Avocat aux Barreaux de Paris et du Cameroun, membre de l’Association des élus de la diaspora camerounaise (EDC), il parle de son intérêt pour l’art, de sa Collection présente à l’exposition « Conversations » à la galerie Mona Lisa, dans le 7 arrondissement de la capitale française et de coopération décentralisée. Passionnant !

Comment vous est venue la passion pour l’art, et pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre collection qui est riche et variée ?

Ma passion pour l’art tire probablement son origine de mon appétence pour le beau, le créatif, l’intuitif et le contemplatif. Mais c’est à l’internat du Collège Sacré Cœur de Makak que ça s’est vraiment cristallisé. Tous ceux qui sont passés par le Juvenat de cet établissement savent que nous avions des enseignements sur les arts, peinture, sculpture, collage, tissage, solfège, entre autres, avec pour obligation de produire une œuvre en 6ᵉ et en 5ᵉ. Cette passion s’est définitivement ancrée en moi à ce moment-là et elle s’est développée. Je dirai aussi que le métier d’Avocat que j’exerce est très en prise avec tout ce qui relève de la création. Quant à ma collection, elle a commencé dans les années 1980, elle couvre plus d’une centaine d’œuvres diverses et variées, avec un accent prononcé sur la peinture et les ouvrages d’art, sur une période qui va des années 1950 à ce jour. Mon principe est simple : chaque fois que j’arrive dans un pays pour la première fois, je m’efforce d’acheter une œuvre, et je complète ensuite au gré de mes moyens et des opportunités. Et comme je voyage beaucoup, cette collection ne peut qu’être variée.  

Les journées du 6 et du 7 juillet 2024 sont consacrées au Cameroun. Pourquoi se focus sur les artistes camerounais ?

Nous sommes une diaspora camerounaise intéressée par tout ce qui concerne le Cameroun, et friande d’art et de culture camerounaise. Nous considérons que nous sommes partis prenante aux programmes mis en place par le Cameroun pour accroitre la participation de la diaspora au développement et rayonnement du Cameroun au niveau du MINREX, et pour développer et valoriser la production des biens et services culturels camerounais au niveau du MINAC, sachant qu’il s’agit d’une préoccupation très importante de tous nos artistes qui ont besoin de visibilité nationale et internationale. Voilà pourquoi, dans le cadre de cette exposition d’art que nous organisons dans le Paris artistique tout au long du mois de juillet, nous avons souhaité mettre un focus sur le Cameroun.

EDC a l’ambition d’aborder de manière différente la coopération décentralisée. En quoi le soutien à la culture peut-il être considéré comme une démarche innovante en matière de coopération décentralisée ?

EDC regroupe la diaspora camerounaise qui a l’expérience d’un mandat électif à l’international, d’ordre professionnel ou politique. Il s’agit de personnalités reconnues par le vote de leurs pairs, qui ont en commun de créer du lien, des ponts et des passerelles tous les jours dans leurs activités, et qui entendent œuvrer dans ce sens avec le Cameroun. Il se trouve que le Cameroun s’est engagé, il y a quelques années, dans un vaste mouvement de décentralisation. La coopération décentralisée s’inscrit dans cette dynamique qui se déploie non seulement au niveau institutionnel des collectivités territoriales, mais aussi et surtout au niveau des communautés elles-mêmes. S’agissant d’un pays aussi diversifié et multiculturel comme le Cameroun, qu’on qualifie d’ailleurs d’Afrique en miniature, et compte tenu de nos multiples identités, la culture et l’art sont les clés de voûte de la cohésion sociale. C’est ce qui nous unit, ce qui crée du lien entre nous. Il nous semble donc nécessaire de soutenir les arts et la culture camerounaise dans un contexte de promotion de la croissance et du développement local. Or, nous savons que la plupart des pays ont émergé et se sont développés à partir de leur identité culturelle, et que l’art est un puissant levier économique, touristique, intellectuel, entrepreneurial, diplomatique et autres. Il y a quelques jours, nous avons rencontré le Ministre de la Décentralisation et du Développement Local de passage en France. Nous lui avons affirmé notre volonté d’apporter notre contribution à partir de projets concrets en direction des Collectivités Territoriales Décentralisées et des Communautés Locales. Les projets culturels et artistiques en font partie, à notre avis.

Recueilli par J.-C. Edjangué

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