Elle participe au Salon des auteurs, qui se déroule du 23 au 25 mai à Paris, la mathématicienne a déposé ses ouvrages, vendredi dernier. Rencontre…

« Bonjour Monsieur. Vous savez où il faut déposer les livres pour le salon des auteurs de la Semaine africaine de l’UNESCO ? » M’interrogea-t-elle, sourire aux lèvres. Son look en impose, du respect, de l’admiration et même une certaine tendresse. Sa veste Prince de Galles, sur un pantalon sombre et des baskets rouges très tendances, donnent d’emblée une idée de ce que l’on n’a pas affaire à Mme tout le monde.

Un 20 mai à Paris

Vendredi, 20 mai, 2022, il est un peu plus de 10 h 30. Je suis avec d’autres Rocque de la Délégation permanente de Madagascar auprès de l’UNESCO, Tiambel Guimbayara, de la Délégation permanente du Mali, membres du Comité du Salon des auteurs, Jules Victor Kingué, un des animateurs, également membre de l’équipe dédiée aux préparatifs de l’évènement ainsi que deux autres dames, membres de la Délégation permanente de la Tanzanie et du Mali. Je conduis mon interpellatrice jusqu’au lieu qui fait office de bureau d’accueil et de dépôts des ouvrages, où il faut enregistrer les titres des livres déposés et les noms des auteurs. Quelques jours auparavant, je suis tombé sur sa fiche de présentation avec sa photo, j’en avais été impressionné. Son parcours est exemplaire, exceptionnel. Vous êtes bien la mathématicienne ? Lui demandais-je pour m’assurer que c’est elle. « Oui, je suis Joséphine Guidy Wandja », répondit-elle.

Ivoirienne née au Cameroun

Bon, je le confesse, se présenter de la sorte, n’édifiera pas nécessairement ceux qui ne la connaissent pas. La drôle de Dame qui m’apostropha avec dans son sac à main de couleur rouge vif, quelques exemplaires de ces différentes publications livresques, est une mathématicienne ivoirienne née en 1945 au Cameroun, la première agrégée africaine et docteure d’État en mathématiques, la première femme africaine à obtenir un doctorat de 3ᵉ cycle en mathématiques, la première femme africaine professeure de mathématiques dans une université. Elle a de nombreuses publications (lire par ailleurs) à son actif, comme Yao crack en maths, une bande dessinée parue aux Nouvelles éditions africaines (NEA) à Abidjan.

Après avoir grandi au Cameroun, elle arrive en France à l’âge de 14 ans où elle effectue ses études secondaires et supérieures, à Châtellerault puis Paris.

Bardée de diplômes

Joséphine Guidy Wandja obtient son doctorat 3ᵉ cycle de mathématiques pures à l’Université de Paris VII en 1971 pour sa thèse : « Sous les courbes fermées convexes du plan et le théorème des quatre sommets. Le 17 février 1981, elle obtient un doctorat d’État es sciences mathématiques à l’Université Nationale de Côte d’Ivoire avec une thèse intitulée Économie quadratique dont le sujet était : « Modèle de partage équitable ou théorie du chômage » et « Modèles de décision entre investissement en biens durables et épargne en biens fiduciaires », sous la direction de Jean-Pierre Aubin ». En 1991, elle obtient, étant Maître de conférences-chercheur, une bourse Fulbright et part à la Rutgers University aux États-Unis d’Amérique pour préparer un Doctorat d’État en science économique ayant comme sujet : «  la dynamique d’intégration commerciale des pays de l’Afrique subsaharienne : cas de la Zone Franc ». Elle a été maître de conférences de mathématiques à l’université nationale et chargée de cours de recherche opérationnelle et de mathématiques économiques à l’école nationale d’administration.  Ce qui continue à me fasciner, chez Joséphine Guidy Wandja, c’est sa simplicité, sa joie de vivre qui transparaît derrière son sourire naturel, mais aussi, cette impression qu’elle dégage des gens qui ont du temps devant eux. Le temps pour échanger longuement avec moi, du temps pour faire quelques photos avec ceux qui le souhaitent, du temps pour parler non seulement mathématiques, mais de l’actualité, évoquer les souvenirs de son enfance et d’une partie de son adolescence au Cameroun.

Par Jean-Célestin Edjangué

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