La situation se détend progressivement au pays des hommes intègres après la démission actée du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, hier, dimanche, et la confirmation du capitaine Ibrahim Traoré comme nouvel homme fort à Ouagadougou, en attendant la tenue des Assises des forces vives d’ici à un an.
Nouvelle journée folle, ce dimanche, à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Le lieutenant-colonel Damiba a entériné sa démission pendant que le capitaine Ibrahim Traoré paradait dans les rues de la capitale avec une forte escorte militaire et des manifestants lui témoignaient leur soutien et, parallèlement, des drapeaux aux couleurs de la Russie étaient massivement brandis. Une situation qui rappelle, à bien des égards, ce qui s’est passé au Mali lors du dernier coup d’État. A contrario, des gestes de défiance et même de rejet de la France ont été notés, accentuant par la même occasion l’idée de la perte de l’influence du pays du président Emmanuel Macron au pays des hommes intègres.
Respect des engagements pris devant à la CEDEAO
Dans une interview accordée à nos confrères de rfi, le 02 octobre, le capitaine Traoré, a donné des explications sur les dernières négociations qui ont abouti par la suite à la démission du colonel Damiba. Il est question notamment du souhait de respect des engagements pris devant la CEDEAO et le retour à l’ordre constitutionnel en juillet 2024.« On souhaite que le retour à l’ordre constitutionnel normal se fasse avant même cette date si la situation le présage », a-t-il indiqué. Par ailleurs, le capitaine Traoré a confirmé qu’il est là pour expédier les affaires courantes en attendant la tenue des Assises des Forces vives. « Ces Assises se tiendront et désigneront le futur président de la République, qu’il soit un civil ou un militaire ». Quant à savoir s’il serait lui-même partie prenant du processus pendant et après les Assises, le capitaine Ibrahim Traoré est catégorique : « Pourquoi continuer ? », a-t-il demandé en esquissant un rire, poursuivant « Nous ne sommes pas venus pour continuer, ni pour un but privé. Ce qui nous intéresse, c’est le niveau de sécurité du pays ».
Vandalisme contre des emprises françaises
Dans cet entretien très intéressant, il a aussi été question des dégradations qui ont visé des enseignes françaises, samedi, à Bobo Dioulasso et à Ouagadougou, certains manifestants soupçonnant le colonel Damiba de collusion avec la France. « Il y a un communiqué concernant ces emprises. Il ne s’agit pas seulement des emprises françaises. Mais des dérives de certains manifestants. Je leur demande d’être patriotes(…). Les manifestants peuvent avoir des raisons autres(…). Nous passons des messages, nous communiquons, pour que les gens ne vandalisent pas ». Reste que le capitaine Ibrahim Traoré pense que le Burkina Faso doit multiplier des partenaires pour gagner la lutte contre le terrorisme. « La France est un partenaire, il y a beaucoup d’autres partenaires(…). La Russie est un partenaire comme les autres. On est déjà en partenariat comme vous pouvez le constater. Notre armée utilise beaucoup de matériels russes. C’est déjà un partenaire pour le Burkina Faso ». Et avec la France, souhaite-t-il continuer le partenariat ? « S’il y a une ambassade ici, c’est déjà qu’il y a un partenariat. Peut-être qu’il faut rediscuter les termes du partenariat avec la France. Il y a des choses à améliorer et peut-être qu’il y a des choses à abandonner ».
Par Jean-Célestin Edjangué