Le footballeur incomparable, syndicaliste dévoué et diplomate chevronné, décédé le 23 octobre 2006, à Douala, continue à déchainer les passions, au Cameroun et France. Une réédition de l’ouvrage d’hommage à lui consacré et une réflexion sur sa célébration de vie, sont en chantier.
« Eugène Njo Léa ! Voilà quelqu’un qui voulait révolutionner le football au Cameroun et en Afrique. Malheureusement, il n’a pas été suivi dans cette volonté ». Joseph Mouétcho, Comédien, metteur en scène et réalisateur camerounais, semble dépité. Assis sur la même table que son jeune frère et réalisateur, Amadou Bougna, et Carine Ezembé, ancienne de la CRTV, lors de la cérémonie de clôture du 1er Festival Mouna Taba du film sur la jeunesse, à Yaoundé, il parle de football, avec comme support le livre d’hommage à Eugène Njo Léa. Paru en mars 2025, avec les contributions remarquables de Joseph Antoine Bell, Jérémi Sorel Njitap, Eugène Ebodé ou encore Prosper Abéga, Philippe Piat et bien d’autres, l’ouvrage met en exergue le parcours d’un homme multidimensionnel.
« Pays tueur de génies »
« Il est venu avec l’idée de football professionnel au Cameroun, avec la création des infrastructures dans chaque département, avec des joueurs payés comme de vrais professionnels », précise encore Joseph Mouétcho. Ecoutant attentivement, le jeune Amadou Bougna lance alors naïvement : « Que s’est-il donc passé ? Pourquoi le projet n’a pas abouti ? ». Réponse de Mouétcho : « C’est là où j’affirme que le Cameroun tue les génies », indique-t-il, poursuivant « Il a été écouté, il est passé sur les antennes de la Crtv, pour parler de son projet. Dans ce pays, on fait toujours semblant d’écouter pour se donner bonne conscience et à la fin… Rien », martèle celui qui se présente comme artiste, fan de football bien léché, et pas le football de quartier. « C’est le genre de personne qui devait forcément aller voir les grands derbys et classiques comme Tonnerre-Canon ; Caïman-Union de Douala… », pense à son tour Amadou Bougna, un peu ironique. Conclusion de M. Mouétcho : « ça fait mal de savoir que le Cameroun n’a pas donné sa chance à ce génie dont le seul tort est d’avoir voulu trop tôt, probablement, révolutionner le ballon rond au Cameroun et en Afrique ».
20 ans après…
Eugène Njo Léa n’en continue pas moins de déchainer les passions au Cameroun comme en France, les deux patries de ce footballeur d’exception, syndicaliste humaniste et diplomate raffiné, qui a par exemple présenté Claude Leroy à Ibrahim Mbombo Njoya, ministre de la Jeunesse et des Sports, du Cameroun, pour être sélectionneur des Lions Indomptables, avec le résultat que l’on sait.
Le 23 octobre 2026, ça fera 20 ans, jour pour jour, qu’Eugène Njo Léa s’en est allé rejoindre les ancêtres. Né le 15 juillet 1931 à Batouri, sur les berges de la Kadey, dans l’Est du Cameroun, il a expiré à Douala.
La Maison des Camerounais de France/Centre Franco-Camerounais et les contributions à l’ouvrage qui lui est dédié, veulent marquer d’une pierre blanche, la commémoration de cet évènement, tant en France qu’au Cameroun.
Par Jean-Célestin Edjangué à Paris

