Journaliste au quotidien camerounais Le Messager, dont il a par ailleurs en charge le Service Sports, il raconte sa Can 2023, au pays des Éléphants, apprécie l’hospitalité ivoirienne, l’organisation quasi parfaite de la compétition, sans oublier d’analyser la débâcle des Lions Indomptables lors de cette édition. Sans langue de bois.
Bonjour Christian, comment s’est passée la CAN jusqu’ici, en attendant la finale de dimanche 11 février 2024 ?
Bonjour grand-frère, ça s’est très bien passé pour moi. C’est la 7ᵉ CAN de ma carrière, gloire à Dieu, je pense que c’est la plus belle que j’aie vécue en attendant que les autres pays qui abriteront la compétition dans les années à venir me surprennent sur le plan de l’organisation, de l’accueil et de l’hospitalité. Particulièrement à Abidjan, le fait d’avoir baptisé cette CAN « CAN de l’hospitalité », n’est pas un vain mot. Les gens sont chaleureux, ils aiment beaucoup les Camerounais qu’ils appellent les « Continentaux ». C’est le côté chaleureux qui m’a le plus marqué, de l’aéroport jusqu’au lieu d’hébergement et dans les stades avec les confrères, la ferveur autour de l’évènement est extraordinaire. Sur plan organisationnel, sur le plan sportif, c’est une compétition de surprises. On a rarement vécu une CAN qui a déjoué les pronostics où tous les favoris ou presque sont sortis en phase de poules et les miraculés ont été recalés en huitièmes de finales. Sur le plan organisationnel, tout est mis sur pied pour faciliter le travail des journalistes, que ce soit la Caf, les autorités ivoiriennes, ça permet de travailler jusqu’à tardivement au média center et d’être raccompagné au lieu d’hébergement par le car dédié. C’est très agréable et très pratique.
Reste que la gestion de la billetterie est un fiasco total. Non ?
C’est vraiment le point noir qui fait que la CAN 2023, en Côte d’Ivoire, ne mérite pas la mention « Excellent ». Il y a beaucoup de personnes qui ont acheté leur ticket en ligne, mais elles n’ont jamais reçu leur billet d’accès au stade. Il y a eu comme un flou autour de l’attribution du ticket. Les gens ont fait le voyage, parfois de très loin, pour voir et vivre ce spectacle, comme un rêve de gosse. Nombre d’entre eux n’ont malheureusement pas pu réaliser ce rêve. C’est vraiment dommage.
Christian, toi qui suis le football camerounais au quotidien. Comment expliquer l’échec des Lions Indomptables à cette campagne ivoirienne et quel avenir pour cette sélection fanion ?
Le Cameroun a péché sur deux volets au moins. D’abord dans la sélection des joueurs. Beaucoup de sélectionnés n’ont pas eu le temps de savoir l’histoire du Cameroun à la Coupe d’Afrique des Nations et même à la Coupe du Monde de football. Ils ont endossé la tunique vert, rouge, jaune sans vraiment savoir ce qu’elle représente. Il a manqué une case dans la préparation, racontant ce narratif. Deuxièmement, il y a eu comme un flou autour de la sélection elle-même. Et là, j’indexe principalement le Manager-Sélectionneur, qui a brillé davantage par la multiplicité des systèmes de jeu et des onze entrants. Le match contre le Nigéria, le premier but est causé par Gonzalès, qui n’est pas un piètre footballeur. Mais il n’a pas le sang ou le cœur à la compétition parce que face au Nigéria, il fallait peut-être lui faire l’historique des rencontres entre les deux sélections pour qu’il prenne réellement conscience des enjeux. Quant à l’avenir de la sélection des Lions Indomptables, il est plein d’interrogations. C’est vraiment un avenir en pointillé. On sort de la CAN, il faut urgemment en tirer les leçons. Par ailleurs, on n’a rien vu dans le jeu et la réalité, l’exigence de la compétition a fini par le rappeler. Le Cameroun fait partie des équipes qui ont le plus participé à la CAN, et qui est de surcroît quintuple champion d’Afrique. C’est pourquoi il faut absolument faire une analyse froide de notre fiasco et en tirer les conséquences. Le mois prochain, en mars, on entame les éliminatoires de la Coupe du Monde 2026. Les équipes qui sont nos prochains adversaires ont montré ce qu’elles valent. Ce qui ne nous rassure pas beaucoup. Mais on pourra s’en sortir si une autocritique lucide est faite préalablement.
Recueilli à Abidjan par J.-C. Edjangué