Camerounais d’origine, vivant dans le canton de Fribourg, en Suisse, et travaillant dans la multinationale IMC Métaldur, est une des victimes des émeutes de février 2008 qui l’ont contraint à quitter le pays un an après. Il s’en souvient.
« Je m’en souviens comme si c’était hier. J’étais à Douala à l’époque. Je me rappelle une marche et la répression qui a suivi. Ensuite, il y a eu des casses puis des émeutes durant plusieurs jours avec une impression de chao ». S’il en parle avec plus de recul aujourd’hui, Hugues Fouatié ne peut cacher l’émotion que semble trahir sa voix. Le jeune entrepreneur qu’il était, avait investi ses économies dans le commerce en espérant ainsi préparer son avenir. Et patatras…
« L’exil »
« J’avais une boutique « Tropic électrotel » qui faisait en même temps dans la téléphonie et cyber, à Texaco Ecole Publique, à Douala. J’avais investi plusieurs millions de FCFA, j’ai tout perdu en quelques jours. Pour moi ce sont des souvenirs inoubliables. Je ne savais comment faire pour m’en sortir. Au Cameroun, on ne dédommage jamais les victimes d’émeutes. Le Commissariat du 9ᵉ arrondissement a fait un constat, mais personne n’est plus jamais revenu vers moi. Je n’ai plus jamais eu de suite. Ça m’a appauvri, je n’ai jamais pu m’en remettre, d’où mon exil pour aller me chercher en Suisse, en 2009 », raconte encore Hugues. Pour lui, le Cameroun est dans une situation compliquée où l’impression générale qui se dégage est que tout ou presque relève de l’improvisation. Mais, tempère-t-il, cette situation n’est pas désespérée. « Pour sortir de cette situation de désordre, il faut tout réorganiser. À commencer par l’état, les administrations du social, sensibilisation des jeunes à la citoyenneté, à la formation, les écouter, les accompagner dans la réalisation de leurs projets ». Un vaste chantier en somme qui requiert une mobilisation de chaque citoyen où qu’il soit.
J.-C. E.