Ancien avocat de l’État comorien à la Cour d’assises de Paris dans la procédure criminelle ouverte contre le célèbre mercenaire français Bob Denard, suite à l’assassinat du président Abdallah, et avocat de la famille d’Ibrahim Ali, jeune tué par les colleurs d’affiches du front national à Marseille, en France, il a rejoint le collectif d’avocats d’Ousmane Sonko, leader de l’opposition au président Macky Sall du Sénégal, qui doit être jugé le 30 mars pour diffamation.
« La procédure en diffamation contre un journaliste ou un homme politique soulève rarement autant de passion et d’attention. La dimension internationale prise par la procédure pénale ouverte contre notre client, le Président Ousmane SONKO, chef de l’opposition et candidat déclaré à l’élection présidentielle, est l’expression de la préoccupation légitime et justifiée des peuples d’Afrique de voir un pays africain, modèle d’alternance démocratique, sombrer, glisser dans l’arbitraire. Ce qu’il s’y passe attristent les africains qui ont toujours pris le Sénégal comme modèle ». Me Saïd Larifou, par ailleurs président de l’ONG Waraba d’Afrique, qui œuvre pour l’alternance pacifique par les urnes en Afrique et contre toutes les formes de violences et maltraitances, est préoccupé par le climat social au Sénégal.
« Risque de crime contre la démocratie »
« L’évolution de la situation politique au Sénégal peut entrainer d’autres pays africains à s’inscrire dans une dynamique de changement respectueux de droit et des libertés politiques. La question que l’on est en droit de se poser, qui a intérêt à ce que le Sénégal s’enflamme ? Il y a vraiment une nécessité absolue de tenir une procédure judiciaire en diffamation contre le principal opposant et candidat déclaré à moins d’un an des élections présidentielles ? », s’interroge-t-il, poursuivant : « L’institution judiciaire étant indépendante, nous ne pouvons accepter son instrumentalisation, pour neutraliser notre client. Le climat actuel n’est pas favorable à une justice équitable et sereine. Les morts des militants de Sonko en relation avec le climat politique très tendu au Sénégal sont la preuve du climat de tension et des violences politiques ». Des affirmations qui rejoignent ce que pense une partie de l’opinion nationale sénégalaise et l’opinion internationale. Conclusion de l’avocat et membre de la société civile panafricaine : « Finalement, l’enjeu des procédures judiciaires ouvertes dépassent la personne d’Ousmane Sonko et du Sénégal, étant donné qu’il y a un risque potentiel de crimes contre la démocratie et des morts en relation avec les prochaines échéances électorales ».
Il faut encore attendre le 30 mars, date du jugement d’Ousmane Sonko pour diffamation, pour en avoir le cœur net.
Jean-Célestin Edjangué