Son parcours semé d’embûches ne le dégoutte pas vraiment de la vie. Et pourtant, celui qui est devenu un sans domicile fixe à Abidjan, a connu une vie très heureuse à son arrivée dans la lagune ébrié, en 1979. Rencontre.

« D’où venez-vous, qui êtes-vous, où allez-vous ? ». Le regard malicieux, esquissant un léger rictus accompagné d’un éclat de rire, Dhinn Jean Ranford, un Camerounais d’origine arrivé en Côte d’Ivoire en 1979, se balade de plages aux maquis pour donner quelques instants de joie aux publics et recevoir un peu d’argent pour survivre. Quand nous le rencontrons à Yopougon, un mardi du mois de février 2024, il est avec sa compagne inséparable, sa guitare. « Je m’appelle Dhinn Jean Ranford, artiste-musicien Camerounais. Je suis arrivé en Côte d’Ivoire en 1979, après plusieurs voyages en France, en Angleterre… Je me suis marié en Côte d’Ivoire avec une française, j’ai eu des enfants dans ce pays », raconte celui qui a malheureusement perdu son épouse, décédée, il y a quelques années. Il explique : « La Côte d’Ivoire, c’est ma deuxième patrie. C’est un pays d’accueil, d’hospitalité, un pays où il fait bon vivre. Je me sens Ivoirien dans ma façon de vivre, dans mon comportement quotidien. Entre les Ivoiriens et moi, ça se passe bien ».

 Sans papier, ni domicile fixe

« J’ai été victime d’une agression en bande organisée, mes bourreaux m’ont tout pris, mes papiers d’identité, de l’argent, ils m’ont battu et laissé pour mort. J’ai eu beaucoup de chance de m’en sortir, grâce à un passant qui m’a reconnu alors que je gisais sur le sol plusieurs heures après les faits », confie-t-il, ajoutant : « Je suis allé ensuite à l’Ambassade du Cameroun à Abidjan pour signaler ce que je venais de vivre. La personne qui m’a accueilli m’a demandé de refaire mes papiers. Pour cela, il faut fournir mon acte de naissance, par exemple, document que je n’ai plus. Je vis donc à ce jour, sans identité ». Une situation extrêmement difficile à vivre, comme on peut aisément l’imaginer, et dont Jean Ranford espère en sortir au plus vite. Des contacts ont été renoués avec le service juridique de l’Ambassade du Cameroun à Abidjan dans ce sens. Vivement que cet artiste talentueux et très attachant, entrevoit enfin la lumière du bout du tunnel, après des années de galère qui auraient pu le déshumaniser totalement.

Par J.-C.É. à Abidjan

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