Pr Anne Esther NJOM NLEND, la Société Camerounaise d’Anesthésie Réanimation (SCAR) avec Colonel Dr David EBOSSE, l’association des Sage-femmes et Assimilés du Cameroun (ASFAC) de Mme Annie Hortence ATCHOUMI. Sous l’égide du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) avec Pr Joëlle BELAISCH -ALLARD, Dr Estelle WAFO : la formation pratique par des stages, une journée scientifique et la convivialité, la rencontre vise trois objectifs. D’abord la formation pratique, du lundi 3 au vendredi 7 juin 2024, avec des stages d’observation dans des hôpitaux, en France, par nos collègues camerounais, afin d’échanger en immersion sur les différentes modalités de prise en charge de la femme et du nouveau-né, dans plusieurs secteurs : maternité, pédiatrie, échographie, réanimation néonatale, chirurgie endoscopique, colposcopie, anatomo-pathologie, etc. Puis une journée scientifique, le samedi 8 juin 2024, à Paris, hôtel Novotel Châtelet-les-Halles. C’est une journée d’échange de bonnes pratiques professionnelles entre les spécialistes du Cameroun, de France et d’autres pays africains sur l’évolution de la mortalité maternelle et néonatale et les actions pour la faire diminuer par la surveillance de la grossesse, notamment échographique. L’anesthésie en périnatalité ; l’inégalité d’accès aux soins en France et au Cameroun, avec la problématique des femmes indigentes dans les maternités, la Couverture Santé Universelle en santé maternelle ; les actions menées par la coopération française au Cameroun dans le secteur Mère-enfant ; l’infertilité du couple et en particulier l’infertilité masculine ; les relations médecin-patient et les risques médicaux légaux en périnatalité ; les échanges entre sagefemmes camerounais et français sur leurs pratiques professionnelles : interculturalité, grossesses non désirées, dépression postnatale, etc. Enfin, la convivialité, le dimanche 9 juin 2024, avec un déjeuner croisière visite de Paris en bateau, moucheafin d’apprécier les charmes de la capitale française.

Comment est né ce projet ?

Ce projet de formation par des congrès et des stages hospitaliers est né en 2006, en même temps que l’AFCASAME, à la suite d’échanges avec nos collègues rentrés au Cameroun sur les actions que nous pouvions organiser ensemble : au-delà des missions médicales ponctuelles et des dons de matériel, ce qui leur paraissait le plus important était la formation continue, sous forme de congrès avec ateliers de formation, stages, etc., surtout au regard du taux très élevé de mortalité maternelle au Cameroun (environ 669 sur 100 000 femmes qui mouraient en accouchant au Cameroun, contre 10,25 sur 100 000 femmes en France).

Nous avons donc créé ensemble l’association franco-camerounaise pour la santé de la Mère et de l’enfant (AFCASAME), sur le principe d’un bureau commun et des membres au Cameroun et en France, avec organisation d’activités en alternance entre les deux pays.

Les trois premiers congrès franco – camerounais étaient organisés par l’AFCASAME et la SOGOC. En 2019, élargissement à la CFS spécialisée dans l’infertilité, d’où l’appellation de « congrès conjoint ». Cette année, en 2024, nous avons intégré les sociétés intervenant dans la prise en charge de la périnatalité comme l’ASFAC, la SCAR et la SCMP, ainsi que MEDCAM qui regroupe les médecins et professionnels de santé de la diaspora en France.

Peut-on dresser un bilan des éditions précédentes ?

Plusieurs actions concrètes ont été menées, aboutissant à l’établissement de liens étroits entre les professionnels de santé au Cameroun et en France, avec la SOGOC et le CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français) ; la mise en place d’une Coopération bilatérale avec le soutien de l’ambassade du Cameroun en France et l’ambassade de France au Cameroun ; l’organisation de cinq congrès franco-camerounais de gynécologie obstétrique en 2007 et 2010 au Palais des Congrès à Yaoundé au Cameroun, en 2014 à Amiens en France avec des stages dans les hôpitaux, en 2017 et 2019 à l’hôtel SAWA à Douala (1ᵉʳ et 2ᵉ congrès conjoint), avec deux thèmes principaux : « la mortalité maternelle et comment la diminuer »,

C’est ainsi que le ministère de la Santé publique du Cameroun a annoncé la réouverture des écoles de sages-femmes lors du congrès de 2010. Deux missions d’audit sur la mortalité maternelle ont été faites par les sages-femmes de l’AFCASAME à l’hôpital Laquintinie.

L’autre thème : « Les cancers gynécologiques et leur prévention » pour diminuer leur mortalité. D’où l’organisation d’une Campagne de dépistage du cancer du sein et du cancer du col de l’utérus juste avant le congrès en octobre 2022 dans plusieurs établissements de santé (Laquintinie, HGOPED, Hôpitaux de district de Bonassama et Dibombari, clinique Odyssée selon la méthode pratiquée dans les pays occidentaux (frottis en milieu liquide) avec plus de 1500 femmes examinées. Formation par visioconférence des anatomo pathologistes, participation à l’équipement des laboratoires d’anatomo pathologie de l’hôpital gynéco pédiatrique de Douala (HGOPED) et hôpital Laquintinie en partenariat avec l’association Pathologie Cytologie Développement (PCD). Grâce à cette collaboration, les frottis du col de l’utérus « en milieu liquide » qui étaient envoyés en France pour examen peuvent désormais être également analysés à Laquintinie et HGOPED. Un bon exemple de transfert de compétence nord-sud.

Recueilli par J.-C. Edjangué

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *