Secrétaire Perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, il fait le bilan de la 47ᵉ session de cette institution, du 24 au 27 mai à Rabat, et évoque les relations avec les 72 heures du livre de Conakry, en Guinée, la construction de l’Académie du livre. Lisez plutôt…
Monsieur Abdeljalil Lahjomri, merci d’accueillir newsafrica24 ici à l’Académie Royale du Maroc où vient de se tenir, du 24 au 27 mai dernier, la 47ᵉ session de cette institution sous la thématique générique de « La Méditerranée comme horizon de pensée ». Des chercheurs, enseignants d’université, Pr émérites, observateurs, invités et journalistes, venus du monde entier, ont suivi les travaux de session. Quel bilan en dressez-vous ?
C’est un bilan positif. Parce que c’est la session qui devait être faite déjà il a deux ans. Mais à cause de la pandémie de la Covid, nous n’avons pas organisé de session. C’est donc une session importante de sortie de la pandémie. Ce n’est pas que nous étions inquiets de savoir comment les choses allaient se dérouler. Mais, finalement, c’est une réussite dans la mesure où les participants, aussi bien marocains que ceux qui sont venus des différents pays amis, ont été d’un niveau exceptionnel sur le plan intellectuel, comme vous avez dû le remarquer et que nous avons pu étudier tous les aspects de la Méditerranée, de cet espace méditerranéen actuellement, avec tous les problèmes qu’il y a sur les plans à la fois historique, économique, politique, sociétal et même sécuritaire. Je trouve donc que le bilan de cette 47ᵉ session est positif.
Il a aussi été question de la jeunesse méditerranéenne, de ces aspirations, rêves et doutes par rapport au présent et à l’avenir. Comment voyez-vous, en tant que Secrétaire Perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, la situation de la jeunesse méditerranéenne et qu’est-ce qu’il faudrait pour lui assurer un meilleur avenir, avec la conviction qu’elle réalisera ses rêves, même les plus fous sans avoir besoin de s’aventurer dans la méditerranée ?
D’abord, la jeunesse, pour moi, il faut lui faire confiance. C’est un principe non négociable, même si ces jeunes sont rebelles, qu’ils ont des attitudes parfois incompréhensibles pour le reste de la société. Simplement, nous, adultes, nous devons nous préoccuper de leur avenir. Déjà eux, quand ils s’en préoccupent, ils le voient sombre. Nous devons leur montrer qu’il y a un avenir moins sombre, moins périlleux, moins pessimiste. Car, ils ont amélioré leurs conditions matérielles de vie, s’ils ont un espoir de trouver un métier, de trouver une profession, un avenir dans leur propre pays… Je suis persuadé qu’ils n’iront pas traverser la méditerranée qui s’éloigne. Vous savez, la rive Nord monte vers le Nord, elle ne se préoccupa pas du tout de la rive Sud. C’est donc très important si les jeunes de la Méditerranée ont l’espoir dans leur pays d’avoir une vie digne. Un point très important qui revient dans leur préoccupation, c’est d’être respectés dans leur dignité, ils le disent. Avant même de leur proposer un horizon, notre devoir, à nous, les aînés, c’est de leur montrer que, au-delà des difficultés que nous avons pu rencontrer, nous avons fait notre chemin ici, dans notre propre pays.
Parlons maintenant, si vous le voulez bien, de Rabat, la capitale du Maroc, la capitale africaine de la culture pour l’année 2022. Comment cette ville, à la fois complètement africaine et totalement méditerranéenne, peut-elle servir de passerelle entre les deux rives, entre deux continents ?
Rabat veut essayer de mettre en œuvre cette profondeur africaine. Dans la constitution du Royaume du Maroc, celle qui a été votée en 2011, nous avons une définition des affluents de notre identité arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, qui sont africains, hébraïques, andalous et méditerranéens. Mais d’abord africains. Rabat va essayer de mettre en œuvre cette africanité du Maroc. C’est un point important. Nous avons fait dans cette 47ᵉ session, le côté méditerranéen du Maroc.
Pour terminer, Monsieur le Secrétaire Perpétuel, je voudrais que nous nous arrêtons sur la coopération culturelle entre Conakry et Rabat. Les 72 heures du livre de Conakry, dont la 15ᵉ édition, en avril 2023, a pour pays invité d’honneur le Bénin et pour Invité spécial, Haïti. Par ailleurs, la commune de Boffa est la ville invitée. Est-ce que le Maroc continuera à appuyer, à accompagner cet évènement culturel majeur pour la Guinée et l’Afrique ? Les engagements pris lors de votre séjour à Conakry lors de l’édition précédente où le Maroc était pays invité d’honneur, vont-ils être honorés ?
Oui, le Maroc, non seulement, continuera à appuyer les 72 heures du livre de Conakry, mais nous allons essayer d’œuvrer ensemble pour que Conakry devienne capitale africaine du livre.
Cela passe aussi au soutien à la future Académie du livre de Conakry ?
Bien sûr, nous allons effectuer une étude de faisabilité au sujet de l’édification de l’Académie du livre.
Monsieur Abdeljalil Lahjomri, Secrétaire Perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, merci de nous avoir reçus au sein de cette institution.
C’est moi qui vous remercie d’être venu jusqu’à moi.
Réalisé à Rabat par Jean-Célestin Edjangué